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17. mars 2023

Le butor étoilé renaît de ses cendres

Au Royaume-Uni, alors qu'il a frôlé l'extinction à deux reprises, ce héron emblématique refait peu à peu surface. Chez nos voisins anglo-saxons, sa population est passée de 11 individus en 1997 à 228 en 2021.

Un héron de plus en plus rare

C'est la portée jusqu'à laquelle on peut entendre le chant du mâle butoir étoilé.

Beuglement, corne de brume, mugissement ou encore gargouillement guttural, les comparaisons ne manquent pas pour évoquer le chant si caractéristique de son mâle, qui peut s’entendre jusqu’à cinq kilomètres !

Le butor vit dans les zones humides où la végétation est dense car il peut s’y dissimuler. On le reconnait à son plumage brun doré tacheté et rayé de noir. L’oiseau étant très couramment polygame, on évalue la taille de sa population en fonction du nombre de mâles chanteurs et non du nombre de couples nicheurs, comme pour la plupart des espèces de volatiles.

Il y aurait ainsi entre 34 000 et 54 000 mâles chanteurs en Europe, dont la grande majorité est concentrée en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Roumanie et en Biélorussie. En Europe de l’Ouest et du Sud, son aire de répartition est très fragmentée et l’évolution des populations varie selon les pays, mais elle est globalement en déclin. En cause : la destruction des zones humides et en particulier des roselières, une gestion hydraulique inadaptée, la dégradation de la qualité de l’eau, ainsi que l’intensification des modes d’utilisation des marais.

Butor étoilé (Botaurus stellaris) en vol au dessus d'un marais

Protéger l’habitat du butor

Dès la première décennie de son existence, le WWF s’est attaché à préserver les zones humides qui hébergent les butors étoilés et autres espèces remarquables, que ce soit par le biais d’acquisitions foncières, l’appui à des actions de gestion, de concertation ou de sensibilisation à la nécessité de préserver ces écosystèmes aussi fragiles que précieux.

Le WWF contribue notamment à financer la gestion de la Réserve Naturelle Nationale de Chérine, située au cœur de la Brenne et qui, se composant de landes, prairies humides, étangs et bois, demeure l’un des lieux de résidence privilégié du Butor étoilé. C’est d’ailleurs dans cette réserve naturelle qu’en 2017, nous avons soutenu une opération inédite afin de mieux connaître les modes de vie de l’espèce et ainsi de mieux la protéger. Un mâle a été capturé, puis équipé d'un émetteur GPS. Grâce à ce satellite, nous en avons appris beaucoup sur l’espace vital nécessaire à l’oiseau et les conditions propices à sa reproduction.

Butor étoilé tendant le bec vers le haut dans une roselière
Butor étoilé (Botaurus stellaris) chassant dans une roselière en France
Pose d'une bague sur un Butor Etoilé dans la Réserve naturelle de Chérine

Un symbole de réussite

C'est la population de butoirs étoilés recensée en Angleterre en 2021.

En Angleterre, le butor étoilé a failli disparaître deux fois.

Dans les années 1870, l’espèce est déclarée éteinte en raison d’une chasse excessive et de la perte de son habitat, elle-même dûe à l’assèchement des zones humides pour le développement de l’agriculture. Mais au XXème siècle, l’oiseau ressurgit, grâce notamment à la restauration de son milieu naturel, les zones humides. Sa population augmente jusque dans les années 50, où elle s’effondre subitement. En 1997, seuls 11 mâles chanteurs sont rencensés.

Heureusement, suite à une prise de conscience soudaine, un vaste programme de conservation est lancé. Entre 1996 et 2000, un projet européen LIFE permet de restaurer l’habitat de l’espèce sur treize sites. Il s’agit notamment de favoriser l’augmentation du niveau de l’eau, de contrôler la croissance des buissons et d’améliorer le fonctionnement hydrique des étangs et des fossés. Dans la réserve de la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB) de Minsmere (Suffolk), c’est un véritable succès : le nombre de chanteurs passe de deux en 1997 à neuf en 2004.

Entre 2002 et 2006, un second projet LIFE permet la création d’un réseau de roselières favorables pour les butors hivernants et nicheurs. Aujourd’hui, l’espèce est en train de se rétablir progressivement dans le pays. Sa population est ainsi passée de 209 individus en 2019 à 228 en 2021. Au Royaume Uni, le butor étoilé est même devenu l’emblème de la réussite des actions de restauration déployées pour réhabiliter les zones humides.

Puissent les mesures prises en Grande-Bretagne inspirer des pays où le butor étoilé continue de décliner, comme en France, où sa population aurait chuté de 35 à 45% en trente ans

 

Tous les "Effet Panda"

Troupeau de zèbres (Equus burchellii), dans la Réserve Nationale Masai Mara (Kenya)

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