Exploitante malaisienne d'huile de palme (Malaisie)

Malaisie : accompagner les petits exploitants d’huile de palme vers de meilleures pratiques

Présente dans de très nombreux produits alimentaires et cosmétiques, l’huile de palme contribue à la déforestation des régions tropicales et notamment en Indonésie et en Malaisie. Si les gros industriels commencent à prendre conscience de la nécessité d’améliorer leurs pratiques, pour les centaines de milliers de petits producteurs la tâche est plus complexe. Le WWF agit donc en les accompagnant sur le chemin de la certification. 

La Malaisie, principal producteur d’huile de palme

Evolution des surfaces produites par les petits producteurs de palmiers à huile en Malaisie (millions d'hectares)

Petits producteurs
Plantation industrielles

En 20 ans, la part des surfaces de palmiers à huile produits par les petits exploitants en Malaisie a été multipliée par 5.

Première huile végétale produite au monde, l’huile de palme est omniprésente dans notre quotidien. De nombreux produits de grande consommation comme les aliments, les cosmétiques, les peintures et les agrocarburants, en contiennent. Plus de 85% de cette huile est produite par l’Indonésie et la Malaisie. Sur le territoire malaisien, la surface des palmeraies ne cesse de s’accroître : elle est ainsi passée de 3,34 millions d’hectares en 2000 à plus de 5,9 millions d’hectares en 2019. Par ailleurs, la part de surface allouée aux petits exploitants d’huile de palme a explosé sur la même période. Si en 2000 ils possédaient 9,6% des surfaces plantées, ils en possédaient 14% en 2011 et 28% en 2019. 

L’huile de palme joue un rôle économique majeur dans ces régions. Sa récolte nécessite une main-d'œuvre importante, elle constitue donc pour les populations rurales une opportunité de sortir de l’extrême pauvreté. C’est ce qui explique l’augmentation de la proportion de petits exploitants.

Face à ces enjeux sociaux et aux menaces écologiques d’une production non soutenable, le WWF Malaisie a créé le programme Huile de Palme Durable. L’objectif est de réduire l’impact de cette industrie et d’aider les producteurs à obtenir la certification RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil) pour une production d’huile de palme responsable. Mais il reste de grands défis à relever : développer les infrastructures, renforcer les petits exploitants, les former, mettre à jour l'information etc. Il faut donc aller plus loin dans la structuration de la filière.

Fruits de palmier à huile

Fruits de palmier à huile

Des pratiques peu durables

Un fléau pour la forêt

L'huile de palme serait responsable de 90% de la déforestation en Malaisie.

Face à une demande en constante progression, la production d’huile de palme croît, et ce, souvent au détriment des écosystèmes naturels. Les plantations se font aux dépens de denses et luxuriantes forêts vierges, désormais sévèrement touchées par la déforestation, ainsi qu’au détriment des tourbières, écosystèmes stockant d’importantes quantités de carbone.

Au cours des deux siècles derniers, 90% des forêts malaisiennes et indonésiennes ont été détruites, notamment à cause de l’exploitation du palmier à huile. Cette dernière empiète sur l’habitat naturel de très nombreuses espèces comme les orangs-outans, les éléphants ou les rhinocéros, aujourd’hui extrêmement menacés.
 
Il est ainsi estimé que l’implantation du palmier à huile pourrait entraîner une diminution de 99% de la diversité des arbres et de 90% la diversité des populations de mammifères. En outre, l’expansion des activités de production d’huile de palme et les pratiques agricoles qu’elles engendrent ont accru la pollution des sols, des eaux et de l’atmosphère. En 2015, la pratique de la culture sur brûlis a occasionné la production de nuages de fumée, impactant ainsi la santé de milliers de personnes pendant plusieurs semaines. Décimées, les forêts et tourbières ne peuvent plus exercer leur fonction de stockage de carbone, les gaz à effet de serre sont désormais relâchés dans l’atmosphère.
 

Plantation d'huile de palme (Malaisie)

Construire un marché durable avec les petits exploitants

Conscient de l’impact écologique et économique de la production d’huile de palme, le WWF agit activement pour que les petits exploitants accèdent au marché de l’huile de palme durable. Ainsi, en collaboration avec une association locale, nous avons lancé en 2015 un vaste projet, dans la région de Sabah (située au Nord-Est de l’île de Bornéo), où de nombreuses initiatives en lien avec l’huile de palme et la reforestation ont déjà été menées. 

L’objectif premier est d’encourager les petits exploitants à obtenir la certification RSPO. Pour cela, nous soutenons une association locale qui coordonne et maintient les relations entre les différents acteurs concernés et les groupes d’exploitants. Nous organisons également des formations et partageons nos connaissances afin que de meilleures pratiques de production et de gestion soient adoptées dans les plantations. À ce jour, 712 exploitants ont obtenu la certification RSPO contre 276 en 2017. 

Par ailleurs, le projet devrait permettre de mettre en place une chaîne d’approvisionnement en huile de palme responsable certifiée RSPO physiquement séparée de l’huile de palme non certifiée vers l’Europe. À ces fins, un système de traçabilité des produits certifiés RSPO devrait voir le jour afin de permettre de suivre l’huile de palme depuis les petits planteurs soutenus dans le cadre du projet, jusqu’au produit fini.

 « Grâce aux rendements élevés de la production d’huile de palme, nos vies ont changé. Les ventes constantes de notre production nous ont permis d’envoyer nos enfants à l’école. »

Pour l’heure, les bénéfices du projet se font déjà ressentir sur les populations de la région du Sabah. Les petits producteurs ont amélioré leur productivité et ont donc vu leurs revenus augmenter grâce à la certification. Cette sécurisation des revenus rejaillit sur l’ensemble de la communauté. Les enfants ont retrouvé le chemin de l’école. La filière étant mieux structurée, une dynamique s’est créée au sein des villages. Concertation et formations techniques encouragent les échanges, ces derniers étant plus rares lorsque les exploitants travaillent chacun de leur côté. Enfin, les droits des exploitants et des communautés riveraines sont mieux respectés car la certification l’exige. 

À terme, ce projet devrait démontrer l’engagement commun des consommateurs et des petits exploitants pour le respect des écosystèmes. Le développement du projet devrait permettre d’élargir le nombre d’exploitants certifiés et d’augmenter la productivité sur les parcelles déjà existantes, en plus de générer des revenus supplémentaires pour les petits exploitants. 
 

Femme récoltant ses légumes, qui ont poussé grâce à un système d'irrigation goutte à goutte, dans le cadre du programme du WWF Chemi Chemi Dry Land Women's Farming (Kenya)

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