Déforestation importée : arrêtons de scier la branche !
La France a potentiellement contribué à déforester 5,1 millions d’hectares au cours des cinq dernières années. D'après l'étude déforestation importée du WWF France, en 50 ans, nous avons probablement déforesté une surface équivalente à la superficie de la France métropolitaine, ailleurs dans le monde.
En 50 ans, nous avons potentiellement déforesté une surface équivalente à la superficie de la France métropolitaine, ailleurs dans le monde.
Au cours des cinq dernières années, la France a potentiellement contribué à déforester 5,1 millions d’hectares, soit environ deux fois la superficie de la Bretagne, à travers ses importations de 7 matières premières (soja, cacao, bœuf & cuir, huile de palme, caoutchouc naturel, bois et pâte à papier). Cela signifie qu’en 50 ans, nous avons potentiellement déforesté une surface équivalente à la superficie de la France métropolitaine, ailleurs dans le monde.
Voici le constat alarmant d’une nouvelle étude publiée aujourd’hui par le WWF France, qui dresse pour la première fois un état des lieux du risque de déforestation associé aux importations françaises.
Les produits que nous consommons au quotidien, comme la viande, les œufs et les produits laitiers (qui contiennent indirectement du soja utilisé pour nourrir les animaux), le diesel (huile de palme), le chocolat (cacao) ou les pneus (caoutchouc naturel), peuvent donc avoir un impact à des milliers de kilomètres, en détruisant des forêts, en déplaçant des populations et en supprimant les services rendus par les forêts (qualité de l’eau, stockage de carbone, etc.). Pour ces quatre matières premières, plus de la moitié des surfaces nécessaires à leur production sont potentiellement déforestées, notamment au Brésil, Argentine, Indonésie, Malaisie et Côte d’Ivoire.
La France doit donc faire preuve de cohérence entre ses engagements pour la biodiversité et ses politiques en matière d’agriculture et de déforestation importée.
Réduire ensemble l'empreinte déforestation importée
C'est le pourcentage de populations de vertébrés sauvages disparues depuis 1970 d'après le Rapport Planète Vivante 2018.
La déforestation est également l’une des principales causes de disparition des espèces, en détruisant et en fragmentant les espaces qui abritent la biodiversité, notamment en Amérique du Sud, où nous avons perdu 89% des populations de vertébrés sauvages depuis 1970, comme l’a récemment révélé le Rapport Planète Vivante 2018 du WWF.
Alors que la France est signataire de plusieurs déclarations internationales visant à mettre fin à la déforestation des chaînes d’approvisionnement agricoles et forestières, il est indispensable que le gouvernement et l’ensemble des acteurs français agissent concrètement pour réduire l’empreinte déforestation importée de la France.
L'adoption de la SNDI
La création d'un label grand public garantissant l'absence de déforestation ou la fin des avantages fiscaux aux agrocarburants issus de la déforestation en France sont des engagements cohérents en faveur de la biodiversité.
Si le WWF France salue la volonté du gouvernement d’adopter une Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée (SNDI), qui devrait être rendue publique prochainement, il appelle notamment :
- Les pouvoirs publics à :
- Décliner de façon opérationnelle cette stratégie en définissant un plan d’actions avec des objectifs quantifiables et vérifiables et des moyens financiers;
- Supprimer dans le projet de loi de finances 2019 l’avantage fiscal dont bénéficient les agrocarburants ayant un fort impact sur l’environnement;
- Mettre en œuvre l’action 57 du plan biodiversité visant à une politique “zéro déforestation dans les marchés publics” en 2022;
- Soutenir la création d’un label “zéro déforestation”.
- Les entreprises à :
- Prendre et tenir des engagements d’approvisionnement “zéro déforestation” sur l’ensemble de leur chaîne de valeur ;
- Agir en urgence puisqu’une grande partie des grandes entreprises a déjà pris des engagements zéro déforestation à l’horizon de la fin 2020 pour lesquels il reste à peine 500 jours.
- Les investisseurs publics et privés à :
- Investir dans la réhabilitation de terres dégradées pour l’agriculture ou la foresterie;
- Se doter de politiques d’investissements qui excluent la déforestation et à mesurer leur exposition au risque déforestation.
- Les consommateurs, à consommer autrement (moins de viande par ex.) et à privilégier les produits certifiés (Bio, FSC, etc.).