Retour
24. janvier 2022 — Communiqué de presse

Taxonomie européenne : le groupe d’experts de la Commission dit non au greenwashing du gaz fossile et du nucléaire

Le groupe d’experts en finance durable auprès de la Commission européenne rend public aujourd'hui son rapport sur le projet de texte de la Commission classant le gaz fossile et le nucléaire comme activités vertes. Il est sans appel : classer le gaz fossile ou l'énergie nucléaire parmi les investissements "durables" dénature totalement la raison d’être de la taxonomie européenne. 

Le rapport du groupe d'experts ou Plateforme européenne sur la finance durable - dont le WWF est membre -, démonte trois idées fausses que la Commission a utilisées pour justifier l'inclusion du gaz fossile et du nucléaire dans la taxonomie : leurs critères d’intégration seraient exigeants, ils seraient basés sur la science, et ces deux activités contribueraient à la transition écologique. 

Après l'étude de cette proposition par les experts de la Plateforme européenne sur la finance durable, le constat est sans appel : ces critères de la Commission ne sont ni exigeants, ni fondés sur la science. Ils ne répondent donc pas à une des exigences les plus fondamentales de la Taxonomie : apporter des preuves tangibles, pas des promesses.

« La France a joué un rôle moteur pour cette proposition, qui nuit à sa crédibilité climatique et au Green Deal européen.»

Pierre Cannet, Directeur du plaidoyer au WWF France

Dans le projet de second acte délégué, la Commission souhaite attribuer aux centrales à gaz fossile un label vert dès 2023, si celles-ci promettent de passer aux gaz renouvelables d'ici 2035. Concernant le nucléaire, elle a proposé que les centrales soient considérées comme durables à condition qu’elles disposent d'installations opérationnelles pour stocker leurs déchets hautement radioactifs d'ici … 2050. Or, force est de constater qu’aucun pays n'a réussi à construire de telles installations à ce jour, malgré sept décennies d'exploitation de l'énergie nucléaire. La Plateforme juge que l’absence de stockage des déchets radioactifs est contraire au principe “ne pas nuire”. Le WWF applaudit la Plateforme -  qui rassemble 57 experts et 11 membres observateurs de différents horizons : secteur public, entreprises, institutions financières, scientifiques, ONG… - pour avoir refusé de cautionner un tel greenwashing.

Enfin, la Plateforme a conclu que de nouveaux investissements dans le gaz fossile empêcheraient une transition permettant de respecter l’Accord de Paris et l’atteinte des objectifs climatiques européen pour 2030, tandis que les nouvelles centrales nucléaires arriveraient trop tard pour contribuer aux objectifs de l’Europe pour 2030 voire 2050.

« La Plateforme alerte sur les tentatives de la Commission d’étouffer la science : oui, le gaz fossile génère d'énormes émissions, et oui, le nucléaire crée des déchets hautement radioactifs que nous ne savons toujours pas comment gérer. Le rapport de la plateforme est une nouvelle sonnette d'alarme : ni le gaz fossile ni le nucléaire ne doivent entrer dans la taxonomie verte de l'UE. La Commission doit écouter la science et abandonner sa proposition de greenwashing du gaz et du nucléaire»

Sébastien Godinot, économiste au WWF European Policy Office et membre de la Plateforme européenne sur la finance durable

« La France a joué un rôle moteur pour cette proposition, qui nuit à sa crédibilité climatique et au Green Deal européen. Sa crédibilité est en jeu alors qu’elle vient de prendre la tête de la présidence du Conseil européen. La semaine dernière au Parlement européen, le Président Emmanuel Macron a affirmé que cette proposition de la Commission était basée sur des éléments scientifiques et qu’elle allait permettre à l'Europe de réaliser sa stratégie de transition. Le rapport de la plateforme est aujourd’hui sans appel : il infirme précisément ces deux arguments. Si cette proposition était maintenue par la Commission, nous appelons les eurodéputés français à rejeter un texte qui tue dans l'œuf la finance verte européenne et empêchera l’Europe d’atteindre ses objectifs climatiques. »

Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes au WWF France

Une vaste coalition d'investisseurs représentant 50 000 milliards de dollars a déjà demandé aux institutions européennes d'exclure le gaz de la taxonomie européenne. Les citoyens se mobilisent également depuis 2020 pour une taxonomie non “greenwashée”.