L’Accord de Paris passe son premier test de résistance à la COP22
Réaction de Manuel Pulgar-Vidal, Directeur international Energie & Climat au WWF
« Si les négociations onusiennes sur le climat font toujours l’objet de rebondissements, elles ont permis à la COP22 d’aboutir au résultat auquel on pouvait s’attendre : donner corps à la promesse de l’Accord de Paris afin qu’il soit pleinement mis en œuvre. Le travail mené à Marrakech ne restera pas dans les annales mais il représente une étape nécessaire pour dérouler l’Accord.
Cette semaine, après les résultats des élections américaines, l’adhésion des pays à l’Accord de Paris a passé son premier test de résistance. Les pays ont clairement rappelé à la COP qu’ils continueraient dans cette voie à long terme.
La réalité est que le monde avance sur le sujet. Cette dynamique irréversible va continuer à prendre de l’ampleur à mesure que les signaux des marchés et les engagements à travers tous les secteurs de la société foisonneront.
A la conclusion de la COP22, 111 pays ont ratifié l’Accord de Paris soulignant son importance historique. Certains d’entre eux ont aussi commencé à remettre leurs stratégies de décarbonation à long terme.
Pourtant, il reste du travail. L’écart entre ce que préconise la science pour éviter les pires impacts du changement climatique et les engagements pris par les pays vers la COP21 ne cesse de se creuser. Réduire au plus vite les émissions et se préparer aux impacts du changement climatique est essentiel pour l’avenir de l’Humanité, son bien-être et sa sécurité.
A Marrakech, les pays se sont engagés à faire le bilan de leurs efforts d’ici deux ans et à tout mettre en place pour présenter d’ici 2020 des objectifs et des plans d’actions plus ambitieux. L’objectif : réduire au plus vite cet écart grandissant des émissions. Ce résultat clef obtenu à la COP22 vient renforcer les progrès sur l’Accord de Paris.
Alors que les pays cherchent encore à préciser le fonctionnement de l’Accord de Paris d’ici 2018, prochain rendez-vous international politique majeur, il reste à clarifier la mise en cohérence du format des engagements des pays ces prochaines années. De plus, il reste des lacunes en ce qui concerne les financements et l’adaptation, malgré quelques annonces faites ici à Marrakech sur le financement de l’adaptation et le renforcement des capacités. Nous attendons des pays développés qu’ils redoublent d’efforts en terme de financements et autres soutiens, au-delà des projections réalisées. Nous accueillons favorablement les annonces de la Chine et des autres pays en matière de coopération Sud-Sud.
Ce travail a été conforté par le Climate Vulnerable Forum, groupe d’environ 50 pays qui se sont engagés à revoir et à améliorer leurs objectifs de réductions d’émissions en 2018 et à passer à 100% d’énergies renouvelables dès que possible.
Ici à Marrakech, COP dite « de l’action », les négociations étaient centrées sur les règles de mise en œuvre de l’accord et l’accélération de l’action. Nous avons besoin que les prochaines négociations aboutissent sur la finalisation de ces règles et la relève de l’ambition, ouvrant la voie à la revue à la hausse des engagements des pays, améliorant la résilience à domicile et apportant les soutiens financiers nécessaires en ligne avec la science et l’équité.
Ces prochaines années, nous espérons voir les tendances de réduction des coûts des renouvelables et l’intensification des efforts par tous les acteurs – secteur privé, villes, investisseurs, et par les gouvernements – accélérer la transition vers un développement bas-carbone et résilient. »