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03. juillet 2025 — Communiqué de presse

[Tribune transpartisane] Filets TED

À la suite de la Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC 3) qui s’est tenue à Nice du 9 au 13 juin, le WWF a plaidé pour une action en faveur de la protection des espèces marines et en particulier des requins et tortues marines, principales victimes des captures accidentelles. 

Ayant vocation à être signée par des parlementaires de tous horizons politiques, cette tribune en faveur de la préservation des tortues appelle la Commission européenne à conditionner l’importation de crevettes tropicales à l’utilisation de dispositifs TED (Turtle Excluder Device) permettant aux tortues de s’échapper des filets, une mesure simple et rapidement applicable.

Bien que cette troisième Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice soit le plus gros sommet sur les Océans jamais organisé, permettant le lancement d’une véritable diplomatie océanique face aux menaces critiques, nous continuons de négliger cet écosystème vital. Preuve en est, cette conférence n’est que la troisième du genre, quand la biodiversité en a déjà suscité seize et le climat le double. Autre preuve s’il en fallait : le manque de mesures efficaces face à la disparition de nombreuses espèces marines comme les requins et les tortues.

Les menaces sont aujourd’hui bien connues tant les alertes s’amoncellent : les changements climatiques, l’acidification des eaux, la pollution plastique, la surpêche ou encore la destruction des habitats ont pour conséquence directe la dégradation rapide des milieux marins et des espèces qui les peuplent. Le rapport Planète vivante 2024 du WWF est sans appel : les populations d’espèces marines qui ont été suivies ont chuté de 56 % en cinquante ans (1970–2020) et les exemples ne manquent pas pour illustrer l’ampleur du phénomène. Selon l’IPBES, plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d'un tiers des mammifères marins sont aujourd’hui menacés. Certaines espèces, à l'image des requins et des raies, affichent des niveaux critiques de déclin : 37% de ces espèces sont menacées d’extinction. Il en va de même pour les tortues marines, six des sept espèces connues à ce jour étant jugées vulnérables, en danger ou en danger critique d’extinction par l’UICN.

Nous, parlementaires issus de différents groupes politiques, partageons une conviction commune : la protection des espèces marines ne peut plus attendre. Pour la première fois depuis la COP21, un sommet mondial sous l’égide des Nations unies s’est tenu sur notre sol pour agir sur cet écosystème aussi vital que menacé. A l’initiative du WWF, des avancées majeures ont été réalisées pour la protection de ces espèces marines emblématiques, avec notamment le lancement de la Coalition mondiale pour stopper l’extinction des requins et des raies, conduite par la France et soutenue par une dizaine d’États et plus de 70 organisations. Cependant le requin peau bleue de Méditerranée, pourtant en danger critique d’extinction, est toujours autorisé à la vente. A quand l’interdiction de sa commercialisation ? A quand des mesures réellement incitatives pour que les pêcheurs réduisent leurs captures accidentelles ?

Les filets TED réduisent jusqu'à 97% les captures accidentelles de tortues marines.Le dispositif TED

Le cas des tortues marines est particulièrement éclairant. En effet, la principale menace qui pèse sur ces dernières sont les captures accidentelles, lesquelles sont responsables de la mort de plusieurs centaines de milliers de tortues par an. Les chalutiers crevettiers des régions tropicales sont particulièrement problématiques pour les tortues marines, souvent capturées accidentellement car elles fréquentent les mêmes habitats que les crevettes qu’ils ciblent.

Ce phénomène est pourtant évitable grâce à un dispositif simple et éprouvé : le TED (Turtle Excluder Device), grille installée dans les filets des chaluts qui permet aux grandes espèces marines de s’échapper par une trappe de sortie. De tels filets sont très efficaces et réduisent jusqu’à 97 % les captures accidentelles de tortues. Si les Etats-Unis conditionnent depuis 1989 les importations de crevettes tropicales sauvages aux pêcheries qui n’impactent pas les tortues marines, obligeant certaines d’entre elles à être équipées de TED, le marché européen est exempt d’une telle règlementation. Résultat : les crevettes refusées outre-Atlantique finissent dans nos assiettes, entretenant un dumping environnemental et contribuant à la disparition des tortues marines.

Protéger les tortues marines, c’est protéger l’ensemble des écosystèmes côtiers, essentiels à la bonne santé de l’océan et donc à sa résilience. C’est aussi donner corps aux promesses internationales trop souvent restées lettre morte, telle la résolution du congrès mondial de l’UICN de 2021 qui appelait à l’UE à mettre fin à cette situation. Malgré les actions du WWF pour interpeller la Commission européenne sur la préservation des tortues et le dispositif de pêche TED lors de l’UNOC et le soutien actif de la France, aucune déclaration de la Commission sur des conditions à imposer pour l’importation de crevettes tropicales sauvages permettant de sauvegarder les tortues n’est à comptabiliser. Nous avons l’opportunité d’agir à travers une initiative simple, concrète et rapidement applicable : conditionner l'importation sur le marché européen de crevettes tropicales sauvages à l’utilisation de filets TED. Une telle mesure serait un signal fort envoyé par l’Union européenne, premier marché mondial des produits de la mer, au service d’une exigence environnementale élevée.

A la suite de l’élan créé à Nice, il ne s’agit plus de constater les menaces, mais bien de prouver que nous savons y répondre.

Signataires :

Isabelle Autissier, présidente d'honneur du WWF France
Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France
Audrey Bélim, sénatrice socialiste de La Réunion
Hervé Berville, député Ensemble pour la République des Côtes-d'Armor
Éléonore Caroit, députée Ensemble pour la République des Français établis hors de France
Constance de Pélichy, députée Liberté, Indépendants, Outre-mer et Territoires du Loiret
Laurent Lhardit, député socialiste des Bouches-du-Rhône
Laurent Mazaury, député Libertén Indépendants, Outre-mer et Territoires des Yvelines
Mathilde Ollivier, sénatrice écologiste des Français établis hors de France
Hubert Ott, député Les Démocrates du Haut-Rhin
Julie Ozenne, députée écologiste de l'Essonne
Jimmy Pahun, député Les Démocrates du Morbihan
Béatrice Piron, députée Horizons des Yvelines
Anne-Cécile Violland, députée Horizons de Haute-Savoie