Panneaux solaires à Los Angeles, Etats-Unis
Retour
02. janvier 2017

La Pologne émet ses premières obligations vertes

La surprise est venue de Pologne : ce pays, souvent décrié pour son soutien inconditionnel au très polluant charbon, est devenu le premier Etat au monde à émettre des obligations souveraines vertes.

La menace d’un « greenwashing »

À la différence des emprunts classiques, les « obligations vertes » permettent de financer des projets à bénéfice environnemental.

Face aux nouvelles contraintes liées à la transition énergétique, le secteur financier riposte.  
Apparus au milieu des années 2000, les "green bonds" se sont fortement développés ces dernières années et devraient dépasser les 75 milliards de dollars levés cette année. Même si cela représente toujours moins de 1% des émissions obligataires mondiales, ce chiffre montre bien l’intérêt des investisseurs pour ce nouveau marché.

Tout l'enjeu est désormais d'assurer la traçabilité et la qualité du contenu de ce qui est financé. A ce stade, ces offres nouvelles manquent de critères et de référentiels solides. Dans la plupart des cas, c’est l’émetteur lui-même qui définit ce qui est vert et ce qui ne l’est pas, sans garde-fous appropriés. Il existe donc un risque réel de « greenwashing » qui pourrait perturber le développement de ce marché naissant.

Encourager et sécuriser le développement des obligations vertes

Convaincu du fort potentiel du marché des obligations vertes (green bonds) pour accélérer la transition écologique et énergétique grâce aux capitaux publics et privés qu’il permet de lever, le WWF mène des actions de lobby pour la sécurisation du marché des obligations vertes en devenir.
Le 13 juin dernier, le WWF publiait un rapport intitulé "Les obligations vertes doivent tenir leur promesse". Dans ce document de référence sur le marché des obligations vertes, nous appelons à des normes fiables, crédibles, suffisamment précises et largement acceptées. Seule une obligation pour laquelle l’émetteur peut démontrer des bénéfices environnementaux tangibles et mesurables, certifiés par un organisme indépendant, devrait être considérée comme une « obligation verte ».

La Pologne, premier Etat à émettre des obligations vertes

750 millions d’euros seront affectés à des projets portant sur les énergies renouvelables ou les transports propres.

Contre toute attente, c’est la Pologne, plus connue pour ses investissements dans les énergies fossiles que pour son engagement en faveur de la transition énergétique, qui sera le premier Etat à émettre des obligations vertes ! Varsovie s'apprête donc à griller la politesse à Paris dans la course pour émettre le premier « green bond » souverain.
En effet, la France qui avait annoncé en septembre dernier son projet d'émettre une obligation verte est en train de finaliser la structuration de son emprunt. Ce dernier ne devrait pas être lancé avant le premier trimestre 2017. Mais peu importe car la bonne nouvelle c’est que le mouvement est en marche. L’annonce de la France en avril semble avoir fait des émules auprès d’autres gouvernements.


La Pologne s’apprête aujourd’hui à émettre des obligations vertes pour financer la transition vers une économie bas carbone, tandis que la Suède creuse sérieusement le sujet.

Reste à présent à regarder dans le détail ce qu’il y a derrière ces actifs et à s’assurer que ces obligations vertes tiennent bel et bien leurs promesses, en respectant des normes fiables, crédibles et suffisamment précises pour accélérer la transition écologique et énergétique.