L’Organisation Maritime Internationale renforce la lutte contre le trafic d'espèces sauvages
Le 13 mai 2022, l’Organisation Maritime Internationale (OMI) a adopté de nouvelles lignes directrices pour la prévention et la répression du trafic d'espèces sauvages à bord des navires de transport maritime international. L'agence spécialisée des Nations Unies envoie ainsi un message fort sur l'engagement international croissant contre le commerce illégal d'espèces sauvages et ses impacts sur la biodiversité mondiale.
Les acteurs concernés doivent s’en saisir, adapter leurs pratiques et renforcer leur coopération pour obtenir des résultats face à des réseaux criminels de mieux en mieux organisés et de plus en plus lucratifs.
Menaçant à la fois la biodiversité, la santé et la sécurité, le trafic d'espèces sauvages est une préoccupation croissante à l'échelle mondiale, qui reste pourtant considéré comme une activité à faible risque mais générant d’importants profits. Les groupes criminels exploitent de plus en plus les faiblesses des chaînes d'approvisionnement pour déplacer illégalement des espèces menacées. Animaux vivants, produits dérivés d’animaux, plantes ou bois, 72 à 90 % des volumes de faune et de flore sauvages illicites sont transportés par voie maritime. Le secteur a donc la responsabilité de s'engager contre cette criminalité transnationale organisée.
Les lignes directrices adoptées par l’OMI représentent une étape essentielle dans la reconnaissance du rôle du secteur maritime dans la lutte contre le trafic d'espèces sauvages. Elles pousseront à l’adoption de politiques soulignant l’importance de la nature et de la préservation de nombreuses espèces parmi les plus menacées au monde.
« L'adoption des lignes directrices de l'OMI est un pas important vers la coopération internationale pour en finir avec les réseaux illégaux qui exploitent les chaînes d'approvisionnement maritimes et accélèrent le déclin de la biodiversité mondiale. », a déclaré Philippa Dyson, coordinatrice de l'Engagement avec le secteur des transports chez TRAFFIC.
En juillet 2021, le WWF et TRAFFIC ont lancé un recueil d’indicateurs de risques relatifs au commerce illégal d’animaux sauvages et de bois dans le transport maritime de conteneurs. Il aborde notamment les enjeux de corruption et fournit des informations pour identifier le trafic de bois et de certaines espèces dont le commerce est interdit ou régulé par la CITES* comme les grands félins, les requins, les rhinocéros ou encore les éléphants. En plus des itinéraires à risque, ce recueil comprend des informations sur les indicateurs typiques d'activités illicites tels que des documents suspects ou des incohérences concernant la valeur, le poids et l'apparence des marchandises transportées. Cet outil fait désormais partie des nouvelles lignes directrices de l'OMI.
« Ces lignes directrices s’adressent aux organismes publics et au secteur privé. Elles visent à servir d'outil contre le trafic d'espèces sauvages, en sensibilisant les acteurs du transport maritime international aux mesures et procédures qu’ils peuvent mettre en œuvre pour faire face à cette activité illégale. Les acteurs concernés doivent s’en saisir, adapter leurs pratiques et renforcer leur coopération pour obtenir des résultats face à des réseaux criminels de mieux en mieux organisés et de plus en plus lucratifs. » souligne Arnaud Gauffier, Directeur des Programmes du WWF France.
Le WWF continuera à s'engager auprès du secteur maritime en apportant son expertise et son soutien en matière de sensibilisation, de formation du personnel, d'adaptation des pratiques du secteur maritime et de plaidoyer.
Chronologie d’un travail de longue date
Les efforts ont débuté en 2020, lors de la 44ème réunion du Comité “Simplification des formalités” (FAL44), sous l'égide de la République du Kenya, et avec le soutien d’un groupe de travail composé du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), du WWF, de TRAFFIC et de la Taskforce Transport de United for Wildlife.
Les lignes directrices ont été officiellement soumises au FAL46 de mai 2022 par le Brésil, la Colombie, l'Allemagne, le Kenya, la Tanzanie, le Comité Permanent Intergouvernemental sur le Transport Maritime (ISCOS), la Chambre Internationale de la Marine Marchande (ICS), le Fonds Mondial pour la Nature (WWF), le Fonds International pour la Protection des Animaux (IFAW) et l'Organisation Internationale de la Police des Aéroports et des Ports Maritimes (INTERPORTPOLICE).
En impliquant des États, des organisations professionnelles, des entreprises, le monde universitaire, des organisations non gouvernementales et intergouvernementales, ce travail de longue date s’est traduit par un large soutien de toutes les parties prenantes en faveur des nouvelles lignes directrices lors du FAL46. C'est la première fois que l'OMI franchit une telle étape dans la lutte contre le commerce illégal d'espèces sauvages, qui exploite le secteur du transport maritime.
*Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d'extinction