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23. juin 2023 — Communiqué de presse

Sommet pour un nouveau pacte financier : le plus gros reste à faire

Le sommet de Paris pour un nouveau pacte financier s’est ouvert ce jeudi sous une pluie d’appels lancés par les pays les plus vulnérables pour restaurer leur capacité à agir face aux crises du climat et de la dette qui les menace. Si quelques annonces ont été enregistrées au Palais Brongniart, peu de décisions permettent à ce stade redonner à la communauté internationale l’élan attendu pour débloquer l’action pour le climat et la biodiversité. A quelques mois d’une COP28 qui n’a pas droit à l’erreur, le plus gros reste à faire : acter la sortie des énergies fossiles, cesser de subventionner la destruction de la biodiversité, discipliner l’action des banques multilatérales de développement, aménager la dette des pays vulnérables et financer la protection d’écosystèmes forestiers précieux comme les forêts du bassin du Congo.

Forêts valdiviennes

Une initiative bienvenue pour débloquer l’action internationale

Année après année, COP après COP, les gouvernements déterminés à accélérer la coopération pour le climat et la biodiversité buttent contre un obstacle : le manque de solidarité à l’égard des pays en développement (l’engagement des pays développés de mobiliser chaque année 100 milliards de dollars n’était pas atteint en 2020), le caractère inadapté des financements climat (insuffisamment concessionnels et focalisés sur les efforts d’atténuation) et l’incertitude entourant la montée en puissance des financements promis à Montréal pour protéger la biodiversité.

Cet effort de solidarité était d’autant plus attendu que le resserrement des politiques monétaires et l’accroissement de la charge de la dette restreint considérablement les marges budgétaires à la disposition des pays en développement. Dans ce contexte, le sommet de Paris convoqué à l’initiative du président de la République était bienvenu et porteur d’attentes.

Un consensus en construction, quelques décisions et la biodiversité en retrait

Les échanges resserrés tenus à Paris entre une cinquantaine de chefs d’Etat ont contribué à maintenir à flot la confiance indispensable à l’ambition, et le sommet de Paris esquisse un consensus en construction sur l’urgence de refondre le financement international, sur la responsabilité accrue des institutions financières comme le FMI et la Banque mondiale, sur la contribution à renforcer des banques multilatérales ou encore l’aménagement de la dette pour les pays les plus vulnérables.

Plusieurs annonces ont été enregistrées à Paris, parmi lesquelles l’élargissement des bailleurs disposés à contribuer au financement du partenariat JETP passé avec l’Afrique du Sud, la conclusion du 4ème partenariat JETP annoncé par le président du Sénégal pour financer la montée en puissance des énergies renouvelables, l’annonce par la Banque mondiale de clauses de suspension du paiement de la dette en cas de catastrophes climatique, la confiance affichée par les pays développés sur leur capacité à respecter en 2023 leur promesse de mobiliser chaque année 100 milliards de dollars, la réallocation de 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux du FMI vers les pays les plus vulnérables ou encore la restructuration de la dette de la Zambie.

Mentionnée à plusieurs reprises comme un objectif au même titre que le climat et la lutte contre la pauvreté, la biodiversité est néanmoins restée au second plan des annonces et presque absente du discours tenu par les banques multilatérales de développement à Paris, que le WWF appelait pourtant à s’aligner avec l’accord mondial sur la biodiversité adopté à Montréal.

Energies fossiles, dette, biodiversité … le plus gros reste à faire d’ici la COP28

Si le sommet de Paris marque un regain de coopération, le plus gros reste à faire. Dans ce contexte, le WWF appelle les gouvernements à redoubler d’efforts ces prochains mois pour :

  • Acter pour de bon la sortie des énergies fossiles à la COP28. Alors que le président de la République affirmait, en marge du sommet, que le gaz fossile est « une énergie de transition », le WWF réaffirme la nécessité de sortir d’urgence de toutes les énergies comme l’y appelait l’Agence internationale de l’énergie dès 2021 et alors que les énergies fossiles représentaient encore en 2022 36 milliards de tonnes de CO2 sur le total de 40 milliards de CO2 émis par les activités humaines. Déjà soutenue par plus de 80 Etats à la COP27, cette décision devra être actée pour de bon à la COP28.

  • Cesser de financer la destruction de la biodiversité et le réchauffement climatique à coups de dépenses publiques. Chaque année, les gouvernements du monde entier dépensent encore à eux seuls 1 200 milliards de dollars pour financer des activités dommageables à la biodiversité et au climat.

  • Miser sur la protection de la biodiversité, premier alliée des pays en développement dans la lutte et l’adaptation au réchauffement climatique. En second plan du sommet de Paris, la biodiversité devra être au cœur des discussions internationales à venir en 2023 : alors que plusieurs pays entendent miser sur les technologies de capture et stockage de carbone (CCS) à l’efficacité et à la viabilité économique plus qu’incertaines, le WWF appelle les gouvernements du monde entier à parier sur la biodiversité pour contenir et s’adapter au réchauffement climatique : ces 10 dernières années les écosystèmes naturels ont absorbé 54 % des émissions humaines et ont à ce titre considérablement ralenti le réchauffement de la planète. La biodiversité devra être au cœur des financements des banques multilatérales de développement ou des outils d’aménagement de la dette des pays les plus vulnérables.

  • Financer la protection des écosystèmes forestiers, notamment dans le bassin du Congo, où les financements internationaux manquent encore cruellement.

Arnaud Gilles, responsable de la diplomatie environnementale au WWF France

"Malgré les annonces enregistrées au sommet de Paris, le gros du travail reste à faire d’ici la COP28".

« Le sommet de Paris a eu le mérite de mettre les pieds dans le plat : cela fait des années qu’on bute sur la question de l’argent et on n’avancera pas d’un centimètre de plus sur le climat et la biodiversité tant que l’on n’aura pas renforcé la solidarité à l’égard des pays les plus vulnérables ni restauré leur capacité financière à faire face au choc climatique. Malgré les annonces enregistrées au sommet de Paris, le gros du travail reste à faire d’ici la COP28 : acter pour de bon la sortie de toutes les énergies fossiles, cesser de subventionner la destruction de la planète à coup de milliards de dépenses publiques et ne pas oublier la biodiversité. Elle est notre première alliée pour faire face au choc climatique et elle doit être à ce titre au cœur du financement des banques multilatérales de développement, des outils de restructuration des dettes ou encore des accords à passer avec les pays du bassin du Congo pour protéger leurs précieuses forêts qui manquent encore cruellement de financements ».

Coucher de soleil sur la forêt amazonienne, Guyane

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