Éléphants domestiqués de la patrouille de surveillance, Parc national de Tesso Nilo, Riau (Indonésie)
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16. décembre 2016

Des éléphants domestiqués sauvent leurs cousins sauvages

A Sumatra, des éléphants apprivoisés ont intégré les patrouilles de surveillance des gardes forestiers. Leur mission : chasser leurs congénères quand ils s’approchent trop près d’une habitation pour éviter la confrontation avec les humains.

Espèce en péril

A Sumatra, près de 70% de l'habitat naturel des éléphants sauvages a été détruit en 25 ans et la moitié de l'espèce anéantie.

Les populations humaines augmentent, les surfaces d’habitats naturels baissent. Chaque jour, les animaux sont de plus en plus en concurrence avec les hommes pour l’espace et la nourriture.

En Asie, l’expansion agricole contraint les éléphants à se déplacer sur des zones de plus en plus restreintes et, de fait, à rencontrer beaucoup plus fréquemment les hommes. Emergeant subitement de la forêt, il n’est pas rare que les pachydermes dévastent des champs pour se nourrir, avec des conséquences souvent dramatiques : des gens qui perdent leurs récoltes, leur bétail et parfois leurs vies. Et aussi des animaux, déjà menacés ou en danger, qui se font tuer en représailles ou pour « éviter » de futurs conflits.

La patrouille de surveillance

La patrouille de surveillance

Faire diminuer les conflits hommes/animaux

Des campagnes de sensibilisation sont menées auprès des communautés locales pour leur faire prendre conscience du rôle essentiel de la faune sauvage dans le fonctionnement des écosystèmes, de sa valeur économique, ainsi que de son importance récréative, et donc, de la nécessité de la protéger.

Choisir entre les activités humaines et la nécessité de protéger les espèces est un problème universel. Parfois intenses, les affrontements entre les hommes et les animaux constituent aujourd’hui l’une des principales menaces à la survie de nombreuses espèces animales. C’est pourquoi, le WWF et ses partenaires développent des projets dans le monde entier qui visent à créer les conditions d’une cohabitation pacifique entre l'homme et l'animal.

Dans la région du Terai, au Népal, la restauration des couloirs biologiques dégradés facilite les mouvements saisonniers des pachydermes en leur évitant de traverser les habitations humaines. L’utilisation de dissuasifs à base de piment permet également de tenir les éléphants à distance des exploitations et des maisons.

Éléphant de Sumatra (Elephas maximus sumatrensis) membre des patrouilles de surveullance

Éléphant de Sumatra (Elephas maximus sumatrensis) membre des patrouilles de surveullance

Une médiation efficace

Les équipes de gardes-forestiers n’hésitent pas à recruter au sein des communautés locales afin d’impliquer ces dernières dans la préservation de l’espèce. Et cela fonctionne !

Depuis peu, à Sumatra, des gardes-forestiers juchés sur des éléphants nés en captivité patrouillent autour du parc national Way Kambas qui abrite environ 250 éléphants sauvages. A dos d'éléphant, ils voient mieux ce qui se passe et peuvent ainsi suivre les troupeaux à la trace dans cet immense parc composé de forêt tropicale et de marécages.

Les équipes de gardes-forestiers n’hésitent pas à recruter au sein des communautés locales afin d’impliquer ces dernières dans la préservation de l’espèce. Et cela fonctionne !

Il y quelques semaines, en pleine nuit, des villageois sonnent l'alarme : un éléphant sauvage de Sumatra ravage leurs champs de riz. Intervient alors Dodot, un cornac* sur son éléphant né en captivité. Sa mission : chasser l'intrus et éviter la confrontation entre les humains et le pachyderme pour sauver une espèce en voie d'extinction. C'est la troisième fois en un mois que le grand éléphant mâle en quête de nourriture surgit de la jungle et la troisième fois qu’une altercation que l’on devine violente est évitée avec les populations riveraines…

* Un cornac (dérivé du mot indien cornaca), ou mahout, est à la fois le maître, le guide et le soigneur de l'éléphant.