Endiguer le braconnage en Afrique
Le projet Africa-TWIX, soutenu par le WWF, cherche à promouvoir le partage de l’information et la coopération entre les différents organismes de contrôle, à l’aide d’un outil internet (Africa-TWIX), dans le but de réduire le braconnage et le commerce illégal des espèces végétales et animales sauvages en Afrique. Une approche pilote est actuellement menée dans huit pays d’Afrique Centrale avant d’étendre le projet à d’autres pays sur le continent.
Pour approfondir le sujet :
Bassin du Congo, Criminalité, Objectif : Vie sauvage, Projets, Rhinocéros, Wildlife Crime Initiative, ÉléphantLe braconnage, fléau du continent africain
L’explosion du braconnage
Le braconnage des rhinocéros en Afrique du Sud a augmenté de plus de 9 000% en sept ans. Le nombre de rhinocéros braconnés est ainsi passé de 13 en 2007 à 1215 en 2014, en Afrique du Sud. En 2019, 595 rhinocéros ont été abattus dans ce même pays, portant ici à 4620 le nombre de rhinocéros tués depuis 5 ans.
Le braconnage est l'une des principales menaces pesant sur les espèces sauvages menacées. Ces espèces (incluant leur parties et produits) braconnées peuvent se retrouver dans le commerce illégal, qui au niveau mondial constitue (en valeur) le quatrième trafic transnational. Le continent africain est encore particulièrement touché par le braconnage. A titre d’exemple, entre 20 000 et 30 000 éléphants sont tués chaque année en Afrique, soit en moyenne, trois éléphants tués toutes les heures. Les populations d’éléphants de forêt du Bassin du Congo se sont effondrées de 62% de 2002 à 2011 principalement du fait du braconnage, de même que les populations de gorilles, notamment celles des gorilles des plaines de l’Ouest qui ont probablement déclinées de plus de 60% au cours des 20-25 dernières années.
La lutte contre le braconnage et le commerce illégal des espèces sauvages menacées est décisive pour garantir la protection de nombreuses espèces de mammifères ou d’oiseaux africains, tels que les rhinocéros, éléphants, grands singes, pangolins ou perroquets. Elle doit s'accompagner d'une application effective de mesures contraignantes ainsi que de la mise en œuvre de procédés innovants. Le WWF est engagé dans plusieurs initiatives au premier rang desquelles la Wildlife Crime Initiative, lancée en 2014 avec TRAFFIC, le réseau de surveillance du commerce des espèces sauvages.
Coopérer pour assurer une meilleure protection
Bien que toujours en développement, le système Africa-TWIX a déjà fourni aux utilisateurs une base de données et une liste de diffusion électronique servant de plateforme pour échanger des informations, des expertises et de l’expérience sur l’application des lois sur la faune et la flore sauvages dans (et entre) les 8 pays qui utilisent déjà le système.
Le partage de l’information et la coopération au sein et entre les services d’application des lois et de gestion des espèces sauvages, et au sein et entre les pays, sont essentiels pour lutter efficacement contre la criminalité transnationale organisée. L’importance de cette coopération est affirmée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) qui recommande aux autorités de gestion de coordonner leurs activités de formation et d’organiser des réunions conjointes avec les organismes gouvernementaux responsables de l’application de la CITES afin de faciliter l’échange d’informations (Conf.11.3 [CdP18] « Application de la Convention et lutte contre la fraude »).
Le système « Africa-TWIX » est un outil Internet mis au point par le WWF et TRAFFIC pour faciliter l’échange d’informations et la coopération entre les autorités de gestion et de contrôle de la CITES. L’initiative s’inspire des succès d’un système similaire en Europe, EU-TWIX (European Union – Trade in Wildlife Information eXchange), créé en 2005. L’objectif est de promouvoir le partage de l’information, de l’expérience et de la coopération au sein et entre les organismes chargés de la mise en œuvre des lois forestières et fauniques et des cadres réglementaires aux niveaux national, régional et international en Afrique centrale, et ceci afin de renforcer la lutte contre le braconnage et le commerce illégal d’espèces menacées.
Africa-TWIX, un outil innovant au service de la protection des espèces
Premiers succès au rendez-vous !
Quelques mois après son lancement, 149 utilisateurs avaient déjà échangé en temps réel plus de 1200 messages sur des saisies d’espèces sauvages. Ces échanges ont, à ce jour, abouti à l’ouverture de quatre enquêtes internationales sur les saisies d'ivoire et les écailles de pangolins.
Africa-TWIX est en cours d’expérimentation dans huit pays d’Afrique centrale (Cameroun, Congo, Gabon, RDC, République centrafricaine, Tchad, Rwanda et Burundi) mais sera progressivement étendu à d’autres pays du continent africain. Ce projet soutient et contribue notamment à la mise en œuvre de plusieurs déclarations et recommandations régionales et internationales, parmi lesquelles la Stratégie de l’UE pour la conservation des espèces sauvages en Afrique, la Stratégie de l’Union Africaine (UA) sur la lutte contre l'exploitation illégale et le commerce illicite de la faune et de la flore sauvages en Afrique ou encore la CITES.
Le WWF s’engage dans le développement et l’opérationnalisation de cet outil innovant en organisant des formations à l’utilisation d’Africa-TWIX permettant de renforcer les capacités des officiers en charge de l’application de la loi relative au commerce des espèces sauvages. Le WWF milite également pour l’augmentation du nombre d’agents de contrôle et de lutte contre la fraude engagés dans ce système et assure la promotion du système dans d’autres pays de la région. Enfin, le WWF soutient parallèlement les gouvernements africains dans le développement de politiques et de solutions de long terme permettant de lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages.