Chalutage en eaux profondes : les eurodéputés français socialistes et UMP touchent le fond
Strasbourg - Ce matin le Parlement européen s’est prononcé sur un texte crucial pour l'avenir de la biodiversité marine européenne : le règlement établissant des conditions spécifiques pour la pêche des stocks d’eau profonde dans l'Atlantique du Nord-Est et révisant le règlement « pêche profonde ».
Cette réforme était une occasion unique de mettre fin à une pratique de pêche destructrice de notre patrimoine maritime : le chalutage en eaux profondes. Si le règlement voté aujourd'hui comprend de nombreuses mesures pour améliorer la gestion de la pêche profonde et la protection des écosystèmes profonds, il échoue sur les pratiques les plus destructives. Les députés européens ont en effet rejeté l’interdiction du chalutage profond par 342 voix contre 326.
Alors que près de 70 publications scientifiques à travers le monde ont démontré la non-durabilité de cette technique, qu’une pétition demandant son interdiction a recueilli près de 755 000 signatures et que des grands groupes de la distribution comme Carrefour et Casino viennent d’annoncer la fin de la commercialisation des espèces d’eaux profondes, les europarlementaires français - à part quelques élus dissidents comme Sophie Auconie ou Michèle Striffler (UDI) auxquels il faut ajouter M. Omarjee (gauche unitaire) et les représentants des groupes Verts et ADLE (Modem), - ont majoritairement préféré privilégier les intérêts de quelques armateurs français largement subventionnés par la France et l’Union européenne au détriment de l’intérêt général et de l’avenir de nos océans.
« Alors que les scientifiques sont largement unanimes sur le caractère destructeur de cette pêche, alors qu’une mobilisation sans précédent est en cours avec plus de 755 000 signatures en faveur de l’interdiction du chalutage profond et un sondage montrant que 71% des Français souhaitent que le Président Hollande soutienne cette interdiction, alors que des groupes comme Carrefour et Casino ont fait preuve de responsabilité en annonçant la fin de la commercialisation des espèces d’eaux profondes, nos représentants au parlement européen restent sourds, ils ont choisi d’être du mauvais côté de l’histoire et de continuer ce massacre de la biodiversité marine qu’est le chalutage profond » regrette Isabelle Autissier, Présidente du WWF France.
« Dans les semaines à venir, le WWF va prendre des initiatives comme il l’avait fait pour le thon rouge afin que les consommateurs sanctionnent dans leur caddy les produits issus de la pêche profonde », précise Philippe Germa, Directeur général du WWF France.