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14. novembre 2017 — Communiqué de presse

Quel lien entre sécurité, stabilité géopolitique et gestion soutenable des ressources ?

Elévation du niveau des mers, événements climatiques extrêmes, désertification et dégradation des terres, conflits autour de l’accès aux ressources, problèmes sanitaires, augmentation des flux migratoires… Les questions de sécurité et de défense doivent maintenant pleinement intégrer dans leurs problématiques d’analyse la question environnementale et en particulier climatique. C’est à cette conclusion qu’amène le rapport « Soutenabilité, Stabilité, Sécurité » que publie aujourd’hui le WWF France avec une préface d’Erik Orsenna, membre de l’Académie française et une postface de Laurent Fabius, ancien président de la COP21.

La pépinière de jeunes plants de la compagnie forestière Tien Phong, ville de Huong Thuy, Vietnam. Les semis sont produits à partir de cultures de tissus végétaux par micropropagation.

Ce rapport comporte plusieurs préconisations, dont certaines peuvent être mises en œuvre immédiatement, à destination des décideurs actifs dans le domaine de la sécurité, de la diplomatie, de la géopolitique mais aussi du développement et de la protection de l’environnement.

Dans ce rapport, le WWF France s’appuie sur les conclusions de plusieurs études scientifiques et arguments portés par de nombreux chercheurs et instituts spécialistes des liens climat-sécurité pour montrer que ces bouleversements environnementaux ont déstabilisé des régions par le passé et continueront de fragiliser les territoires, notamment les plus vulnérables, à l’avenir.

Le WWF France préconise par exemple d’intégrer systématiquement des experts des enjeux environnementaux dans les équipes d’analystes des crises au sein des chancelleries et ministères de la défense, d’organiser des stress tests simulant l’évolution de la conflictualité potentielle région par région dans un monde à 1,5, 2, 3, 4 °C de réchauffement de façon à mieux anticiper et prévenir ces conflits potentiels.

Par ailleurs, le WWF France souligne l’importance de revoir à la hausse les investissements consacrés à l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement. D’après un récent rapport de l’ONU Environnement, le coût réel de l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement pourrait aller de 140 à 300 milliards de dollars par an en 2030 (en 2014, les contributions publiques internationales ne s’élevaient qu’à 22,5 milliards de dollars). Encore trop faibles, ces investissements sont pourtant une condition nécessaire à la stabilité du monde car investir dans la soutenabilité c’est agir pour un monde plus stable et plus sûr, c’est investir pour la paix.

« Au Sahel, en Syrie, en Arctique comme aux îles Kiribati, nous avons sous nos yeux de nombreux exemples du dérèglement climatique : ils nous alertent sur la nécessité de changer notre cadre de pensée et d’action. Il est maintenant urgent que les décideurs dans le domaine de la sécurité, de la diplomatie, de la géopolitique mais aussi du développement et de la protection de l’environnement intègrent la relation soutenabilité-stabilité-sécurité et suivent rapidement les premières préconisations du WWF France. Parce qu’un système insoutenable sur le plan environnemental produit de l’instabilité qui dégénère tôt ou tard en insécurité. »
Pascal Canfin, Directeur général du WWF France

« On évoque le plus souvent les effets du dérèglement climatique sur l’environnement, sur la santé publique, sur le développement. On aborde plus rarement ses conséquences sur la paix et la sécurité internationale. C’est tout le mérite du rapport « 3S » du WWF France de le faire et de le faire clairement. Les risques sont en effet majeurs. Il est clair que le dérèglement climatique est et sera aussi un dérèglement sécuritaire. »
Citation issue de la post-face de Laurent Fabius, Ancien Président de la COP21