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14. novembre 2013 — Communiqué de presse

Les entreprises françaises et l'huile de palme

Alors que s’est ouverte, le 11 novembre dernier à Médan en Indonésie, la table ronde RSPO, le WWF publie ce jour son scorecard des entreprises utilisatrices d’huile de palme : plusieurs entreprises françaises, dont Danone, ont encore des progrès à faire. 

Bien que les pratiques des acheteurs d'huile de palme s’améliorent, elles ne suffisent cependant pas encore à encourager les producteurs responsables à réduire leurs impacts dans les écosystèmes tropicaux les plus vulnérables au monde dus à la production d’huile de palme, huile végétale la plus consommée au monde.

Certaines entreprises françaises sur la bonne voie

L’édition 2013 du Scorecard Huile de Palme du WWF, publiée le 12 novembre 2013, jour de l’ouverture de la conférence annuelle de la Table Ronde pour l’Huile de Palme Responsable (RSPO), identifie les acteurs internationaux Ecover Processor (Belgique), IKEA, les supermarchés allemands REWE, le leader mondial en termes d’utilisation d’huile de palme Unilever ainsi que United Biscuits (multinationale britannique), comme les leaders mondiaux dans l’utilisation d’huile de palme durable et les efforts de diminution des gaz à effet de serre liés à la culture de l’huile de palme.

Carrefour , L’Oréal , Cémoi et Bongrain figurent parmi les entreprises les plus en avance au niveau français.

Encore du chemin à parcourir pour d’autres

Ce scorecard révèle également que d’autres entreprises comme Burger King, Subway, Dupont ou encore Auchan et Elior pour la France ont encore du chemin à parcourir pour satisfaire ne serait-ce qu’aux obligations les plus élémentaires si elles veulent être considérées comme des acheteurs d'huile de palme responsables. A noter que le score faible d’une entreprise comme Danone ne reflète pas sa politique d’approvisionnement en huile de palme durable. Les progrès n’ont pu être pris en compte à cause de la non-soumission des résultats au WWF. De même, les Mousquetaires -Intermarché ont engagé des actions sur la durabilité de leurs approvisionnements en huile de palme qui ne sont reflétés qu’en partie dans ce scorecard car non liés à la RSPO.

« Pour la première fois, nous avons inclus dans ce scorecard, aux côtés des firmes européennes, les entreprises américaines, australiennes et asiatiques, ce qui nous permet d’avoir une vue globale des acheteurs d’huile de palme et de leurs efforts en termes de durabilité » a déclaré Adam Harrison, Responsable du programme Huile de Palme pour le WWF.

Philippe Germa, Directeur général du WWF France s’est exprimé sur les progrès observés : « Alors que nous observons des progrès satisfaisants chez de nombreuses entreprises, les achats en huile de palme certifiée accusent encore un retard considérable par rapport aux volumes disponibles - notre Scorecard nous permet de voir très clairement quelles sont les entreprises qui ne mettent pas en place les mesures nécessaires pour combler cette différence entre offre et demande . »

« Certains de ces acheteurs d'huile de palme se trouvent des excuses. Pourtant, les faits montrent qu’ils n’ont en réalité aucune bonne raison d’être aussi en retard dans l’atteinte de leur objectif de 100% d’utilisation d’huile de palme durable d’ici à 2015. Le WWF France portera une attention toute particulière aux entreprises françaises, grandes utilisatrices d’huile de palme, afin qu’elles se responsabilisent et prennent enfin la voie du 100% durable » 

Pour une huile de palme durable

Les plantations de palmiers à huile se trouvent principalement sur des zones tropicales de faible altitude, majoritairement en Asie du Sud-Est mais également et de plus en plus en Afrique et en Amérique latine. L’huile de palme, qui constitue à elle seule 65% des échanges globaux d’huile végétale, est un ingrédient clé dans la fabrication de nombreux aliments, cosmétiques, savons et détergents, et son incorporation dans les biocarburants est croissante. La demande en huile de palme devrait doubler d’ici à 2020, augmentant ainsi la pression subie par les forêts tropicales et la biodiversité, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre des tourbières tropicales (déforestées pour planter le palmier) et les conflits avec les communautés locales.

L’industrie ne doit pas se développer au détriment des écosystèmes tropicaux. La RSPO a prouvé que l’huile de palme durable peut se développer et il est du ressort des détaillants et des producteurs d’entrainer le marché en achetant une huile de palme certifiée (RSPO).

130 entreprises mondiales interrogées

Le scorecard classe 78 fabricants de produits contenant de l’huile de palme et 52 distributeurs sur leur appartenance ou non à la RSPO, leur conformité avec les exigences de déclaration, leurs objectifs et leurs actions sur l’utilisation d’huile de palme 100% responsable et leurs politiques visant à limiter les GES issus de l’huile de palme qu’ils utilisent.

Seules 9 des 130 entreprises enquêtées – Ecover, Ferrero Trading, Henkel, le Groupe REWE, le fabricant américain de chocolat Hershey, IKEA, Reckitt Benckiser, Unilever et United Biscuits – ont déclaré avoir des politiques qui ciblent les émissions de GES liées à l’approvisionnement en huile de palme. Cependant 49 autres entreprises interrogées déclarent exiger de leurs fournisseurs qu’ils soient conformes aux exigences de la RSPO en matière de publication de leurs émissions de GES.

2/3 des fabricants et une proportion légèrement supérieure de détaillantsse sont engagés à atteindre les 100% d’utilisation d’huile de palme certifiée d’ici à 2015 .

Quarante cinq des 130 entreprises interrogées utilisent d’ores et déjà 100% d’huile CSPO , soit au total plus de 2 millions de tonnes par an , contre 7 millions de tonnes par an utilisées par l’intégralité des 130 entreprises, ce qui montre très clairement les efforts qu’il reste à fournir.

« La RSPO en est à un stade critique » , a déclaré Adam Harrison. « Certains acheteurs d’huile de palme ont commencé à exiger des producteurs qu’ils aillent au-delà des normes RSPO actuelles comme par exemple ne pas acheter de fruit du palmier à huile sans en connaitre la provenance, minimiser l’utilisation de produits chimiques dangereux ou réduire leurs émissions de GES. Pour répondre à cela les producteurs vont devoir être encouragés – mais il est clair qu’aujourd’hui la plupart des acheteurs ne se fournissent pas encore en huile de palme certifiée RSPO. Le WWF souhaite que les détaillants utilisent les données disponibles de la RSPO pour commencer à se fournir chez les leaders de la RSPO plutôt que chez les retardataires. Mais avant toute chose, ils devraient déjà acheter la totalité des stocks disponibles d’huile de palme certifiée RSPO (CSPO). »

Le WWF estime que l’achat de certificats via le système « Book and claim » constitue une première étape qui permet d’envoyer des signaux positifs aux marchés ainsi que de faire les économies d’échelle nécessaires pour faire bouger l’ensemble de l’industrie vers des chaînes d’approvisionnement ségrégées.

Cependant, le WWF souhaiterait voir des progrès plus rapides et de plus grande ampleur vers les chaînes d’approvisionnement dédiées à l’huile de palme certifiée (ségrégation). Les entreprises leaders dans la demande en huile de palme ségrégée (plus de 50% de leurs volumes) incluent notamment les géants Heinz et United Biscuits, Ferrero Trading et le distributeur britannique Waitrose.

Malgré certains progrès significatifs (Carrefour notamment), les entreprises françaises marquent lepas dans ce domaine.