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08. avril 2021

Les baleines bleues de retour en Antarctique

Le rorqual bleu fréquente à nouveau les eaux entourant l’île sub-antarctique de Géorgie du Sud, près de cent ans après avoir frôlé l’extinction à cause de la chasse industrielle !

Un géant vulnérable

Entre 1926 et 2018, la population de baleines bleues (Balaenoptera musculus) est passée de 125 000 à 3 000.

C’est tout simplement la plus grosse bête du monde animal. Également appelé rorqual bleu, ce mammifère marin affiche des mensurations hors norme. Il peut mesurer plus de 30 mètres de long et peser jusqu’à 170 tonnes. La taille de son cœur serait à peu près équivalente à celle d’une voiture. Pour satisfaire ses besoins, durant l’été, pendant la principale saison d'alimentation, la baleine bleue ne consommerait pas moins de 3600 kg de krill par jour ! Mais ce glouton est aujourd’hui en danger. La population de baleines bleues en Antarctique a été considérablement réduite par la chasse commerciale qui a commencé en Géorgie du Sud (Atlantique Sud) en 1904. 

Pendant près d’un siècle, les hommes ont méthodiquement massacré le géant des mers pour son huile qui servait à éclairer les villes, lubrifier les machines, fabriquer la margarine, le maquillage ou le savon. Malgré la protection juridique de la Commission baleinière internationale dans les années 60, la chasse illégale s'est poursuivie jusqu'en 1972. D'environ 125 000 individus en 1926, les effectifs ont été réduits à environ 3 000 individus en 2018. Elles sont désormais classées  en « danger critique d'extinction » sur la Liste rouge de l'UICN. Pourtant, elles sont à la tête de la chaîne alimentaire et sans elles, les écosystèmes marins seraient complètement bouleversés…

Une baleine bleue (Balaenoptera musculus) plonge dans l'eau. On ne voit que sa queue.

Pendant près d'un siècle la Baleine bleue (Balaenoptera musculus) a été chassée par les hommes pour son huile.

Un moratoire sur la chasse

Le WWF a lutté dès sa création en 1961 pour l'instauration d'un moratoire et d'un encadrement sévère autour des baleines. Combat remporté car en 1986 un moratoire suspendant toute chasse commerciale est adopté ! Malgré cette mesure, trois pays continuent à chasser les baleines à des fins commerciales (la Norvège, le Japon et l’Islande). Nous continuons donc de faire pression pour que le moratoire soit appliqué plus fermement.

En parallèle, parce qu’on ne protège bien que ce que l’on connaît bien, le WWF mène des actions d’observation et de suivi scientifique sur le terrain. Lancé en 2016, le projet WHERE, notamment, explore la distribution spatiale et l’habitat des baleines à bosse sur l’ensemble de l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie. Nous effectuons également des prélèvements (biopsies) qui nous permettent de récolter des informations infiniment précieuses. Au-delà du niveau de contamination des espèces par les polluants de type PCB ou les produits organochlorés qui demeurent persistants dans l’organisme, nous réussissons désormais à déterminer le sexe des individus et à reconnaître chacun d’entre eux avec certitude d’une année à l’autre. 

Un bateau de recherche du WWF est au milieu du golfe du Corcovado.

Pour protéger les baleines bleues (Balaenoptera musculus), le WWF mène des actions d’observation et de suivi scientifique sur le terrain.

Quand les baleines réapparaissent

Récemment pas moins de 55 baleines bleues (Balaenoptera musculus) ont été repérées dans les eaux entourant la Géorgie du Sud.

Il y a quelques mois, nous nous réjouissions de la formidable rémission des baleines à bosse. Leur population, que la chasse commerciale avait décimée, semble en effet se reconstituer, peu à peu. Elle aurait même retrouvé 93% de ses effectifs. Après ce rétablissement plus que prometteur, c’est au tour d'un autre cétacé de faire son grand retour : la baleine bleue. Une récente étude publiée dans la revue Endangered Species Research mentionne ainsi des effectifs inattendus de l’espèce au sud de l’océan Atlantique dans les eaux entourant la Géorgie du Sud. En quelques jours, une équipe de biologistes a ainsi identifié pas moins de 55 baleines bleues dans la zone. Du jamais vu depuis la fin de la chasse commerciale !

Pour les chercheurs, cette abondance inhabituelle est de bonne augure, laissant même présager un retour progressif de l’espèce en Géorgie du Sud. A priori, le rorqual bleu a profité de l’interdiction de sa capture en 1966 pour revenir dans la zone. On ignore encore pourquoi il a fallu plusieurs décennies au cétacé pour revenir dans ces eaux, pourtant riches en krill, sa proie de prédilection. Au sein d'une population, les baleines se transmettent diverses pratiques, comme les techniques de vocalise ou de chasse mais aussi des informations clés, telles que les lieux où se trouvent les meilleures zones d'alimentation. Il est ainsi possible qu'il y ait eu tant de baleines tuées en Géorgie du Sud que cela ait provoqué une perte de mémoire culturelle dans la population. Autrement dit, qu'elles aient oublié que la région était une zone d'alimentation et qu'elles viennent seulement de la redécouvrir.

Tous les Effet Panda

Rorqual commun (Balaenoptera physalus)

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