A partir du 5 mai 2018, la France entrera en déficit écologique
Si le monde entier vivait comme les Français, dès le 5 mai, nous aurions déjà consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète peut renouveler en un an, révèle un rapport du WWF France réalisé en partenariat avec le Global Footprint Network. Cette date représente donc le Jour du dépassement écologique de la France.
Si toute l’humanité émettait autant de carbone, consommait autant de terres et d’alimentation, utilisait autant de terrains bâtis que les Français, elle aurait aujourd’hui besoin de l’équivalent de 2,9 planètes Terre pour subvenir à ses besoins. Un résultat bien au-dessus de la moyenne mondiale qui se situe autour de 1,7 Terre.
Le 5 mai, la France sera donc en déficit écologique. Un déficit que nous continuons de creuser d’année en année, en empruntant des ressources naturelles à la Terre, aux autres pays et aux générations futures. Alors que chacun sait qu’il n’est pas soutenable pour un ménage ou pour une entreprise de vivre à crédit, c’est exactement ce que nous sommes en train de faire avec la Planète.
Et le constat est sans appel : si la Planète était une entreprise, elle serait au bord de la faillite. L’érosion du capital naturel et ses conséquences en sont la preuve : déforestation, chute des stocks de poissons, sécheresses, manque d’eau, érosion des sols, perte de la biodiversité et changement climatique. Tous les ans, le WWF travaille avec le Global Footprint Network pour alerter sur les impacts de nos modes de production et de consommation sur la planète à travers le Jour du dépassement mondial.
Pour la première fois cette année, le WWF France a choisi de mettre l’accent sur le Jour du dépassement français pour envoyer un signal fort à un moment politique clef où plusieurs lois et décisions sont attendues dans les domaines de l’alimentation, des mobilités, de l’énergie, de la biodiversité ou encore de la lutte contre la déforestation importée et pourraient permettre à la France de réduire son empreinte écologique.
Depuis 2015, la date du Jour du dépassement de la France a recommencé à se dégrader : signe que la transition écologique n’est pas assez ambitieuse et qu’il est urgent de mettre en place une stratégie de désendettement écologique. Alors que deux tiers de l’empreinte écologique des Français sont dus à leur alimentation, leurs déplacements et la consommation d’énergie de leur logement, il est essentiel d’agir sur ces leviers et revoir nos modes de production et consommation.
Alors que deux tiers de l’empreinte écologique des Français sont dus à leur alimentation, leurs déplacements et la consommation d’énergie de leur logement, il est essentiel d’agir sur ces leviers et revoir nos modes de production et consommation.
Si la transition écologique repose sur l’action et les décisions à venir du gouvernement dans ces domaines, les citoyens, les entreprises et les collectivités ont aussi leur rôle à jouer dans cette transition vers des modes de vies plus durables. Des solutions existent pour produire et consommer différemment et des signaux encourageants nous montrent qu’en France ce changement est déjà à l’œuvre et qu’il est possible d’inverser la tendance :
- En matière de climat, d’énergie et de mobilités, les Français sont prêts à agir aussi à leur niveau, en particulier à travers le tri sélectif des déchets (93% des Français), l’approvisionnement en énergies renouvelables (88% des Français) et le recours à des modes de transport plus durables tels que le vélo, la marche à pied ou les transports en commun (82% des Français).
- Concernant l’alimentation, 70% des Français ont déjà adopté des habitudes de consommation plus durables et sont prêts à aller plus loin, l’agriculture responsable gagne du terrain (+17% des surfaces en agriculture biologique en 2016) et 60% des établissements de restauration collective proposent des plats bio (2016), pour ne citer que quelques exemples .
Face à ce constat, il est inacceptable de continuer à ignorer les limites de la planète, en opposant le développement économique à la protection de l’environnement, car l’épuisement des ressources naturelles menace notre stabilité économique et la survie de l’humanité elle-même. Un projet qui pourrait devenir le symbole de cette incohérence est le projet Montagne d’Or - une mine industrielle en plein cœur de la forêt amazonienne guyanaise qui conduirait au déboisement de l’équivalent de 2161 terrains de foot. Le WWF France demande au gouvernement de ne pas autoriser ce projet qui ne fera que creuser sa dette écologique.
“Alors que le déficit financier de la France s’est réduit en 2017, le déficit écologique, lui, s’est au contraire aggravé. Le paradoxe est spectaculaire : dans le pays qui a vu naître l’Accord de Paris sur le climat, l’empreinte écologique se dégrade depuis 2015. Pourtant, il est possible de faire autrement. Nous savons quelles sont les politiques publiques à mener et nous sommes capables de le faire dans d’autres domaines. C’est une question de volonté politique. Emmanuel Macron a fait de la bonne gestion financière un élément clé de son quinquennat. En fera-t- il autant de la bonne gestion écologique ?” Pascal Canfin, directeur général du WWF France