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23. novembre 2021

Un port industriel se mue en paradis pour oiseaux

Au nord d’Anvers, l’ancienne zone de polders De Kuifeend est désormais un paisible refuge pour les oiseaux migrateurs, véritable havre de paix où passer l’hiver et reprendre des forces avant de poursuivre son chemin.

Des milieux sacrifiés

Les zones humides assurent une grande part de l’alimentation mondiale par la pêche, l'élevage, la chasse, l'agriculture, et participent également à l’atténuation des risques liés au changement climatique. 

En un siècle, les hommes ont altéré la moitié des zones humides de la planète. Assèchements, drainages, mises en culture et pollutions… Ignorant les services rendus par ces milieux indispensables, nous les condamnons peu à peu au profit de l’agriculture intensive, de l’industrie ou de l’urbanisation. Et pourtant ! Tantôt décrites comme les « reins du paysage », pour les fonctions qu’elles remplissent dans le cycle de l’eau, et tantôt, comme des « réservoirs biologiques », en raison de la diversité des espèces qu’elles abritent, les zones humides comptent parmi les écosystèmes les plus productifs de la Terre. Elles assurent une grande part de l’alimentation mondiale par la pêche, l'élevage, la chasse et l’agriculture.

L’abondance des formes de vie y est étonnante : plantes, insectes, crustacés, mollusques, amphibiens, reptiles, poissons, oiseaux, mammifères s’y alimentent et s’y reproduisent en nombre. Lorsqu’elles sont situées près du littoral, les zones humides participent également à l’atténuation des risques liés au changement climatique en diminuant les menaces liées à l’augmentation du niveau de la mer annoncée par les scientifiques. Il est grand temps de réhabiliter ces précieux écosystèmes !

Réhabiliter les zones humides

La convention de Ramsar naît de l'initiative de Luc Hoffman, un des fondateur du WWF, et marque le début d’une reconnaissance officielle de l’importance écologique des zones humides.

Dès la première décennie de son existence, le WWF s’est attaché à reconquérir ces milieux, sur les pas de Luc Hoffmann, l’un de ses fondateurs, à qui l’on doit notamment la création de la station biologique de la Tour du Valat, de nombreux engagements pour des sites tels que Coto Doñana (Espagne), le Parc National de Prespa (Grèce) et le Parc national du Banc d’Arguin (Mauritanie). Il est également à l’origine de l’initiative qui a conduit à la signature de la convention de Ramsar. Du nom d’une petite ville du bord de la mer Caspienne, la convention de Ramsar, signée en 1971 et entrée en vigueur en 1975, marque le début d’une reconnaissance officielle de l’importance écologique des zones humides. L’inscription d’un site sur la liste Ramsar lui confère un statut international et, même si cette désignation n’entraîne pas d’obligation pour le pays signataire, de fait, le prestige acquis favorise la mise en place de mesures de conservation. 

Depuis près d’un demi-siècle, nous menons des actions très diverses, touchant aussi bien à la maîtrise foncière, au génie écologique, à l’étude et à la protection des espèces qu’à la pédagogie et à la sensibilisation. Grande ou petite, chacune d’entre elles contribue à la sauvegarde d’un patrimoine d’exception.
 

Un havre de paix pour les oiseaux

C'est le nombre d'espèces recensées dans la partie récemment rénovée de la Réserve naturelle De Kuifeend.

À l’origine, c’était une grande zone de polders le long de l’Escaut, au nord d’Anvers. Ces vastes étendues de terres artificielles conquises sur la mer grâce à des digues et des barrages constituaient des territoires marécageux particulièrement fertiles. Mais dans les années 50, l’expansion du port d’Anvers et la conversion des terres en zones industrielles — construction d’entrepôts et de docks le long des canaux — ont radicalement changé le paysage, perturbant l’équilibre du milieu naturel. Puis, d’autres travaux d’aménagement ont mis à mal le système de drainage initial des polders, qui se sont peu à peu transformés en une multitude d’étangs, tandis que la pluie submergeait davantage la zone.

Contre toute attente, le grand lac ainsi formé est devenu un véritable sanctuaire pour de nombreuses espèces d’oiseaux aquatiques. Les pouvoirs publics ont alors décidé de mettre la zone à l’abri. Depuis 1988, la Réserve naturelle De Kuifeend fait partie des zones protégées par la Directive européenne sur les oiseaux et fait également partie du Réseau Natura 2000. 


En 2018, Natuurpunt et le WWF s’associent pour mener de nouveaux chantiers d'aménagement. Ensemble, ils recréent des bassins fertiles, installent des pompes solaires pour éviter les sécheresses et utilisent la terre excédante comme tampon contre le bruit et les perturbations visuelles du port d’Anvers.
Depuis, des espèces d’importance régionale, nationale et internationale ont déjà fait leur retour. Le butor étoilé, la spatule blanche, le canard souchet, le canard chipeau ou encore le gorge-bleue à miroir y trouvent de la nourriture en abondance, y compris des larves de moustiques. La plupart des oiseaux fréquentant la Réserve de Kuifeend sont des espèces migratoires, qui interrompent leur route pour se ravitailler, se reposer et hiverner. En tout, 79 espèces ont été recensées dans la partie récemment rénovée de la zone. Ces opérations coûteuses ont ainsi rendu le milieu plus attractif pour la faune mais elles ont également permis de rétablir un service écologique essentiel, celui de la régulation de l’eau. En effet, le biotope est de nouveau en capacité d'absorber l’eau en cas de fortes précipitations mais aussi de la stocker pour atténuer les effets de la sécheresse en cas de fortes chaleurs.
 

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