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28. octobre 2021 — Communiqué de presse

Mobiliser les banques centrales et les superviseurs financiers sur les risques climatiques et environnementaux

Malgré une prise de conscience grandissante sur les impacts financiers du changement climatique et de la perte de la biodiversités, le WWF appelle les institutions financières à utiliser les outils mis à leur disposition pour s’assurer que les acteurs financiers cessent de soutenir les activités incompatibles avec les objectifs climatiques et environnementaux.

Les premiers résultats de l’analyse Sustainable Financial Regulations and Central Bank Activities (SUSREG) conduite par le WWF montrent une prise de conscience grandissante sur les impacts financiers du changement climatique et de la perte de biodiversité de la part des banques centrales et des superviseurs financiers. 

Toutefois, seul un petit nombre de ces institutions utilise les outils de politique monétaire, réglementaires ou de supervision prudentielle à leur disposition pour s’assurer que les acteurs financiers arrêtent de soutenir les  activités incompatibles avec les objectifs climatiques et environnementaux. 

Au regard de l’urgence à agir face à une crise climatique et environnementale grandissante, une approche prudente, basée sur le principe de précaution, est nécessaire pour prévenir tout accroissement des risques financiers systémiques. Il est également primordial de considérer en même temps la dégradation de la biodiversité et le changement climatique vu leur extrême sévérité et leur interconnexion, qui peut conduire à leur renforcement mutuel. 

Suite à la publication en avril 2021 du cadre d’analyse  ‘SUSREG’ et de la plateforme en ligne associée, le World Wide Fund for Nature (WWF) annonce aujourd’hui les premiers résultats de l'évaluation ‘SUSREG’. Pour cette étude, le WWF a analysé les engagements pris et les progrès réalisés par les banques centrales et les régulateurs et superviseurs bancaires dans l’intégration des problématiques environnementales et sociales au sein de leurs mandats et activités. Les premiers résultats montrent une prise de conscience des banques centrales et superviseurs bancaires, qui commencent à mettre en place des mesures concrètes pour lutter contre les risques liés au changement climatique. Il est à noter que les autres risques environnementaux et sociaux restent toutefois significativement moins bien couverts.

Des progrès encourageants à noter chez les superviseurs financiers et les banques centrales

Les efforts doivent être accélérés pour contrer les défis environnementaux et sociaux auxquels nous faisons face, si nous voulons respecter nos engagements collectifs à travers l’Accord de Paris sur le climat et atteindre les Objectifs de développement durable.

À travers le monde, les régulateurs et superviseurs bancaires sont de plus en plus nombreux à publier leurs attentes en matière de gestion des risques climatiques et environnementaux (comme la Banque Centrale Européenne ou la Monetary Authority of Singapore). Ainsi, dans plus d’un tiers (35%) des pays évalués, les acteurs financiers sont tenus de développer ou de renforcer leurs pratiques de gestion des risques climatiques, environnementaux et/ou sociaux. Le rapport salue également l’augmentation du nombre d’études portant sur l’exposition des banques aux risques climatiques et à la perte de biodiversité et la publication de taxonomies pour définir les activités dites ‘durables’. 

« Les progrès réalisés par les banques centrales, les régulateurs et superviseurs bancaires sont encourageants. Ces efforts doivent être accélérés pour contrer les défis environnementaux et sociaux auxquels nous faisons face, si nous voulons respecter nos engagements collectifs à travers l’Accord de Paris sur le climat et atteindre les Objectifs de développement durable » déclare Margaret Kuhlow, responsable de la Practice Finance du WWF. « La dégradation de la nature est une menace tout aussi importante que le changement climatique, et celles-ci sont liées. Nous ne pourrons pas résoudre l’une sans résoudre l’autre ».

Encore une faible intégration des questions environnementales et sociales dans les outils monétaires

Les banques centrales n’ont pas suffisamment intégré les questions environnementales et sociales dans leurs principaux outils de politique monétaire, comme le rachat d’actifs, les opérations ciblées de refinancement ou encore le cadre d’acceptation des garanties aux opérations de refinancement.

Si le rapport met en avant la prise de conscience des banques et superviseurs, il révèle toutefois l’absence de mesures réglementaires visant à s’assurer du bon respect de ces nouvelles exigences. Les résultats montrent également que les banques centrales et superviseurs financiers n’ont pas encore suffisamment intégré les questions environnementales et sociales dans leurs principaux outils de politique monétaire, comme le rachat d’actifs, les opérations ciblées de refinancement ou encore le cadre d’acceptation des garanties aux opérations de refinancement. En effet, seule une banque centrale sur 5 a déjà mis en place certaines de ces mesures, et aucune d'entre elles ne satisfait pleinement aux indicateurs SUSREG correspondants.

Bien que l’on constate des progrès concernant la gestion des réserves de change et de leurs portefeuilles d’actifs, une meilleure utilisation de ces différents outils permettrait aux banques centrales de mieux gérer les risques environnementaux et sociaux et d’accélérer la transition vers une économie plus durable. 

 « Nous devons parvenir à une transformation profonde de notre système financier, et prendre en compte de manière systématique les risques environnementaux et sociaux en suivant le principe de précaution », déclare Maud Abdelli, responsable de l’initiative Greening Financial Regulation du WWF.

Besoin d’une prise de position publique des banques centrales et superviseurs financiers sur les enjeux environnementaux et sociaux

Nous sommes dans une décennie cruciale, et la clef du succès réside dans une action ambitieuse et une coordination internationale.

Afin d’encourager une action plus ambitieuse des gouvernements et d’envoyer des signaux clairs aux institutions financières, le WWF exhorte les banques centrales et les superviseurs à renforcer leur prise de position publique sur la nécessité de répondre aux défis environnementaux et sociaux. Nous sommes dans une décennie cruciale, et la clef du succès réside dans une action ambitieuse et une coordination internationale.

« Nous attendons des banques centrales et des superviseurs financiers qu’ils agissent rapidement et à la hauteur des défis auxquels nous faisons face, pour une transition juste, ordonnée et dans les meilleurs délais vers une économie faiblement carbonée, plus résiliente et durable » déclare Sylvain Augoyard, responsable du développement du projet SUSREG et auteur du rapport annuel SUSREG 2021.  

Le WWF mettra à jour les résultats disponibles sur la plateforme SUSREG Tracker de manière semi-annuelle, et publiera un rapport sur une base annuelle, afin de mettre en lumière  les progrès réalisés, mettre en avant les bonnes pratiques ainsi que les axes d’améliorations.