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22. juin 2023 — Communiqué de presse

Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier : débloquer des financements pour la nature et le climat dans les pays en développement

Année après année, COP après COP, les gouvernements du monde entier s'efforcent d'accélérer la coopération pour lutter contre le réchauffement climatique et stopper l'effondrement de la biodiversité. Systématiquement, ils butent sur un obstacle : l'argent, encore trop peu disponible et distribué aux pays en développement les plus vulnérables face au réchauffement. Alors que s’ouvre ce 22 juin le sommet de Paris pour un nouveau pacte financier, le WWF appelle les gouvernements et institutions financières à renforcer le financement pour la nature et le climat à destination des pays en développement, en s’appuyant sur la diversité des solutions innovantes existantes. Une entente politique robuste sur la question financière sera clé pour aller de l’avant, débloquer les négociations et l’action de terrain, et mettre en œuvre l’accord de Paris sur le climat et le cadre mondial sur la biodiversité de Kunming-Montréal.

Parc national de Virunga (République démocratique du Congo)

Paris, le 22 juin

Aujourd’hui s’ouvre à Paris le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, convoqué par la France et l'Inde : l’occasion de réorganiser le système international et notamment les institutions du développement, pour accroître les efforts de lutte contre le réchauffement climatique et de protection et restauration de la nature. Les objectifs en matière de climat et de biodiversité ne pourront être atteints qu'à une condition : les investissements dans les solutions fondées sur la nature doivent rapidement atteindre 384 milliards de dollars par an d'ici 2025, soit plus du double du montant actuel (154 milliards de dollars), selon le Programme des Nations unies pour l'environnement.

"Le financement mondial nécessaire au développement, au climat et à la nature est loin d’être atteint."

"Le financement mondial nécessaire au développement, au climat et à la nature est loin d’être atteint. Les pays riches ne respectent pas leur obligation d'aider les pays en développement à financer la lutte contre la crise du climat et de la nature. Pendant ce temps, les températures mondiales continuent d’augmenter et de plus en plus d'écosystèmes sont menacés d'effondrement. Pour relever ces défis mondiaux, il faut faire bouger les choses, en commençant par chercher des solutions innovantes et réformer les systèmes qui freinent les initiatives. Le sommet financier de Paris est l’occasion pour les dirigeants de rétablir la confiance et de favoriser les investissements dans les priorités mondiales".

A plusieurs reprises et récemment à la COP15 sur la biodiversité, les pays développés et les institutions financières se sont engagés à consacrer plus de fonds à l'atténuation du changement climatique, à l'adaptation et à la biodiversité, mais peu de choses ont été faites dans ce sens. Il est essentiel de rétablir la confiance et de respecter les engagements financiers pour atteindre les objectifs des accords mondiaux sur le climat et la nature.

Fran Price, Responsable Mondial Forêts au WWF

"Pour regagner la confiance brisée par des promesses non tenues et des injustices, les dirigeants doivent accroître leur financement et montrer qu'ils soutiennent des accords financiers équitables entre les pays donateurs et ceux en développement."

"Pour regagner la confiance brisée par des promesses non tenues et des injustices, les dirigeants doivent accroître leur financement et montrer qu'ils soutiennent des accords financiers équitables entre les pays donateurs et ceux en développement. Ces accords créeront des incitations économiques claires et justes pour protéger les réserves naturelles et de carbone, vitales à l'échelle mondiale".

"Par exemple, les pays riches ont promis d’aider à mettre fin à la déforestation d'ici 2030, en annonçant des dons conséquents pour sauver les forêts du monde et leur biodiversité. Mais le financement s’est avéré minuscule par rapport aux besoins. Les pays en développement, où se trouvent la plupart des forêts restantes, ont été lésés. Si les financements promis pour lutter contre la déforestation n'arrivent pas ou représentent des montants dérisoires par rapport à ce que l'exploitation forestière, les plantations et les mines rapportent, une chose est sûre : nous perdrons nos forêts". 

Le sommet financier de Paris sera primordial pour donner un nouveau sens au financement international du développement. Un consensus politique fort sur le besoin et les instruments de financement de la nature et du climat permettront d’aller de l’avant lors des événements clés des prochains mois, tels que le sommet du G20, le sommet des Nations unies sur les Objectifs de développement durable, la COP28, les réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI, ou encore la COP16 biodiversité l'année prochaine.

Afin de débloquer les fonds nécessaires à la réalisation de nos objectifs communs en matière de développement, de climat et de protection de la nature, le WWF appelle les gouvernements et institutions financières à progresser sur les priorités suivantes :

  • Réformer les banques multilatérales de développement (BMD), afin qu’elles investissent davantage et suffisamment dans les activités favorables à la nature, plutôt que dans des secteurs qui lui portent atteinte. En 2021, les BMD ont à elles seuls financé les projets d’énergie fossile à hauteur de 5 milliards de dollars USD. Les BMD doivent s'aligner totalement sur l'Accord de Paris et sur le cadre mondial sur la biodiversité de Kunming-Montréal et mettre en œuvre les engagements pris à la COP26 en 2021 au travers de la déclaration commune sur la nature. Elles doivent également contribuer à accélérer les investissements privés, en accordant des subventions et des financements de développement assez conséquents pour attirer les investisseurs.
  • Envoyer un signal politique fort pour conclure, d’ici la COP28, des accords financiers équitables entre les pays donateurs et ceux en développement, y compris par le biais d’instruments financiers novateurs, tels que les programmes nationaux pour les forêts, la nature et le climat. Ces derniers promettent de créer des incitations économiques, soutenues par de nouveaux financements, pour que les pays en développement protègent leurs réserves de carbone et de biodiversité, vitales à l'échelle mondiale.
  • Promouvoir et développer les solutions d’allègement de la dette, telles que les mécanismes de conversion de dette ou les « sustainability-linked bonds ». Cela contribuerait à atteindre un objectif essentiel de l'Agenda de Bridgetown, lancé par la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, en s'attaquant à la dette insoutenable des pays vulnérables au réchauffement climatique. La menace croissante que les catastrophes climatiques font peser sur la viabilité de la dette des pays en développement serait alors reconnue, et les financements seraient réorientés vers l'action climatique et la conservation de la nature.

Elisa Vacherand, Responsable de la finance mondiale au WWF

"Le moment est venu de tenir ces engagements, mais aussi d'aller plus loin : débloquer et augmenter le financement de la résilience climatique et de la restauration de la nature."

« Nous ne pouvons pas lutter contre le dérèglement climatique ni atteindre les objectifs de développement durable des Nations unies sans la nature. Lors de la COP26 à Glasgow, les BMD se sont engagées à favoriser les investissements bénéfiques pour la nature et à placer la nature au cœur de leur processus décisionnel. Le moment est venu de tenir ces engagements, mais aussi d'aller plus loin : débloquer et augmenter le financement de la résilience climatique et de la restauration de la nature doit être la priorité des réformes tant attendues des BMD. Cela permettra d’encourager une croissance économique durable et d’éviter les menaces systémiques pesant sur la stabilité financière et l'économie mondiale. »

Véronique Andrieux, Directrice générale du WWF France

Le sommet convoqué par le président Emmanuel Macron offre une occasion unique de prendre un nouveau départ et de rétablir la confiance entre les gouvernements et partenaires de développement.

Véronique Andrieux, Directrice Générale du WWF France

« Avec le nombre de réunions internationales programmées en 2023, les dirigeants du monde entier ne manqueront pas d’opportunités dans les prochains mois pour acter des décisions structurantes pour la nature et le climat. Mais le manque de solidarité et de moyens financiers risque de paralyser le négociations internationales comme les actions en faveur de la nature et du climat, et chacune des opportunités qui se présentent en 2023 pourrait se transformer en un énième coup d’épée dans l’eau si le problème de fond – l’argent – n’est pas résolu. Le sommet convoqué par le président Emmanuel Macron offre une occasion unique de prendre un nouveau départ et de rétablir la confiance entre les gouvernements et partenaires de développement. Nous attendons des décisions prises à Paris qu’elles donnent « le la » avant la COP28. Le WWF appelle les gouvernements et les institutions financières participant au sommet à inciter les banques multilatérales de développement à mettre un terme au financement des combustibles fossiles, à encourager des accords équitables entre les pays pour préserver nos précieuses forêts et à déployer des solutions innovantes en matière de dette. Cela permettra de redonner des marges d'action aux pays concernés tout en encourageant les politiques vertes. »

Coucher de soleil sur la forêt amazonienne, Guyane

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