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22. août 2019

L’Amazone d’Europe s’offre une pause

8 projets de barrage annulés et une nouvelle réserve de biosphère UNESCO créée en Europe. C’est un immense soulagement pour la Mur et les milliers d’espèces qu’elle abrite !

Fleuve de vie

C'est le nombre d'espèces vivant en eau douce qui ont déjà disparu ou sont menacées d'extinction.

Lorsqu’il était petit, Arno Mohl, expert du WWF sur les questions d’eaux douces, chassaient les lézards et les grenouilles le long des rivières sinueuses d’Europe Centrale. Il pêchait sur les berges, jouissant de merveilleux paysages et d’une vie à profusion. À présent, seuls ses souvenirs demeurent. Comme plus de la moitié des eaux naturelles mondiales au cours des 40 dernières années, les rivières sauvages de son enfance ont été sacrifiées au profit du développement. Canalisation des fleuves, « assainissement » des zones humides, bétonnage des rives de lacs, déversements d’engrais, de pesticides et d’eaux usées, accidents industriels ou encore prélèvements abusifs pour la production d’électricité et l’irrigation, la pression exercée sur les fleuves augmente constamment. A ce jour, près d'un cinquième des quelque dix mille espèces vivant en eau douce ont déjà disparu ou sont menacées d’extinction.

Pourtant, le long de la plaine d’inondation de la Mur, de la Drave et du Danube, qui traversent l’Autriche, la Slovénie, la Hongrie, la Croatie et la Serbie, quelques zones où la nature semble encore intacte, subsistent. Cette région immaculée est surnommée « l’Amazone de l’Europe ». Elle héberge de nombreuses espèces, parmi lesquelles l’aigle à queue blanche, l’esturgeon ou encore le saumon du Danube.

Un vieux pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla), Suède.
Sterlet ou Esturgeon de Sibérie (Acipenser ruthenus) nageant au dessus des galets Belgique

De nombreuses espèces comme le Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) ou l'esturgeon (Acipenser ruthenus) vivent dans la rivière ou proche de celle-ci.

Préserver l’eau douce

Les barrages empêchent notamment certaines espèces de migrer via le courant des rivières et fleuves.

Parce que l’eau douce constitue une priorité absolue, le WWF combat les projets d’aménagement qui nuisent aux écosystèmes. Il s’engage pour la revitalisation et la sauvegarde des derniers cours d’eau naturels. En 2018, nous lançons #ProtectWater pour demander à la Commission Européenne de maintenir une législation forte sur l’eau. 375 386 personnes répondent à l’appel en participant massivement à la consultation publique de l’Union européenne !

Quelques mois plus tard, lorsque le gouvernement slovène annonce la construction de huit barrages hydroélectriques sur la rivière Mur, le WWF et ses partenaires contre attaquent via la campagne « Save the Mura ». 77 310 personnes signent notre pétition appelant les pouvoirs publics à renoncer à ce projet fou. Non seulement ce dernier condamnerait des milliers d’espèces qui n’auraient plus la possibilité de migrer via le courant mais il démultiplierait les risques de crues pour les communautés vivant en aval en raison de la perte des zones de rétention des eaux.

La rivière Mura vue du ciel, Slovénie.

La Mur abrite une biodiversité aquatique incroyable, la plus riche de Slovénie !

Un peu de répit

La réserve de biosphère UNSECO Mur-Drave-Danube gagne 13 000 hectares supplémentaires !

Heureusement, il semble que notre voix ait été entendue. En mars dernier, le gouvernement slovène a officiellement signé un accord interdisant la construction de barrage sur la rivière Mur. Toutes les études préalables ont en effet conclu que les différents projets nuiraient au bon état écologique des eaux de surface et auraient un impact environnemental significatif sur ce site classé Natura 2000. Les préparatifs amorcés en vue de l'établissement du plan d'aménagement du territoire (DPN) de la centrale hydroélectrique de Hrastje-Mota ont donc été stoppés net.

Plus réjouissant encore, autour de la Mur l’UNESCO vient de classer 13 000 hectares en réserve de biosphère, renforçant également ainsi la protection existante des cours inférieurs des rivières Drave et Danube. L’enjeu ici est de préserver le site en faisant en sorte que les activités anthropiques ne nuisent pas à cette nature remarquable et s’imbriquent de façon positive dans le décor. Le WWF et ses partenaires, qui s’efforcent de protéger cette zone depuis plus de 20 ans, se réjouissent de cette décision, tant l’identité de la région et la qualité de vie de ses habitants dépendent des lignes de vie que constituent les fleuves Mur, Drave et Danube. Les plaines inondables protègent les agglomérations des inondations et approvisionnement les populations riveraines en eau potable, tandis que la beauté des paysages, elle, renforce le potentiel de développement d’un tourisme durable.

Saumons rouges dans le Parc National Katmai

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