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30. juin 2025 — Communiqué de presse

Nature en danger, finance en retard : Le WWF France appelle les banques françaises à accélérer

Alors que les premières publications dans le cadre de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) émergent en Europe un constat s’impose : les banques françaises sous-estiment toujours l’ampleur des risques que la dégradation de la nature fait peser sur la stabilité financière. 
Malgré une pression réglementaire croissante et des preuves accablantes sur leur exposition aux risques écologiques, la majorité des établissements français ne reconnaissent pas la biodiversité comme un enjeu matériel dans leur reporting de durabilité. Une omission préoccupante à l’heure où la destruction des écosystèmes atteint des seuils critiques et menace la stabilité des marchés financiers.

75 % des prêts accordés aux entreprises de la zone euro, soit près de 3 240 milliards d’euros, dépendent de services rendus par la nature : pollinisation, régulation de l’eau, fertilité des sols. 

En 2024, la Banque centrale européenne (BCE) a révélé que 75 % des prêts accordés aux entreprises de la zone euro, soit près de 3 240 milliards d’euros, dépendent de services rendus par la nature : pollinisation, régulation de l’eau, fertilité des sols. Près des trois quarts de ces entreprises subiraient des pertes économiques majeures en cas de dégradation de ces écosystèmes. Et pourtant, aucune des quatre grandes banques systémiques françaises (BNP, BPCE, Crédit Agricole, Société Générale) ne reconnaît la nature comme un facteur matériel. Seuls le Crédit Mutuel et La Banque Postale ont franchi ce cap.

Les banques françaises ne manquent pourtant pas de déclarations ambitieuses. Dans leurs brochures institutionnelles, elles se disent conscientes des menaces liées à la perte de biodiversité comme par exemple le Crédit Agricole qui affirme que "climat et nature doivent être traités conjointement".
Mais dans les faits, les mesures concrètes restent floues, trop limitées à des déclarations ambitieuses sur les prochaines années, sans stratégie globale ni indicateurs ou montants dédiés robustes. La transparence reste encore largement limitée concernant leurs véritables impacts et dépendances vis-à-vis de la nature.

Forêts primaires Forêt-Noire

« La science le rappelle : la destruction de la nature et le changement climatique sont deux faces d’une même pièce. Les banques n’ont plus d’excuse pour traiter l’un sans l’autre. La stabilité financière à long terme dépend d’une économie viable, donc d’une nature en bon état »

Véronique Andrieux, Directrice Générale du WWF France

Face à ce manque de moyen persistant, le WWF France appelle les banques françaises à :

  1. Reconnaître la nature comme un risque majeur, en déclarant les enjeux nature comme matériels dans leur rapport CSRD 2025.
  2. Élaborer des plans de transition crédibles et ambitieux sur le climat et la nature, alignés avec les objectifs de financement et de réduction des pressions sur les écosystèmes.
  3. Favoriser, en utilisant les outils financiers et services bancaires, la transition des autres secteurs de l’économie qui doivent également accélérer sur la conscience de leurs impacts sur la nature.

En ce qui concerne les autorités financières, comme la BCE, elles doivent intégrer pleinement ces enjeux systémiques dans la supervision bancaire : tests de résilience, scénarios de risque écologiques, intégration dans les exigences de fonds propres.

Il est temps que les banques françaises sortent donc de leur attentisme. La crédibilité et la réputation du secteur financier est en jeu. Quant à la BCE et aux régulateurs, il leur revient de répondre pleinement aux enjeux systémiques qu’ils ont eux-mêmes identifiés, en renforçant leurs contrôles et leurs exigences.

Tableau – Prise en compte de la biodiversité et autres enjeux “nature” par les banques françaises et comparatif avec des institutions financières européennes [1]

Banque

Inclusion dans CSRD 2024

Adoption de la TNFD[2]

Politiques nature/biodiversité dédiées (non exhaustif)

Barclays

E4 sujet matériel (p48, p59-64)

 

Non 
BNP ParibasNon matériel (p697-704)Non
Groupe BPCENon matériel (p78-86)Non
CommerzbankE4 sujet matériel (p66-90)

Early adopter

 

Crédit Agricole Non matériel (p66-77)Early adopter

 

Crédit MutuelE4 sujet matériels (p46-77) (incluant aussi le sujet E3 pour CM Arkéa)Non

 

HSBC Continental EuropeE4 sujet matériel (p57-64, p82-84) Non 
INGE4 sujet matériel (p102, p130-132)Non

 

Groupe La Banque PostaleE2 à E5 sujets matériels (p88-107)Early adopter

 

Société GénéraleNon matériel (p286-291, p369, p376)Non

[1] Liste non-exhaustive, en effet il existe de nombreuses banques européennes qui ne considère pas à l’heure actuelle la nature comme étant un enjeu matériel (par exemple Deutsche Bank, Santander...). En outre, considérer comme matériel ces sujets nature n’est pas la gageure d’une stratégie ambitieuse et crédible mais au moins cette transparence permet de montrer les efforts fournis dans le temps.

[2]TNFD Adopters