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05. août 2015 — Communiqué de presse

Publication du premier rapport de suivi des tortues marines de la Roche Percée

La Nouvelle-Calédonie abrite deux sites de ponte majeurs du pacifique Sud pour les tortues marines: les îles éloignées (atolls d’Entrecasteaux et Chesterfield, sous juridiction gouvernementale) pour les tortues vertes, et le site de la Roche Percée pour les tortues grosses têtes, le plus important site de ponte du territoire connu ce jour pour cette espèce.

La nature ne sélectionnera qu’un bébé sur 1000 qui atteindra l’âge adulte, d’où l’importance de protéger les tortues qui viennent pondre !

Aujourd’hui, les 7 espèces de tortues marines existantes dans le monde sont considérées comme menacées d’extinction.

L’association locale Bwärä Tortues Marines, avec notamment le soutien de la province Sud, assure depuis 2006 le suivi exhaustif de la zone de la Roche Percée durant la saison de ponte, participe activement à la protection de ce site et à la sensibilisation du public lors de la saison de ponte (octobre - avril). Ce suivi est d’autant plus important que contrairement aux îles éloignés, le site de la Roche Percée est soumis à différentes pressions pouvant impacter à court ou moyen terme les tortues grosse têtes (fréquentation, aménagement du littoral, chiens errants, braconnage...).

C’est pourquoi depuis 2012, le WWF apporte son soutien financier et technique à cette association. Afin de valoriser les données récoltées durant les 8 années de suivi, Bwärä Tortues Marines (Kevin Fournière / Dominique Lafage) et le WWF (Théa Jacob) ont publié en juillet 2015 le 1er rapport d’analyse du site de la Roche Percée. Ce document apporte notamment des éclairages sur l’évolution de la population nidifiant, propose des recommandations protocolaires et souligne des points de vigilance quant à la conservation de ce site d’importance. A ce jour, ce type d’analyse n’a été réalisé pour aucun autre site de ponte (suivi de façon exhaustif) en Nouvelle-Calédonie.

Quelques chiffres clés du rapport sur les tortues grosses têtes de la Roche Percée :

  • une tortue pond environ 112 œufs par nid,
  • en moyenne elle reviendra pondre 4 fois au cours d’une même saison.
  • la tortue grosse tête migre ensuite vers son aire d’alimentation, en Australie notamment, puis elle ne reviendra pondre que tous les 3 ans en moyenne.
  • 182 pontes en moyenne sont comptabilisées à la Roche Percée par saison de ponte (de novembre à mars).
  • 280 tortues ont été baguées par l’association depuis 2006.

La maturité sexuelle (l’âge pour se reproduire) de la tortue grosse tête étant tardive (entre 15 et 20 ans), 8 ans de suivi ne sont pas suffisants pour dresser un bilan de santé de la population. Les analyses présentées dans ce rapport offrent cependant un état des lieux des données récoltées depuis 2006, et présentent les premières caractéristiques de la population étudiée. Un suivi sur vingt ans minimum est recommandé afin de pouvoir tirer des conclusions. Il est donc indispensable de continuer la collecte des données effectuée tous les ans par les bénévoles et éco-gardes de l’association.

Pour l’anecdote, une lettre d’un soldat néo-zélandais adressée à son épouse a été retrouvée dans les archives de la seconde guerre mondiale. Celle-ci témoigne de la venue d’une importante population de tortues marines sur la plage de la Roche Percée. A cette époque, il semble que l’on pouvait observer près d’une cinquantaine de tortues grosses têtes et vertes chaque nuit pendant la saison de ponte. A l’heure actuelle, ce ne sont plus qu’une cinquantaine de tortues grosses têtes qui sont comptabilisées lors d’une saison entière. Depuis 2006, aucune tortue verte n’a été observée sur ce site.