Pour un thon rouge de Méditerranée durable et traçable
Alors que vient de s’ouvrir la grande saison de pêche du thon rouge de Méditerranée, le WWF et la Fondation Prince Albert II de Monaco lancent un appel à ne pas commettre à nouveau les erreurs du passé qui avaient amené le stock au bord de l’effondrement.
Les deux organisations appellent pêcheurs et distributeurs au-delà du strict respect des mesures de gestion prévues, à s’engager rapidement sur la voie de la certification. « Certes les premiers signes de reconstitution du stock sont encourageants, mais nous ne devons pas oublier que la décision d’augmenter le quota de pêche l’an passé ne s’est pas basée sur l’évaluation approfondie du stock. Cette évaluation aura lieu en 2016 et nous pourrons alors donner un avis basé sur des résultats scientifiques plus robustes qui manquent encore à ce jour », indique le Dr. Gemma Quílez-Badia, Chargée du Projet Thon Rouge au WWF Méditerranée. La dernière réunion de la CICTA (ICCAT) a décidé de l’augmentation du quota de capture d’environ 20% par an, passant de 13 500 tonnes en 2014 à 16 142 tonnes en 2015 et 19 296 tonnes en 2016. Le WWF et la Fondation Prince Albert II de Monaco restent préoccupés par une mesure peut être trop hâtive. En effet, il reste encore de nombreuses failles dans le système de traçabilité de cette pêcherie, particulièrement au niveau des fermes d’engraissage.
Peut-on consommer à nouveau du thon rouge de Méditerranée ?
« Dès 2009, les restaurateurs de la Principauté de Monaco, sensibilisés par la dynamique impulsée par la Fondation Prince Albert II pour la préservation du thon rouge ont montré l’exemple en enlevant cette espèce de leur carte. Nous les incitons à garder le cap en diversifiant leur offre, notamment en proposant aux consommateurs des espèces dont la pêcherie est durable. Ces espèces sont identifiées dans les listes de Mr Goodfish dont nous coordonnons le programme pour la façade méditerranéenne. Pour le thon rouge, nous leur proposons d’attendre qu’il soit labellisé, seule preuve de sa durabilité. La Fondation Prince Albert II travaille en ce sens aux côtés du WWF » a ajouté le Dr. Philippe Mondielli, Directeur Scientifique de la Fondation du Prince Albert II de Monaco.
La seule manière objective de savoir si un thon rouge provient d’une pêcherie durable et traçable est d’obtenir une certification, telle que celle proposée par le MSC. Cette certification n’est pas encore en place pour le thon rouge, mais le WWF et la Fondation du Prince Albert II de Monaco pensent que certaines pêcheries pourraient être prêtes pour une telle certification et encouragent pêcheurs et distributeurs à s’engager dans cette voie.
« L’avenir du thon rouge passe désormais par un engagement clair des pêcheurs, distributeurs et consommateurs pour garantir la complète récupération de la population sur le long terme. Le WWF et la Fondation Prince Albert II de Monaco encouragent l’ensemble des acteurs à poursuivre leurs efforts et conseillent aux restaurateurs comme aux consommateurs de privilégier les espèces qui sont pêchées d’une façon durable et traçable », a conclu Gemma Quílez-Badia.