Engager les institutions financières
La finance joue un rôle majeur dans le façonnement du monde actuel. Elle est un levier clé pour initier un changement durable et pérenne. Pour répondre aux sujets environnementaux et climatiques les plus pressants, de grandes quantités de capitaux, qu’ils soient publics ou privés, doivent être orientées.
Gardons à l’esprit que l’inaction à terme sera plus onéreuse que l’action amorcée dès à présent.
L’Agence internationale de l’énergie estime à plusieurs milliers de milliards de dollars les investissements nécessaires pour que la transition énergétique s’opère et que la température mondiale ne dépasse pas les 2°C. Le monde éviterait ainsi les pires effets du réchauffement climatique.
Ces montants colossaux ne peuvent pas être le fruit des finances publiques uniquement. Le secteur privé doit s’approprier le sujet car sa participation est indispensable. L’inaction et ses conséquences financières dépassent de loin le risque que l’économie est prête à supporter. Un rapport de The Economist Intelligence Unit, commandé par Aviva, estime la perte potentielle issue d’un réchauffement à 6°C à 56 800 milliards de dollars, soit plus de 80% de la capitalisation boursière actuelle de tous les marchés boursiers mondiaux.
Le modèle économique actuel fonctionne sur l’hypothèse que le monde dispose de ressources illimitées. Cette idée est insoutenable et a pour conséquence des comportements court-termistes favorisant la dégradation de l’environnement et le changement climatique mais également accentuant les inégalités sociales et la pauvreté.
Objectif : climat et énergie
Un montant non négligeable
56 800 milliards de dollars, c’est le montant d’actifs financiers qui pourrait disparaître du fait d’un réchauffement climatique de 6 degrés d’ici la fin de ce siècle.
Ces facteurs environnementaux mal appréhendés lors des prises de décision soumettent le capital des institutions financières, mais également des épargnants pour qui elles gèrent l’argent, à des risques potentiels. Nous pouvons prendre deux exemples révélateurs, respectivement un investissement dans l’énergie fossile et dans l’agriculture. Dans un premier temps, prenons l’exemple d’un actif dont l’activité est l’extraction d’énergie fossile, comme le charbon. Quelle serait la valeur de cet actif si demain, contraint par le changement climatique, il devenait interdit d’extraire et d’utiliser cette matière première ? Dans un second temps, prenons l’exemple du secteur agricole qui pâtirait de tensions sur les ressources en eau, affaiblissant les rendements et donc de fait sa valorisation financière.
Ce risque financier n’est pas le seul. Le risque de réputation est omniprésent pour tout investisseur impliqué dans ces industries controversées. Les parties prenantes sont de plus en plus critiques sur les questions environnementales, alarmant de fait le grand public. Le capital sympathie du secteur financier souffre encore de la crise mondiale des subprimes. Les établissements financiers sont douloureusement conscients, mieux que quiconque, des dommages qui peuvent être causés à leur réputation et aux répercussions immédiates sur leur profitabilité.
Participant à l’activité économique, le secteur financier est tributaire de la croissance mondiale. Il est donc exposé de facto à une multitude de risques associés aux facteurs environnementaux pouvant toucher n’importe quel secteur d’activité. Le secteur financier est donc le mieux placé pour saisir tout le potentiel offert par l’économie durable que ce soit en terme de gestion des risques, que de business.
L’étude de Mercer, « Investir dans une période de changement climatique » fait le constat suivant : intégrer les considérations climatiques dans l’allocation d’actifs, grâce à des investissements dans les énergies renouvelables et d’autres technologies à faibles émissions de carbone, offre au secteur financier un moyen d’obtenir de meilleur rendement avec un risque maîtrisé tout en contribuant à la transition énergétique.
De même, les objectifs de développement durable offrent de nouveaux potentiels de croissance. L’intérêt est tout trouvé pour les investisseurs.
La contribution du WWF France
Nous prenons à cœur d’informer notre base de soutien sur la façon dont leurs décisions financières peuvent être utilisées pour favoriser un changement vers une économie durable.
Le système financier peut faire la différence dans notre modèle économique actuel. Il peut influencer de manière significative le développement durable, non seulement en intégrant mieux le risque environnemental, mais également en fournissant des mécanismes respectueux de la nature et conduisant à des pratiques commerciales durables.
C’est ici que nous intervenons. Par le plaidoyer, la publication de rapports et des collaborations novatrices, notre objectif est de faire intégrer les considérations environnementales dans le monde de la finance traditionnel.
Notre objectif est de favoriser des investissements dans les projets respectueux de l’environnement et de réduire leur coût du capital. En même temps nous cherchons à rendre plus transparents tous les risques liés aux activités non durable et à forte émission de carbone.
Nous travaillons avec les banques, les investisseurs, les gestionnaires d’actifs, les consultants en investissement et les assureurs afin de promouvoir les bonnes pratiques en faveur de la planète et ainsi la pérennité de l’épargne des Français. Ce faisant, nous les aidons à comprendre l’impact matériel que les risques environnementaux en lien avec les émissions de carbone, les tensions sur l’eau ou encore la perte de biodiversité ont sur leurs investissements.
Nous travaillons globalement et de concert avec d’autres collègues du WWF dans nos régions prioritaires pour atteindre nos objectifs mondiaux. Avec les gouvernements, la société civile et les organismes de réglementation, nous travaillons également sur les changements de politique par le plaidoyer.
Nos chantiers
Le WWF promeut ce cadre réglementaire dans les fora internationaux tels que l’Union Européenne, l’OCDE, le G20, etc., et évalue la façon dont le secteur financier l'applique.
Loin d’être exhaustif, nos chantiers portent notamment sur les obligations vertes et l’article 173 de la Loi sur la Transition Energétique pour la Croissance verte (TECV).
Les obligations vertes voient le jour. Ces instruments financiers favorisent l’allocation de capitaux vers une économie durable. Le WWF souhaite accompagner le développement de normes et de standards concrets et crédibles autour de ces obligations vertes. La place de Paris, notamment à travers l’initiative « Finance for Tomorrow » portée par les acteurs de la place peut être un acteur décisif sur le sujet. Nous y prenons part pour augmenter le niveau d’exigence. Le WWF France a également contribué à ce que la France soit le premier pays à émettre de la dette verte, soit 9 milliards d'euros d'obligations vertes en 2017.
L’article 173 de la loi sur la Transition Energétique pour la Croissance Verte (TECV) est une initiative novatrice et ambitieuse du législateur français. Il est expressément demandé au secteur financier français de jouer la transparence. Il est attendu une publication annuelle portant sur les risques associés au changement climatique. Cette obligation devrait permettre la prise de conscience de tous les acteurs, c’est-à-dire de l’établissement financier lui-même à l’épargnant. Elle encouragera les flux d’investissement privés à être plus vertueux et à favoriser la transition énergétique pour limiter un risque désormais identifié.
Projets actifs
Le WWF oeuvre à la mobilisation des institutions financières pour initier un changement durable et pérenne dans nos modes de vie et répondre aux sujets environnementaux et climatiques les plus pressants.