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11. septembre 2014 — Communiqué de presse

RDC : Un oiseau rare redécouvert 20 ans après

Depuis plus de 20 ans, le cossyphe à tête blanche (Cossypha heinrichi), une espèce d’oiseau extrêmement rare, n’avait pas été observé en RDC. C’est désormais chose faite : à la fin du mois d’août, une mission organisée conjointement par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) dans la Réserve de Chasse de Bombo Lumene située à l’est de Kinshasa a en effet observé à deux reprises l’animal, caractérisé par son plumage noir et roux, son chant à trémolos et la tête blanche, donc, qui lui a donné son nom.

Marc Languy, Directeur de Conservation du WWF en Afrique Centrale et membre de l’expédition affirme que "la redécouverte d’un oiseau aussi rare, que l’on trouve seulement dans le nord de l’Angola et près de Kinshasa confirme l’immense valeur en termes de conservation de Bombo Lumene, ainsi que des zones protégées de RDC en général."

La présence du cossyphe à tête blanche à Bombo Lumene est d’autant plus remarquable que de nombreuses menaces extérieures planent sur la biodiversité de la réserve. La chasse et le braconnage constants ont dépeuplé la faune jadis abondante, exterminant les populations d’éléphants et de lions et réduisant drastiquement le nombre de buffles et d’antilopes.

Ces dernières années, la production illégale de charbon a été très dommageable pour la réserve. Des centaines de personnes ont pénétré illégalement dans l’enceinte de la réserve, s’y sont installées et ont commencé à brûler de large zones forestières protégées afin de produire et de vendre du charbon de bois destiné à alimenter Kinshasa et ses environs.

Ces activités représentent une menace directe pour l’habitat du cossyphe, et des autres animaux vulnérables de la réserve. Malgré une récente opération menée avec succès par l’ICCN et l’armée afin de déloger les trafiquants de charbon du parc, les risques de voir la réserve irrémédiablement endommagée sont toutefois élevés : avec seulement 20 gardes pour une zone de 300 000 hectares, l’ICCN reste largement en sous-effectif.

Marc Languy précise que "le WWF soutient l’ICCN de toutes ses forces dans cette bataille contre le braconnage et la production illégale de charbon. Dans le même temps, il est indispensable que les autorités renforcent leur soutien à Bombo Lumene et aux autres zones protégées en RDC afin d’éviter que d’autres espèces de faune et de flore, représentant un patrimoine inestimable pour tous les congolais, disparaissent".

L’ICCN et le WWF conduisent actuellement un inventaire de la biodiversité dans 15 zones protégées de RDC afin de réévaluer leur potentiel et leur rôle économique. Bombo Lumene a le grand avantage d’être facilement accessible depuis Kinshasa, ce qui ouvre la porte à un potentiel marché touristique important pour la réserve et bénéfique pour les communautés vivant autour du parc.

"De plus en plus de citadins cherchent à s’évader du stress de la ville de Kinshasa et visitent Bombo Lumene" a commenté Pasteur Cosma Wilungula, l’Administrateur Délégué Général de l’ICCN. "La redécouverte d’espèces rares et les récents succès de reprise de contrôle de la réserve sont des éléments encourageants pour les gardes qui veillent au maintien des paysage et de la biodiversité du site".

Concernant la production illégale de charbon, des solutions existent et ont déjà prouvé leur efficacité dans d’autres régions de la RDC : dans l’Est, le WWF a mis en place un programme de plantation d’arbres à grande échelle baptisée Eco-Makala. Les 10 millions d’arbres déjà plantés permettent d’alléger les pressions sur le Parc National des Virunga, en fournissant une énergie durable à la ville de Goma.