À partir du 10 mai 2019, l’Union européenne entrera en déficit écologique
Alors que nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale de l’Europe, à partir de demain les Européens vivront à crédit : c’est le Jour du dépassement européen. Cela signifie que si le monde entier vivait comme les Européens, nous aurions consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète peut renouveler en un an. Cette date, dévoilée par le WWF en partenariat avec le Global Footprint Network, intervient à 17 jours des élections européennes et alors que les chefs d’Etats de l’Union européenne se réunissent aujourd’hui à Sibiu en Roumanie pour le Sommet sur l’avenir de l’Union européenne.
Pour approfondir le sujet :
Rapport Planète Vivante??⌛ Le #JourDuDépassement, c'est le jour à partir duquel un pays/une région a consommé toutes les ressources que la Terre peut renouveler en un an.
— WWF France ? (@WWFFrance) May 9, 2019
Demain déjà, les Européens vivront à crédit → https://t.co/43emA1pOrD #EuropeDay pic.twitter.com/Lz9YTn5tiF
Le Jour du dépassement, c’est le jour à partir duquel nous avons pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres et cultivé plus de terres que ce que la nature ne peut nous procurer au cours d'une année. Cela marque également le moment où nos émissions de gaz à effet de serre auront été plus importantes que ce que nos océans et nos forêts ne peuvent absorber. C’est demain que l’Union européenne franchira cette limite, alors que l’année n’est entamée que de cinq mois.
Si toute l’humanité consommait autant de ressources que les Européens, elle utiliserait l’équivalent de 2,8 planètes Terre pour subvenir à ses besoins. Un résultat bien au-dessus de la moyenne mondiale qui se situe autour de 1,7 Terre. En effet, alors que la population de l’Union européenne ne représente que 7% de la population mondiale, les Européens utilisent à eux seuls 20% de la biocapacité de la Terre.
Les Européens utilisent à eux seuls 20% de la biocapacité de la Terre alors qu'ils ne représentent que 7% de la population mondiale.
Le Jour du dépassement européen a dramatiquement avancé dans l’année ces dernières décennies, passant du 13 octobre en 1961 au 10 mai cette année. Au sein de l’Union européenne, il existe des différences notables : le Luxembourg atteint son jour du dépassement après seulement 46 jours, tandis que la Roumanie a consommé toutes les ressources pour l’année entière au bout de 192 jours – plus tôt que la moyenne mondiale cependant, qui était le 1er août en 2018.
La dette écologique a un impact sur notre planète, sur notre économie et notre santé
Le Luxembourg atteint son jour du dépassement après seulement 46 jours !
Le 10 mai, l’Europe sera donc en déficit écologique. Un déficit que nous continuons de creuser d’année en année, en empruntant des ressources naturelles à la Terre, aux autres pays et aux générations futures. C’est un constat sans appel : si la Planète était une entreprise, elle serait au bord de la faillite. L’érosion du capital naturel et ses conséquences directes ou indirectes (chute des stocks de poissons, érosion des sols, pollutions, extinctions d’espèces et dérèglement climatique) ont un coût important, à la fois pour l’économie et notre santé : les événements climatiques extrêmes ont coûté 450 milliards d’euros à l’Europe depuis 1980 et la pollution de l’air cause 430 000 morts prématurées en Europe chaque année. Agir pour le climat et l’environnement, c’est aussi œuvrer pour le bien-être et la qualité de vie des citoyens européens.
Un signal fort alors que les citoyens européens vont voter pour leurs représentants au Parlement
Si tous les humains consommaient autant que les Européens, nous passerions de loin ce que la planète peut nous offrir !
Le WWF a choisi de mettre l’accent sur le Jour du dépassement européen au moment où les citoyens sont invités à voter pour leurs représentants au Parlement européen. Pour nous amener vers une neutralité carbone, protéger la nature et inverser la courbe de la perte de la biodiversité à la fois en Europe et dans le monde, ils devront prendre dans les années à venir des décisions ambitieuses. Pour cela, les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies fournissent un cadre essentiel.
L’Union européenne et ses Etats membres ont l’opportunité de réduire leur empreinte écologique en choisissant de mettre en œuvre les priorités et politiques adaptées. C’est pourquoi le WWF appelle les représentants politiques et les décideurs européens à prendre les mesures suivantes afin d’atteindre nos engagements internationaux.
- Pour un système agricole et alimentaire durable, le WWF demande l’adoption d’une politique agricole commune qui préserve les ressources naturelles, favorise l’emploi agricole et protège les agriculteurs des fluctuations des marchés internationaux ; le développement de mesures législatives pour répondre à l’impact environnemental européen au-delà de ses frontières, grâce à l’adoption d’un plan d’action contre la déforestation, la dégradation des forêts et la conversion des écosystèmes naturels.
- Le WWF demande la mise en œuvre de l’Accord de Paris afin de maintenir la hausse des températures à 1,5°C, notamment via l’engagement d’atteindre zéro émission nette d’ici 2040 via le développement et la mise en œuvre d’un cadre législatif adapté. Aussi, de revoir à la hausse les objectifs climat et énergie de l’Union européenne pour 2030, en accord avec cette ambition et afin de réussir la transition vers 100% d’énergies renouvelables.
- Le WWF attend des décideurs politiques européens qu’ils soient des leaders mondiaux dans l’adoption d’un New Deal pour la Nature en 2020 qui renforce les objectifs mondiaux et les mécanismes pour mettre un terme à la destruction de la nature d’ici 2030. Cela passe par la mise en œuvre du cadre légal européen existant sur la protection des habitats, des espèces et des écosystèmes d’eau douce dans l’Union européenne. Enfin, le WWF demande l’allocation de 1% du budget européen pour la biodiversité via le programme Life de la Commission européenne.
- Pour protéger nos océans, il est crucial d’adopter et de mettre en œuvre des règles de contrôle et de suivi afin d’assurer que toutes les activités de pêche menées par les flottes européennes et que tous les produits de la mer entrant sur le marché européen soient légaux et issus d’une pêche durable.
- Enfin, le WWF demande qu’au moins 50% du budget européen soit consacré aux économies bleue et verte, en ligne avec l’objectif de l’Accord de Paris ; et la garantie que le reste du budget ne soit pas alloué à des initiatives néfastes pour le climat ou l’environnement.