Conférence des Nations unies sur l'océan : Bilan d’une semaine pour les Océans
Alors que s’achève la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan, le WWF France salue les engagements pris dans plusieurs domaines, tout en avertissant que le succès se mesurera à l’aune de leur mise en œuvre effective.
Bien que cette troisième Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice soit le plus gros sommet sur les Océans jamais organisé, permettant le lancement d’une véritable diplomatie océanique face aux menaces critiques que sont la surpêche, le changement climatique et la pollution, le WWF appelle les dirigeants du monde à maintenir l’élan créé à Nice.
Un sommet inédit, des avancées concrètes… mais des efforts à poursuivre
À la veille de l’UNOC, 8,4% de l’Océan était protégé, ce sont plus de 10% qui le sont désormais.
Au cours du sommet, notamment grâce à la mobilisation de la France, 19 pays supplémentaires ont ratifié le Traité sur la haute mer, portant le total à 51 parties (50 pays plus l’Union européenne), rapprochant ainsi l’accord du seuil de 60 nécessaires pour son entrée en vigueur. Si d’autres pays ratifient le traité d’ici à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre, il pourrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année, permettant la création d’aires marines protégées en haute mer.
À la veille de l’UNOC, 8,4% de l’Océan était protégé, ce sont plus de 10% qui le sont désormais. Au niveau français, le WWF salue la création de la plus grande AMP au monde en Polynésie et surtout que près de 20% de sa superficie soit en protection stricte. Le WWF France relève également et positivement que d’ici fin 2026, 4% des eaux de l’Hexagone devraient être classées en « protection forte », contre seulement 0,1 % aujourd’hui. Cependant, il regrette que les annonces gouvernementales ne se concentrent que sur une pratique de pêche, le chalutage de fond, sans prendre en compte l’ensemble des pratiques destructives de la colonne d’eau où il y a des enjeux importants, à commencer par les captures accidentelles. Le fond et la colonne d’eau forment un écosystème, l’interdiction du chalutage de fond dans certaines zones est une avancée car elle reconnaît l’impact de cet engin, mais elle ne suffit pas. Il n’y aura d’avancées sur la conservation que si l’ensemble de l’espace marin est protégé.
Des mesures encourageantes pour la pêche, mais encore insuffisantes
Il ne manque plus que dix ratifications pour l’entrée en vigueur de l’accord ; le WWF appelle les États restants à s’engager au plus vite. C’est particulièrement important pour la France dont les territoires ultramarins sont une victime récurrente de ce phénomène : la pêche illégale a doublé en Guyane en dix ans
En matière de pêche, 103 pays ont désormais ratifié l’Accord de l’OMC sur les subventions à la pêche, visant à réduire les subventions les plus néfastes – celles qui soutiennent la pêche illégale, et la pêche non réglementée en haute mer. Il ne manque plus que dix ratifications pour l’entrée en vigueur de l’accord ; le WWF appelle les États restants à s’engager au plus vite. C’est particulièrement important pour la France dont les territoires ultramarins sont une victime récurrente de ce phénomène : comme l’a montré une étude réalisée par l’IFREMER, le Comité des Pêches et le WWF France, la pêche illégale a doublé en Guyane en dix ans, ce qui exige une action forte à la fois des autorités pour rétablir la souveraineté de la France dans les eaux guyanaises et de la Commission européenne pour poursuivre avec les pays voisins les procédures permettant de traiter ce fléau à sa source.
En revanche, malgré les actions du WWF pour interpeller la Commission européenne sur la préservation des tortues et le dispositif de pêche TED, le soutien actif de la France, et les 35 000 signatures déjà obtenues sur notre pétition, aucune déclaration de la Commission sur des conditions à imposer pour l’importation de crevettes tropicales sauvages permettant de sauvegarder les tortues n’est à comptabiliser.


Progrès majeurs pour les espèces marines et contre la pollution plastique
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Plus de 90 pays, sous la houlette de la France, ont exprimé leur soutien à un traité mondial juridiquement contraignant sur la pollution plastique au cours de la conférence – un signal encourageant de coopération internationale, mais qui reste le strict minimum en vue des négociations à venir. Après l’échec du cycle précédent en décembre, les États doivent en priorité réduire la production de plastique, le recyclage ne suffisant pas.
Quatre États supplémentaires ont rejoint l’appel à une pause de précaution ou un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins, portant le total à 37 pays. Cela montre qu’un nombre croissant de gouvernements et d’entreprises reconnaissent la nécessité d’attendre que les connaissances scientifiques soient suffisantes pour garantir la protection efficace du milieu marin.
À l'initiative du WWF, des avancées majeures ont également été réalisées pour la protection des espèces marines emblématiques, avec le lancement de la Coalition mondiale pour stopper l’extinction des requins et des raies, conduite par la France et soutenue par une dizaine d’Etats et plus de 70 organisations. Cette mobilisation vise à enrayer le déclin dramatique de ces espèces clés pour les écosystèmes marins : plus d’un tiers des requins et des raies sont aujourd’hui menacés d’extinction, en grande partie à cause de la surpêche. Cette coalition représente un signal fort de volonté politique et de coopération internationale pour inverser la tendance, en s’appuyant sur la science, une gestion durable des pêches ainsi que l’amélioration et la mise en œuvre des accords
internationaux.

« Accueillir la Conférence des Nations unies sur l’océan ici à Nice a permis de placer la France au cœur de l’action pour l’avenir de l’océan. La France, en tant que deuxième puissance maritime, doit continuer à jouer un rôle moteur pour faire respecter les engagements pris à Nice, en s’appuyant sur la science, sur la voix des peuples autochtones et des communautés locales, et en mettant un terme aux activités destructrices. À cet égard, le WWF France sera particulièrement vigilant quant à l’effet réel des annonces de la France sur ses aires marines protégées en métropole ; il est n’y a d’avancée que quand la protection est réelle et les pressions. Ensemble, nous devons faire de cette conférence un tournant. Il n’y aura pas d’avenir durable sans un océan sain”.
