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18. juin 2021

Heureux présage pour le dauphin de l’Irrawaddy

Bien que vénéré au Cambodge, le dauphin de l’Irrawaddy est menacé. Mais la récente naissance d'un delphineau dans la province de Kratie ravive l'espoir d’un avenir pour l'espèce.

Une population fragile

Le dauphin de l'Irrawaddy (Orcaella brevirostris), est classé en danger critique d'extinction sur la liste rouge de l'IUCN.

Les Cambodgiens l’adulent. Et pour cause ! Selon un mythe populaire, le dauphin de l'Irrawaddy serait la réincarnation d’une jeune fille poursuivie par les forces du mal que le fleuve Mékong aurait métamorphosée en une créature de la rivière pour la protéger. C’est ainsi, racontent les habitants de la région, que sont nés ces drôles de mammifères à l’air rieur. Mais aujourd’hui, celui qu’on appelle « le sourire du Mékong » est  en danger critique d’extinction. Sur un tronçon de 190 km entre Kratie et la frontière laotienne, survit le dernier groupe de dauphins de l’Irrawaddy au Cambodge. Et de lourdes menaces pèsent sur les quelques 90 individus restants : destruction de leur habitat, pollution, consanguinité, maladie, électropêche.

La santé des populations de dauphins est directement liée à celle du fleuve dont le libre débit est menacé par des projets de barrages hydroélectriques dans les différents pays d’Asie du Sud-Est. Mais leur pire ennemi demeure le filet maillant qui pend, tel un rideau de mort, au beau milieu de leurs zones de nourrissage, dans lequel ils s’emmêlent, puis se noient, en quelques minutes à peine… À ce jour, toutes les populations riveraines sont inscrites sur la liste rouge de l'UICN, considérées en danger critique, c'est-à-dire dont la population est inférieure à 100 spécimens.

Deux dauphins d'Irrawaddy (Orcaella brevirostris) sautent hors de l'eau.

À l'heure actuelle, la population de dauphins de l'Irrawaddy (Orcaella brevirostris) est inférieure à 100 spécimens.

Rendre son sourire au dauphin de l'Irrawaddy

Afin de protéger le dauphin, le WWF œuvre au développement d'activités responsables telles que l'aquaculture, l'élevage ou encore l'écotourisme. 

Le WWF cherche à éradiquer les méthodes de pêche illégales, notamment en proposant aux populations des sources alternatives de revenus. Nous travaillons avec le gouvernement et des ONG locales pour développer des activités responsables, telles que l'aquaculture, l'élevage ou l'écotourisme, avec des projets opérationnels dans 37 villages. Dans la région, le tourisme lié aux dauphins attire environ 30 000 visiteurs par an, contre seulement 50 en 2000. Et balades en bateau et souvenirs génèrent des revenus non négligeables, constituant une forte incitation pour les communautés à protéger les dauphins.

En parallèle, nous surveillons quotidiennement la population de dauphins, afin d’étudier son évolution et comprendre notamment les causes des décès inexpliqués des nouveaux-nés. Nous menons des actions de sensibilisation dans toutes les écoles environnantes afin que les jeunes comprennent l’importance de ces dauphins et de la sauvegarde de leur milieu naturel. Fiers de « leur » dauphin d’Irrawaddy, les plus jeunes deviennent ainsi de fervents défenseurs du mammifère. Enfin, nous contribuons au financement et à la formation de patrouilles de surveillance pour repérer les filets maillants illicites et les retirer des eaux du Mékong.

Un dauphin d'Irrawaddy (Orcaella brevirostris) sort de l'eau.
Deux dauphins d'Irrawaddy (Orcaella brevirostris) sont dans l'eau.

Avec 89 spécimens le Cambodge est le pays qui compte la plus grande population de dauphins de l'Irrawaddy (Orcaella brevirostris).

Bienvenue au delphineau !

10 jours. C'est l'âge qu'avait le delphineau de l'Irrawaddy (Orcaella brevirostris) le 16 mai dernier, lorsque nos experts l'ont découvert dans la baie de Kratie.

La liste rouge de l’UICN alerte sur l’état des espèces végétales et animales en évaluant le risque d’extinction de milliers d’entre elles. Depuis plusieurs décennies, le dauphin de l’Irrawaddy voit son pronostic s’assombrir, l’organisme l’ayant placé dans la catégorie « en danger critique d’extinction ». En 2017, ce dauphin a totalement disparu du Laos. Le Cambodge est, à ce jour, le pays comptant la plus grande population avec 89 spécimens. Depuis 20 ans, le Royaume encourage fortement la préservation des dauphins du Mékong afin de conserver l’espèce d’une part, mais également parce que ceux-ci constituent une activité touristique clé pour la région. L’enjeu est donc clairement économique. Pourtant, entre janvier et mai 2021, nos équipes de chercheurs ont constaté quatre décès de dauphins. Avec un tel taux de mortalité enregistré entre janvier et mai 2020, les scientifiques sont inquiets et insistent sur la nécessité d'actions collectives encore plus nombreuses et de mesures de conservation plus fortes pour sauver l'espèce de l'extinction.

Heureusement, un rayon de soleil vient éclairer le tableau. Le 16 mai dernier, nos experts ont aperçu un nouveau delphineau, âgé d’environ 10 jours, dans le bassin de Kampi, dans la province de Kratie. S’il est le troisième nouveau-né depuis le début de l’année 2021, six naissances avaient été enregistrées sur la même période l’année dernière. Et l’espèce devrait bénéficier d’un coup de pouce supplémentaire. En effet, en avril 2020, le gouvernement cambodgien a rejeté le projet de barrage hydroélectrique de Sambor qui non seulement menaçait la survie de la dernière population de cétacés du Cambodge, mais aussi celle de millions de personnes qui dépendent directement du fleuve pour subvenir à leurs besoins.

Tous les Effet Panda

Dauphin de Guyane (Sotalia guianensis) observé par l'équipe du WWF Guyane (Guyane Française)

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