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06. mai 2022

Un projet européen pour sauver le criquet de Crau

La commission européenne a donné son feu vert au lancement d’un programme ambitieux visant à préserver une espèce endémique menacée d’extinction. 2 millions d’euros seront consacrés à la sauvegarde du criquet de Crau !

Petit insecte, gros enjeu

Le criquet de Crau est une espèce dite “parapluie” : le préserver revient à préserver son milieu et toutes les espèces qui y sont associées, à commencer par l’Homme.

Le criquet de Crau va bénéficier de son propre projet LIFE, à l’instar du lynx pardelle ou encore du desman des Pyrénées. Il s’agit du dispositif européen pour sauvegarder des espèces menacées, similaire à un programme de conservation national, mais financé, en partie, par l’Union Européenne. De 2021 à 2025, la conservation de Prionotropis rhodanica bénéficiera donc de ce coup de pouce. 

Dès 2007, l’espèce est protégée en France et, en 2014, l’association régionale de protection de la nature CEN PACA et l’UICN définissent une stratégie de conservation pour la préserver,  une première pour une espèce d'insectes !

En 2020, le Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur et ses partenaires soumettent à la Commission européenne une proposition pour aller plus loin : la mise en place d’un projet LIFE. Presque deux ans plus tard, celui-ci est validé et le projet officiellement lancé fin novembre 2021.

D’un montant global de près de deux millions d’euros, (financés à 60 % par l’Europe), le projet LIFE SOS Criquet de Crau vise la sauvegarde de l’espèce, avec quatre priorités : étendre les zones d’habitat favorable, réduire les menaces qui pèsent sur elle (prédation par les oiseaux notamment), la reproduire en captivité pour la réintroduire et sensibiliser le grand public à la nécessité de la protéger.

Si tant d’efforts sont déployés pour une si petite bête, c’est parce que le criquet de Crau est une espèce dite “parapluie” : le préserver revient à préserver son milieu et toutes les espèces qui y sont associées, à commencer par l’Homme. Nous le savons désormais, les écosystèmes qui perdent des espèces et s’appauvrissent deviennent de plus en plus fragiles face aux changements climatiques et aux maladies. Protéger les espèces qui nous entourent c’est donc se protéger soi-même car l’humain peut être directement touché par leur déclin.
 

Priontropis rhodanica

Une mauvaise réputation usurpée

Au cours des vingt dernières années, sa distribution a régressé de 90 %

Criquets, sauterelles ou grillons, les orthoptères n’ont pas bonne presse. Dans la bible, déjà, la parabole des dix plaies de l’Égypte décrivait des nuées qui « couvraient toute la surface de la Terre, mangeaient plantes et fruits et plongeaient le monde dans l’obscurité »… Un texte qui fait écho aux ravages des criquets dans les champs de certaines régions du globe, souvent déjà très vulnérables, comme le Sahel ou l’Afrique de l’Est. Pourtant, cette effroyable réputation, les criquets ne la doivent qu’à quelques espèces, dont la plus emblématique est le Criquet pèlerin. En réalité, sur environ 6 000 espèces de criquets connues dans le monde, peu d’espèces font des ravages.

Le Criquet de Crau, Prionotropis rhodanica, est, par exemple, totalement inoffensif pour les récoltes. Hélas, il a connu un déclin dramatique en raison de la destruction de son habitat, la plaine de Crau (Bouches-du-Rhône), au cours du XXe siècle. Dans cette zone proche de la Camargue, de grandes parcelles de steppe ont été mises en culture ou urbanisées. 

Dans les années 1990, l’espèce était toujours présente dans de nombreux coussouls résiduels. Mais au cours des vingt dernières années, sa distribution a régressé de 90 %, accélérée par l’augmentation des populations d’oiseaux insectivores. Aujourd’hui, seules trois sous-populations subsistent.
 

Priontropis rhodanica

Freiner l’érosion du vivant

Depuis plus de 50 ans, le WWF se consacre à la protection de la vie sauvage, en choisissant des espèces emblématiques, pour elles-mêmes - parce qu’elles sont uniques - mais aussi parce que leur bonne santé garantit celle d’espèces avec lesquelles elles cohabitent, ou permet de préserver des paysages ou des milieux qui les accueillent. Sur le terrain, nous déployons des actions pour protéger leurs habitats, restaurer et améliorer leur connectivité, faire reculer le trafic illégal des espèces sauvages prioritaires.

Le WWF contribue notamment à la protection du criquet de Crau et de toutes les espèces avec qui il cohabite en préservant son habitat, grâce à l’acquisition foncière, un instrument efficace pour préserver le patrimoine naturel.

En effet, nous sommes propriétaire du site de Peau de Meau, au cœur de la Réserve Naturelle des Coussouls de Crau, depuis 1989. Cette dernière steppe naturelle d’Europe de l’Ouest abrite une petite population de Prionotropis rhodanica.

En tant qu’acquéreur en pleine propriété, nous contrôlons l’utilisation des terrains concernés, nous pouvons les soustraire à la spéculation immobilière et assurer une gestion écologique et paysagère du site pour mettre les espèces qu’il héberge à l’abri… 

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