Plan national pour la biodiversité : un plan qui lance une dynamique et exige une cohérence dans l'action du gouvernement
Ce mardi 4 juillet 2018, à la sortie du premier Comité interministériel dédié à la biodiversité, le Premier ministre a présenté un plan national pour la biodiversité. Ce portage politique, au niveau du Premier ministre, avec la présence de 12 ministres, témoigne d’une volonté de mobilisation de l’ensemble du gouvernement et de l’ensemble de la société pour créer une dynamique nationale et internationale.
Pour approfondir le sujet :
Objectif : Vie des forêts, Objectif : Vie des océans, Objectif : Vie sauvageDes mesures phares
Au niveau national, le gouvernement fixe un nouvel objectif, ambitieux, de « Zéro plastique rejeté en mer d’ici 2025 »
Parmi la centaine de mesures du plan, il ressort nettement la volonté d’une mobilisation de l’ensemble des acteurs (collectivités, entreprises, monde de l’éducation…) pour la préservation de la biodiversité en France comme à l‘international. En effet, le plan est doté d’un volet européen et international fourni, avec une volonté affichée de hisser la biodiversité au rang de priorité dans l’agenda international d’ici à la conférence de la Convention sur la Diversité Biologique qui aura lieu en Chine en 2020 (G7, G20, agenda de l’action mondial…).
La France portera aussi des initiatives au niveau européen et international en faveur des espèces marines. D’abord une modification de la réglementation européenne sur les importations de crevettes tropicales pêchées au chalut (elles devront être pêchées avec un système qui évite les captures accessoires de tortues – ce que font déjà nos pêcheurs en Guyane) ce qui permettra de préserver environ 30 000 tortues marines par an. Ensuite la création d'une Zone Maritime Particulièrement Vulnérables en Méditerranée pour mieux protéger les cétacés.
Au niveau national, le gouvernement fixe un nouvel objectif, ambitieux, de « Zéro plastique rejeté en mer d’ici 2025 », s’engage à assurer la transparence sur les achats de pesticides au niveau communal ou infra-départemental, annonce la création de 20 réserves naturelles nationales, s’engage à protéger 100% des récifs coralliens d’ici 2025 sachant que la France détient 10% des récifs coralliens du monde... Il affiche une volonté politique forte de lutter contre l'artificialisation des sols avec un objectif "zéro artificialisation nette", même si on peut regretter qu'aucune date ne soit fixée.
La consolidation de mesures déjà annoncées
Un certain nombre de mesures déjà annoncées sont reprises dans ce plan contribuant ainsi à les consolider:
- l’objectif de 15% de surface en bio en 2022,
- l’interdiction de tous les néonicotinoides et dérivés ainsi que la fin du glyphosate,
- l’introduction de deux ourses dans les Pyrénées-Atlantique etc.
Des moyens encore insuffisants
Ces objectifs ne pourront être atteints ni ces mesures mises en œuvre sans moyens supplémentaires. Les quelques 150 M€/an annoncés constitue une avancée qui reste insuffisante. Des marges de manœuvre auraient pu être dégagées grâce à la réorientation des subventions dommageables à la biodiversité.
Un impératif de cohérence
Pour que ce plan soit à la hauteur des enjeux, outre les moyens financiers qui doivent être alloués dès la loi de finances 2019, il faut des gages concrets très rapidement avec un point d’étape en 2019, avec un portage politique fort sous la forme d’un deuxième comité interministériel.
Sans attendre, le gouvernement a un impératif de cohérence, à commencer par l’arrêt du projet Montage d’Or en Guyane.