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24. octobre 2014 — Communiqué de presse

Cadre européen Climat-Énergie 2030 : 
L’Europe échoue au test de crédibilité

Le Conseil européen est parvenu dans la nuit de jeudi à vendredi un accord sur son cadre Climat-Énergie pour 2030 : au moins 40% de réduction des gaz à effet de serre, au moins 27% d’énergies renouvelables et au moins 27% d'économies d'énergie.

En se contentant de cet accord, les dirigeants de l’UE ont manqué l'occasion de construire un avenir meilleur pour les citoyens européens, qui auraient bénéficié d’un accord plus ambitieux. En ralentissant le rythme de l'action climatique de l'UE, le Conseil européen est resté bien en-deçà de ses ambitions et des attentes nourries à l’égard de l'Europe à l'échelle internationale.

Selon Jason Anderson, chef des politiques climat-énergie au bureau européen du WWF, "Les dirigeants européens sacrifient notre avenir sur l'autel de la politique. Les résultats d'aujourd'hui semblent avoir été obtenus pour ménager les intérêts de la « vieille économie », au détriment du bien-être des citoyens et des industries propres d'avenir. L’accord sera bien accueilli par les grands pollueurs car il leur permet d’échapper à des contraintes financières en cas de pollution significative, pour au moins une décennie.

Avec des objectifs d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables à peine au-dessus des tendances actuelles, un marché européen du carbone qui restera inefficace pour la prochaine décennie et l'absence de solution pour enrayer le charbon, les efforts européens en matière de lutte contre le changement climatique et de promotion des énergies propres ont été passés au second plan par le Conseil européen".

Selon Diane Simiu, Directrice des programmes de conservation du WWF-France, "C'est un pays européen qui recevra la conférence des nations unies sur le climat décisive en décembre 2015 : la France. Il lui faudra donc une position plus forte pour assoir sa crédibilité. Les mois à venir seront déterminants car ils pourront servir à atténuer les points les plus néfastes de cette décision."

Pierre Cannet, Responsable du programme Climat et Energie de WWF-France juge quant à lui "qu’au moins l'Europe ne ferme pas totalement la porte à plus d'ambition. C’est une première de voir ainsi trois objectifs précédés de la mention "au moins". L'UE devra réussir à décoller de ces objectifs plancher. La France qui présidera la conférence Paris Climat 2015 aura un rôle moteur à jouer dans cet exercice politique européen clef".

L'UE devra revoir sa copie, car elle-même formule des exigences sur le climat auprès des États-membres des Nations Unies. Les pays membres qui ont compris les avantages d’une action climatique claire vont essayer de combler le vide politique intérieur, mais l'action sera fracturée, et une réponse politique de l'UE sera nécessaire.

Les prochaines étapes :

plusieurs éléments sont nécessaires pour éviter les décisions du conseil ne bloquent les progrès européens en matière de climat et d'énergie :

  • dans les discussions à l'ONU, l'UE appuie une évaluation du fossé entre les réductions prévues et celles qui seraient nécessaires pour rester en dessous de 2*C de réchauffement climatique. Cela sera utilisé pour pousser les pays à accentuer leurs engagements - faisant de l'UE un candidat idéal pour réaliser une telle révision à la lumière de la faible ambition affichée au Conseil.

 

  • l'UE doit avancer une suite de mesures, pas seulement portées sur son marché de quotas d'émissions. Une révision de sa directive efficacité énergétique et des améliorations des marchés et des infrastructures permettant plus de renouvelables seront essentiels. L'introduction de critères de performance d'émission permettrait d'éviter les pires pilleurs d'affaiblir les changements vers une énergie propre.

 

  • la réserve du marché de stabilité de quotas acté par le ce doit être amendée pour intervenir plus tôt et accélérer l'annulation de l'excès de tonnes toxiques qui empoisonnent le fonctionnement du marché du carbone.

 

  • en échappant aux objectifs nationaux contraignants pour les renouvelables et en échouant à faire de l'objectif d'efficacité un objectif contraignant soit au niveau national ou européen, les Etats membres ont mis leur mise en œuvre en danger et ajouté de l’incertitude. La gouvernance devra être très bien pensée permettant à la fois une mise en œuvre au niveau domestique et également de rentre comptables les Etats membres pour leurs politiques pour les renouvelables et les économies d'énergie.

Twitter: #UE2030