Un kit de survie pour les fêtes

Le réveillon approche, voici venu le temps des retrouvailles autour d’un bon repas. Mais aussi incontournable que le sapin ou la bûche, voilà que l’éternel débat sur la vacuité de l’écologie s’invite à table. Pas de panique, on vous a concocté un kit de survie sur mesure pour affûter vos arguments et faire taire les idées reçues.

« La viande, c’est la santé ! »

Les apports nutritionnels de la viande, dont les protéines, sont présents dans la plupart des autres aliments : poisson, produits laitiers, légumes, céréales, etc. On peut donc réduire sa consommation de viande sans souffrir de carence et mieux choisir celle que l’on s’autorise à manger. Le climat, tout comme notre organisme, nous en sauront gré.

Jamais nous n’avons produit, ni consommé autant de viande. Dans l’imaginaire collectif, les produits carnés demeurent synonymes de richesse en protéines et donc de « bonne santé ». 

Pourtant, les protéines végétales contiennent toutes les 20 acides aminés dont notre organisme a besoin, y compris les 8 acides aminés essentiels. L'augmentation du nombre de menus sans viande ni poisson ne modifie pas l'équilibre nutritionnel des enfants, à condition qu'il soit équilibré et que l'offre végétarienne prenne mieux en compte l'intérêt des apports en légumineuses et en céréales complètes. 
A l'inverse, une consommation excessive d’acides aminés soufrés, qui sont présents en plus grande quantité dans les protéines animales, est associée à un risque plus élevé de maladies cardiométaboliques selon l’Anses.

Par ailleurs, pour satisfaire la demande, cette production massive de produits carnés a de lourdes conséquences sur l’environnement. Plus de 80% de la surface agricole mondiale est mobilisée par la consommation de viande et de lait. En France, près des 3/4 des émissions sont liées à l’agriculture, dont presque la totalité (97%) est issue des activités d’élevage.

Pour notre santé, comme pour celle de la planète, il est important de réduire notre consommation de produits carnés.
Notre rapport “Vers une alimentation bas carbone, saine et abordable” montre qu’une famille française de 4 personnes peut réduire de 38% l’impact carbone de son panier hebdomadaire et de 21% son coût (de 187€ à 147€ par semaine). 
Pour ça il faut réduire notre consommation de :

  • viande (- 31%) 
  • poissons sauvages (- 40%), 
  • produits transformés industriels, gras, salés et sucrés (-69%) 
  • produits à base de farines raffinées (pâtes, pain, etc.) au profit de farines complètes (-46%) 
  • Et augmenter la part de légumes, céréales et légumineuses (95%). 

Le conseil en plus : téléchargez notre application We Act for Good pour découvrir plein de recettes végétariennes et des conseils pour vous aider à réduire votre consommation de produits carnés !
 

« C’est pas la voiture qui pollue le plus ! »

L’avion est le mode de transport qui émet le plus de CO2 par passager mais la voiture est le moyen de locomotion le plus utilisé, elle totalise plus de 50 % des émissions françaises du secteur des transports et 16% des émissions globales du territoire français, loin devant les autres modes de déplacement ! Pourtant, la moitié des trajets effectués en voiture concerne des trajets de moins de 5 kilomètres, une distance relativement courte qui pourrait, dans la plupart des cas, être parcourue à vélo ou en transports en commun…

Selon un rapport du Haut Conseil pour le Climat, les transports, tous modes confondus, sont responsables de 31% des émissions de gaz à effet de serre, devant les bâtiments, l’agriculture et les transports.

Le transport routier se positionne en tête de file des émissions du secteur avec une part de plus de 90% des émissions de GES (voitures, poids lourds, véhicules utilitaires confondus). Il est suivi par l’aérien (4% pour les vols intérieurs, les vols internationaux n’étant pas comptabilisés dans l’inventaire national des émissions), les transports collectifs (3%) et les autres modes de transport (3% pour le ferroviaire, maritime).

Notre étude L’impact écrasant des SUV sur le climat montre que la voiture, à elle seule, représente plus de 50% des émissions du secteur des transports. Dans ce paysage là, les SUV sont de loin les voitures les plus polluantes. Par rapport à une voiture standard, un SUV émet 20% de plus de CO2. C’est un véritable problème car les ventes de SUV ont été multipliées par 7 dans l’hexagone et représentent près de 40% des ventes de voitures neuves.

La conversion d’un véhicule thermique en véhicule électrique apporte une réponse aux enjeux du secteur du transport routier. Sur l’ensemble de son cycle de vie, de sa fabrication à sa fin de vie, une citadine électrique émet trois fois moins de gaz à effet de serre qu'une citadine thermique. 

Sources : 

« Les énergies renouvelables ne peuvent pas couvrir la totalité de nos besoins. »

Négawatt, l’AIE, l’ADEME ou encore le CIRED, tous les scénarios et études convergent. D'ici 20 ans, en combinant les énergies éolienne, hydraulique, solaire, biomasse on pourrait remplacer les énergies fossiles qui s'épuisent et produisent des gaz à effet de serre. On couvrirait ainsi la totalité des besoins énergétiques de la planète.
 

C’est une question qui a suscité beaucoup de débats. Comment pouvons-nous fonctionner uniquement avec des énergies renouvelables et sécuriser l’approvisionnement en énergie à tout moment, alors que certaines d'entre elles reposent sur des flux variables (soleil, vents, courants marins…) ? 

Les scientifiques, les grandes institutions de l’énergie et les opérateurs de réseaux sont désormais unanimes : OUI, il est possible de répondre à nos besoins sans recourir aux énergies fossiles, en fonctionnant uniquement avec un mix composé d’énergies renouvelables variables (solaire, éolienne, énergies marines) et pilotables (biomasse, hydroélectricité).

Premièrement, les énergies variables basées sur des flux (éoliennes et solaires), sont prévisibles et s'accompagnent du foisonnement de leur emplacement sur tout le territoire européen. Ensuite, il existe de nombreuses sources d’énergies renouvelables qui sont pilotables (actionnables lorsqu’on le souhaite), comme la biomasse qui produit du gaz ou de la chaleur, les barrages et les stations de transfert d'énergie par pompage. Dans ces stations, lorsqu’il y a du soleil, ou du vent, l’eau est remontée dans les lacs. Puis, en fonction des besoins en énergie du pays, l’eau redescend et actionne une turbine pour produire de l’électricité. 

Ensuite, l’hydrogène et le gaz peuvent être « fabriqués » à partir de l’électricité excédentaire, puis stockés pour être utilisés lors des pics de consommation.

Enfin, la demande en énergie peut aussi être adaptée à la production d’énergie. Les véhicules électriques peuvent par exemple être programmés pour se charger la journée lorsqu’il y a du soleil comme nous le faisons déjà aujourd’hui avec les ballons d’eau chaude la nuit. 

Sources : 

« Ce n’est pas la France qui émet le plus de C02 »

Certes, notre pays ne représente que 1% des émissions mondiales de CO2, tandis que 29% sont imputables à la Chine. Mais une bonne partie des émissions de la Chine provient de la fabrication de produits destinés à l’exportation… notamment dans l’Union Européenne, son premier partenaire commercial ! Si dans l'hexagone, les émissions produites sur le territoire national ont diminué de 30% depuis 1995, les émissions importées ont, elles, augmenté, de 78%.

La France est responsable de 1% des émissions de CO2 dans le monde. Compte tenu du fait qu’elle héberge 1% de la population mondiale, la France revêt le profil d’un pollueur « moyen ». En comparaison l’Afrique, qui représente 17% de la population mondiale, n’émet que 4% des émissions de CO2 dans le monde.

Certes la Chine est responsable d'environ 29% des rejets de CO2 dans l'atmosphère. Mais les émissions sont gonflées par les émissions de biens manufacturés sur le territoire destinées à l'exportation. L’UE est le premier partenaire commercial de la Chine (+5,6% d’importations en 2020 par rapport à 2019). 

Selon les chiffres de l’Insee, l’empreinte carbone réelle des Français était environ 1,7 fois plus élevée que les seules émissions nationales en 2017 en raison de ces émissions “cachées” liées au commerce extérieur.

Par ailleurs, le Global Carbon Project prévoit un rebond de 7,6% des émissions de CO2 de l’UE en 2021. La France ne devrait pas échapper à cette tendance. Entre 1995 et 2018, si les émissions produites sur le territoire national ont baissé de 30%, nos émissions importées ont, elles, bondi de 78% !

Sources :

« Ce n’est pas moi qui vais changer le cours des choses ! »

Chacun peut faire sa part et contribuer à son niveau à améliorer la situation en faisant évoluer son comportement. Mais il est vrai que compte tenu de l'urgence de la situation, les initiatives individuelles ne suffisent pas. Une étude récente montre, par exemple, que les changements de comportements individuels entraîneraient une baisse de 5 à 10% de l’empreinte carbone seulement. Pour plus d’impact, il faut aussi que les Etats et les entreprises agissent !

Une étude de Carbon 4 a calculé l’impact réel des éco-gestes individuels du quotidien sur l’empreinte carbone des Français. Il en résulte que pour un Français “moyen”, l’impact probable des changements de comportements individuels entraînerait une baisse de 5 à 10% de l’empreinte carbone (en prenant en compte des changements “réalistes” et volontaires et en excluant les changements de comportement très ambitieux comme manger végétarien, ne plus prendre l’avion, équiper son logement de lampes LED…).

Or, l’empreinte carbone moyenne des Français doit baisser d’environ 80% d’ici 2050 pour parvenir aux 2 tonnes de CO2 par an compatibles avec l’Accord de Paris. Pour atteindre la part restante de la baisse des émissions, c’est à l’Etat et aux entreprises d’investir massivement pour transformer le système.

Les gestes individuels, bien que nécessaires, ne peuvent permettre à eux seuls d’atteindre cette baisse. L’enjeu climatique est d’ordre systémique et dépasse la sphère individuelle. Par exemple, le recours aux transports en commun, au vélo ou au covoiturage, peut réduire les émissions liées à nos déplacements mais ces gestes ne suppriment pas notre dépendance à un système de transports fonctionnant sur la base d’énergies carbonées (diesel, essence, kérosène).

La transition devra être portée en partie par le secteur privé. Dans un rapport publié en mars 2021 Climat : CAC degrés de trop, Oxfam France a calculé l’empreinte carbone globale des plus grandes entreprises françaises. Les chiffres montrent très clairement que les entreprises du CAC40 ont une responsabilité majeure dans l’aggravation du réchauffement climatique. En moyenne, leur empreinte carbone s’élève à 4,1 tonnes de CO2eq3 à chaque fois qu’elles réalisent 1 000 euros de chiffre d’affaires, soit l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre d’un Paris-Sydney en avion. A elles seules, 4 entreprises – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Total – ont, chacune prise isolément, une empreinte carbone supérieure à celle de la France.

C’est à l’Etat de réorienter les politiques publiques et d’incitations financières et aux entreprises de changer leurs pratiques et d’investir massivement pour transformer le système.

Forêt détruite dans la province de Riau, Sumatra (Indonésie)

Forêt détruite dans la province de Riau, Sumatra (Indonésie)

« Si la forêt amazonienne disparaît, je n’y suis pour rien moi ! »

L’Europe importe des matières premières, dont la production est à l’origine de la déforestation tropicale. C’est même le deuxième destructeur mondial de forêts tropicales, derrière la Chine, à cause de ses importations ! Chacun a donc une part de responsabilité dans la déforestation importée et les moyens d’agir, pour freiner le phénomène, notamment en changeant sa façon de consommer. 

Notre rapport Arrêtons de scier la branche, établit des liens clairs entre la consommation de l'Union européenne et la déforestation.

Les importations de l’Union européenne représentent 16% de la déforestation liée au commerce mondial, ce qui en fait le deuxième destructeur mondial de forêts tropicales derrière la Chine mais devant l'Inde (9 %), les États-Unis (7 %) et le Japon (5 %). 

Au total, entre 2005 et 2017, les importations de l'Union européenne ont provoqué la déforestation de 3,5 millions d'hectares, soit la superficie de 5 millions de terrains de football. Ces importations ont représenté 1807 millions de tonnes de CO2, ce qui équivaut à 40 % des émissions annuelles globales de l'Union européenne.

Durant cette même période, les huit plus grandes économies européennes ont généré 80% de la déforestation importée par l’UE associée au commerce international. La France occupe la 6ème place dans ce classement.

Pendant cette décennie, le soja (31% de la déforestation importée de l’UE), l'huile de palme (24%) et la viande de bœuf (10%) sont les matières premières qui ont impliqué la plus grande déforestation tropicale importée par l’Union européenne, suivies des produits dérivés du bois, du cacao et du café. 

A ce jour, la majeure partie de notre déforestation importée provient du Brésil (30%), d’Indonésie (22%), d’Argentine (10%) et du Paraguay (8%).

 Le 17 novembre dernier, la Commission européenne a présenté un projet de législation visant à lutter contre la déforestation. Si le texte présenté inclut plusieurs dispositions utiles et attendues, il doit encore être renforcé pour écarter la déforestation du marché européen. La France présidera l’UE au premier semestre 2022 et endossera donc la responsabilité de faire adopter une législation ambitieuse. 

Sources :

« Si le panda disparaît, ça ne va pas bouleverser ma vie ! »

Le panda géant, comme le tigre, la baleine ou l’ours blanc, constitue ce que l’on appelle une espèce parapluie. L'étendue de son territoire est telle, que sa protection bénéficie à toute la faune et la flore alentour, soit à l’écosystème tout entier. Protéger ces espèces emblématiques c’est donc préserver la santé des écosystèmes naturels et garantir le maintien des services écologiques irremplaçables qu’ils nous offrent.

Les pandas, les tigres, les papillons, sont des « espèces parapluie », dont l’étendue du territoire permet la protection d’un habitat important et des êtres vivants qui y habitent si l’espèce est protégée. Préserver une “espèce parapluie” ce n’est pas seulement préserver un animal, mais aussi tout un écosystème qui procure de nombreux bénéfices à l’homme  : approvisionnement en nourriture, en eau, en médicaments, régulation de l’air, pollinisation etc.

Or les activités humaines, qui détruisent les habitats par la conversion d’habitats vierges et le changement d’utilisation des terres pour l’agriculture industrielle, sont les premières causes de l’érosion de la biodiversité. Selon notre rapport Planète vivante, l’activité humaine est responsable d’une baisse de 68% des populations de vertébrés entre 1970 et 2016. 

« Il n’y a pas d’homme en bonne santé sur une planète malade ». L’impact de la destruction des espèces sur la vie humaine est réel. Les pressions exercées sur la biodiversité à travers nos modes de consommation et de production créent des risques sanitaires (transmission de virus), alimentaires (notre sécurité alimentaire repose sur un grand nombre d’espèces sauvages et cultivées) et financiers (les impacts économiques de la perte de biodiversité pourraient s’élever à plus de 479 milliards de dollars par an, soit environ 10 000 milliards de dollars d'ici 2050).

Sources : 

« Manger bio c’est trop cher ! »

A première vue, les produits de l’agriculture conventionnelle sont moins chers. Mais ce que ne dit pas l’étiquette, c’est tout ce que dépense la société pour réparer les dégâts environnementaux et sanitaires que cause leur production, notamment en ce qui concerne la pollution de l’eau. On appelle cela les externalités négatives. Au final, si l’on prend en compte ces coûts cachés, l’addition est beaucoup moins salée avec un approvisionnement bio. 

Il existe deux façons de regarder la question du coût, soit à l’échelle des ménages, soit à celle de la société.

Concernant le budget des particuliers, notre rapport “Vers une alimentation bas carbone, saine et abordable” a montré qu’il était possible, pour le même prix, de mieux manger tout en réduisant notre impact sur la planète. Cette étude comparait le panier standard des Français avec un panier flexitarien et montrait que les économies permises par la réduction de la consommation de viande et de produits transformés industriels permettent d’acheter des produits de qualité (issus de l’agriculture biologique notamment) sans dépasser le coût du panier standard… 

Concernant le coût pour la société, il faut regarder l’ensemble des externalités associées aux différentes productions. L’agriculture industrielle coûte très cher à la société car elle génère de nombreuses externalités négatives. Ces coûts, liés par exemple aux pollutions de l’air et de l’eau ou encore à la perte de biodiversité, ne sont pas pris en compte dans le prix des produits mais sont tout de même pris en charge par les français. Le Commissariat Général au Développement Durable estime que le coût annuel du traitement des flux annuels d'azote et de pesticides est compris entre 54 et 91 milliards d'euros. Pour les eaux souterraines, le coût de la dépollution pour les nitrates serait compris entre 490 et 742 milliards d'euros et pour les pesticides entre 32 et 105 milliards d'euros, soit au total : de 522 à 847 milliards d'euros. 

Au contraire, l’agriculture biologique génère de nombreuses externalités positives (pour la biodiversité, la santé, etc.). C’est pourquoi, à l’échelle de la société, il est urgent d’accélérer le développement de l’agriculture biologique. 

« L’écologie c’est un luxe pour bobos »

Justement, c’est tout le contraire ! Acheter responsable, c’est avant tout privilégier la qualité. Cela peut signifier acheter des produits plus chers, mais qui durent plus longtemps. Ca peut aussi vouloir dire se limiter à l’achat des produits dont on a réellement besoin. Acheter moins, acheter d’occasion, réparer… la sobriété est la meilleure alliée de votre porte-monnaie !

De nombreuses études montrent qu’adopter une démarche éco-responsable peut aider à faire des économies.

L’alimentation est l’un des 3 principaux postes de dépense des ménages français. Or, notre rapport “Vers une alimentation bas carbone, saine et abordable montre qu’il est possible de manger sain et bio sans dépenser plus. L’adoption d’un régime flexitarien avec moins de viande (-31%), de poissons sauvages (-40%), de produits transformés (-69%), de produits à base de farine raffinées au profit de farines complètes (-46%) peut faire baisser le coût d’un panier moyen/semaine d’une famille de 4 de 40 euros (de 187 à 147 euros).

Pour réduire sa facture énergétique, le gouvernement indique qu’il existe des gestes simples et gratuits à mettre en œuvre chez soi

  • Baisser le chauffage de 20°C à 19°C = -7% de consommation d'énergie
  • Laver son linge à 30°C = 2 fois moins d'énergie qu'un lavage à 60°C
  • Couvrir les casseroles pendant la cuisson = 4 fois moins d'électricité ou de gaz consommés

Des solutions alternatives à la consommation de masse peuvent aussi aider à faire des économies : recyclage, réemploi, friperies, “do it yourself”. Fabriquer sa propre lessive coûte, par exemple, quatre à cinq fois moins cher que de l’acheter en supermarché.

Il existe aussi des coûts cachés liés à la pollution atmosphérique et ses conséquences sur la santé : dans une étude publiée en 2015, le Sénat estimait les coûts sanitaires, sociaux et économiques de la pollution de l’air de l’ordre de 68 à 97 milliards d'euros par an en France. Cela correspond à une facture de 1150 à 1630 € par an et par français.

« Le progrès technologique sauvera la planète »

La technologie ne peut pas tout résoudre… Si l’innovation peut nous permettre de gagner en efficacité énergétique, elle ne suffira pas à compenser l’augmentation des usages et de la consommation énergétique, source de pollution importante ! Et si au lieu de s’attaquer aux symptômes en proposant des solutions technologiques hasardeuses avec de potentiels effets collatéraux, on essayait plutôt de résoudre les causes profondes de la crise écologique ? 

La technologie salvatrice tient du “solutionnisme”, un courant de pensée originaire de la Silicon Valley qui souligne la capacité des nouvelles technologies à résoudre les grands problèmes du monde (réchauffement climatique, pénuries alimentaires…). 
Les techno solutionnistes représentent aujourd'hui ceux qui pensent que le développement technologique nous permettra de répondre aux défis environnementaux.

Le think-tank The Shift Project a évalué l’impact environnemental du numérique : avec 6% par an de croissance de ses émissions de GES, la part du numérique dans les émissions de GES mondiales est déjà de 3,5% et pourrait doubler d’ici 2025. Cette croissance n’est pas compatible avec la trajectoire 2°.

Selon The Shift Project, l’efficacité énergétique issue du progrès technologique ne suffira pas à compenser l’augmentation des usages. Dans nos sociétés industrielles, toute économie à la source est effacée par une surconsommation. C’est “l’effet rebond”. Par exemple, optimiser les flux internet avec la 5G ne va pas contribuer à faire des économies d’énergie mais à intensifier les usages, les réseaux et donc à augmenter la consommation énergétique (et la pollution).

D’autre part, le développement des matériaux technologiques nécessite l’extraction de ressources métalliques rares qui ne sont pas renouvelables.

Selon l’ADEME, qui a évalué 4 trajectoires possibles pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les scénarios technologiques sont moins efficaces pour réduire les émissions de GES. Dans le scénario “technologies vertes”, les émissions provoquées par la croissance de l’usage des technologies sont en partie absorbées par les techniques de capture-stockage de CO2 et de captage direct dans l’air. Mais la consommation finale ne baisserait que de 39% par rapport à 2015.

Sources :