Quotas de thon rouge : l'avis des scientifiques est respecté
« Le WWF félicite les parties contractantes présentes à l’ICCAT d’avoir respecté les avis scientifiques en maintenant le quota de pêche du thon rouge d’Atlantique Est et de Méditerranée à 13 400 tonnes. C’est un signe positif qui renforce la crédibilité de l’ICCAT. En revanche, le WWF est très inquiet sur deux autre points, d’une part l’échec des Etats quant à la protection des populations de requins et d’autres part l’échec à prendre des mesures contre ceux qui enfreignent les règles » dit Elise Petre, Chargée de pêche durable au WWF France
Après des années de mauvaise gestion, l’ICCAT a pour la première fois l’année passée suivi les recommandations scientifiques en fixant un quota annuel de pêche du thon rouge de l’Atlantique à 13 400 tonnes. Malgré l’absence de nouvelle évaluation scientifique, plusieurs pays ont fait pression cette année pour revoir ce quota à la hausse. L’UE, représentée pendant la conférence par la Commissaire de la Pêche européenne Maria Damanaki, a fortement soutenu le respect du quota, qui a finalement été maintenu.
Cette année, le WWF a soulevé le problème important du manque de traçabilité dans les élevages de thons. Dans une étude, Bluefin tuna farming growth rates in the Mediterranean, le WWF a mis en évidence de l’existence possible de captures non déclarées de thon rouge et a demandé à l’ICCAT de mettre en place une solution pour éradiquer cette possibilité de pêche INN (Illicite, non déclarée, non réglemetée). L’ICCAT vient d’adopter une procédure basée sur des images stéréoscopiques qui devrait aider à régler ce problème.
« L’engraissement en ferme est l’un des domaines les moins contrôlés dans le milieu du thon rouge, comme l’a démontré le WWF depuis plusieurs années. Rien que cette année, grâce aux images stéréoscopiques utilisées par les autorités de contrôle dans un élevage en Méditerranée, au moins 550 tonnes de thons vivants non déclarées ont été découvertes. Ce chiffre est supérieur au quota national de nombreux membres de l’ICCAT et indique une situation très inquiétante » déclare Elise Pêtre.
Concernant les requins, cette conférence de l’ICCAT a été décevante. Une proposition de renforcer l’interdiction actuelle de découpe d’ailerons de requins a été radicalement contrée par le Japon, la Chine et la Corée et la protection du requin-taupe commun pourtant en danger a été rejetée par le Canada.
De manière générale, le WWF est particulièrement déçu du manque de volonté politique des membres de l’ICCAT de mettre en place des mesures efficaces contre les fraudeurs. Un rapport du WWF de l’année passée a mis à jour un énorme scandale de près de 20 000 tonnes de thon rouge d’Atlantique Est et Méditerranée non déclarées, vendues principalement au Japon. Suite à cela, les membres de l’ICCAT avaient promis de remettre un rapport d’investigation sur cette situation, mais seul le Panama l’a fait. Les résultats du rapport panaméen concordent avec les accusations du WWF concernant une fraude organisée, mais les pays concernés en Méditerranée et le Japon ont explicitement rejeté toute enquête supplémentaire.
2014 sera une année cruciale pour le thon rouge de l’Atlantique, car une mise à jour de l’évaluation du stock devrait être effectuée. Le Comité scientifique de l’ICCAT a prévenu qu’il faudrait dégager des moyens financiers pour cela. « De nombreux membres de l’ICCAT critiquent les incertitudes qui existaient à propos de la dernière évaluation du stock mais quand il s’agit de financer la recherche, ils sont aux abonnés absents » critique Elise Pêtre.