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06. juillet 2021 — Communiqué de presse

Les Français pourraient perdre jusqu'à 2 mois d’activité sportive par an dans un monde à +4°C

Avec l’augmentation des températures, le dérèglement climatique pourrait faire perdre jusqu’à 2 mois d’activité sportive aux Français par an. C’est la conclusion du nouveau rapport du WWF France, réalisé avec le soutien financier du Ministère des Sports, qui met en évidence l’impact alarmant du dérèglement climatique sur la pratique sportive, les équipements et les sites de pratique, et propose des recommandations pour que les acteurs du sport s'emparent du sujet dès maintenant. 

Canicules, accélération de la fonte des neiges et des glaciers, multiplication des sécheresses… les conséquences du dérèglement climatique sont nombreuses. Le sport, comme le reste de la société, est directement impacté, et avec lui les pratiques de près de 36 millions de Français. Afin d’anticiper et d’alerter sur le contexte climatique futur auquel les sportifs devront faire face, le WWF France a analysé dans ce rapport deux scenarii d’évolution climatique : un scénario à +2°C de température mondiale moyenne et un scénario à +4°C.

Coup de chaud sur les pratiques et équipements sportifs

Les sportifs pourraient perdre 24 jours et 2 mois de pratique dans un scénario à +2°C et +4°C.

Une des premières conséquences du dérèglement climatique concerne la hausse des températures et l’augmentation des vagues de chaleur. Alors que les scenarii climatiques s’accordent à dire que la fréquence des canicules devrait doubler d’ici à 2050, cette hausse des températures met en danger de manière certaine la santé des sportifs. Une pratique sportive au-dessus de 32°C est d’ailleurs déconseillée. Dans ces conditions, le réchauffement climatique pourrait faire perdre jusqu’à 24 jours de pratique sportive dans un monde à +2°C, et jusqu’à 2 mois dans un monde à +4°C, désorganisant les pratiques individuelles, celles encadrées par les clubs, les établissements scolaires, etc. 

Au-delà des activités en elles même, les sites de pratique sportive et équipements sont également menacés. Sur le littoral, les estimations du GIEC montrent que le niveau de la mer pourrait encore s’élever d’un mètre ou plus dans un monde à +4°C. L’érosion côtière et les inondations accélérées par le changement climatique mettent ainsi en péril les sites d’activités nautiques. Dans un scénario à +4°C, la relocalisation de presque un quart des clubs situés sur les littoraux français deviendrait potentiellement incontournable d’ici la fin du siècle. Ce chiffre s’élèverait même à un club sur trois, si on ne considère que la façade méditerranéenne. 

Enfin, alors que se joue actuellement le championnat  d’Europe de football, ce rapport vient mettre en lumière les conséquences de l’augmentation en fréquence et en intensité des épisodes de sécheresse sur les pelouses des stades. Une hausse de la température moyenne planétaire de +2°C (1°C supplémentaire par rapport à aujourd’hui) pourra entraîner 5 à 20 jours de vagues de chaleur supplémentaires pour presque la moitié des stades français. Si plusieurs solutions peuvent être adoptées pour limiter le stress hydrique des pelouses (arrosage, ventilation avec brumisation…), elles ne sont malheureusement pas toujours viables et souhaitables.

« Le climat influe sur les performances, mais également sur la pratique du sport en elle-même »

Isabelle Autissier

« Le dérèglement climatique nous frappe de plus en plus à mesure que la terre se réchauffe. Nous, sportifs, en subissons également les conséquences de plein fouet : quelle skieuse sans neige ? Quel régatier dans des mers couvertes d’algues toxiques ? Le climat influe sur les performances, mais également sur la pratique du sport en elle-même : en France, un monde à +4°C ferait perdre jusqu’à 2 mois d’activité sportive par an. Mais il signe aussi la fin des performances sportives : comment imaginer battre de nouveaux records dans ces conditions ? Dans ce contexte préoccupant, nous autres, sportifs, devons montrer l’exemple et rendre les espoirs de changements crédibles et atteignables. Les acteurs du sport doivent s’engager dans l’action climatique et la préservation de l’environnement. Nous avons tous un rôle à jouer ! » Isabelle Autissier, présidente d’honneur du WWF France 

Les acteurs du sport ont donc tout intérêt à devenir des défenseurs du climat et de la biodiversité

Afin d’engager le monde du sport, le WWF France recommande par exemple que : 

  • L’ensemble des activités du monde du sport soient alignées avec les objectifs de réduction de l'impact sur le climat (Accord de Paris) et la biodiversité : 
    • Les instances sportives (Gouvernement, Comité national olympique et sportif français, fédérations nationales et internationales, collectivités…) doivent intégrer des exigences environnementales dans tous les aspects du sport, que cela soit dans l’organisation des événements sportifs, l’attribution de financements, les cahiers des charges de construction et le soutien à la rénovation des équipements sportifs ou encore dans l’évolution des règlements sportifs. 
    • Elles doivent également accompagner la transition écologique du sport en donnant les outils nécessaires pour évaluer et réduire l’impact des activités sportives sur l’environnement ; de mesurer et anticiper les conséquences du dérèglement climatique, et d’anticiper les adaptations nécessaires. 
       
  • Le secteur du sport se mobilise pleinement pour la protection de l’environnement à l’instar des mobilisations contre les discriminations dans le sport : 
    • Les fédérations peuvent faire évoluer les comportements en incluant mieux l’éducation à l’environnement et au développement durable dans les contenus pédagogiques de leurs programmes éducatifs.
    • Les grands événements et organisations sportives peuvent imposer des exigences environnementales à leurs partenaires, leurs fournisseurs et leurs sponsors, mais aussi recommander des comportements vertueux à leurs publics et bannir les sponsors prônant des produits néfastes pour l’environnement.