COP28 : l’urgence d’un accord pour sortir des énergies fossiles
La COP28 sur le climat s’ouvre ce 30 novembre dans un contexte inédit. Alors que l’année 2023 bat des records de température et que le marché mondial de l’énergie s’est profondément reconfiguré depuis 2022, jamais une COP n’a suscité autant d’attentes, de craintes, mais surtout de mobilisation. Pour la première fois depuis trente ans, les 197 gouvernements réunis à Dubaï peuvent enfin acter la sortie des énergies fossiles. Le WWF sera mobilisé à Dubaï pour poser les fondations d’un accord mondial historique sur la sortie du charbon, du pétrole et du gaz qui représentent 90 % des émissions mondiales de CO2. Pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique, le WWF attend également des décisions concrètes sur la protection des grands bassins forestiers de la planète et le déploiement massif des énergies renouvelables
Poser les fondations d’un accord mondial pour en finir avec les énergies fossiles
Le gaz, le pétrole et le charbon cumulent 90 % des émissions mondiales de CO2
En finir pour de bon avec les énergies fossiles. C’est le travail auquel s'attèlent les équipes du WWF France depuis la COP26 de Glasgow, où les 197 Etats parties à la Convention de l’ONU sur le climat s’étaient engagés à réduire l’utilisation de charbon, levant ainsi un tabou historique sur la question des énergies fossiles dans les négociations climatiques internationales. Pourtant le gaz, pétrole et charbon cumulent 90 % des émissions mondiales de CO2 et les Etats de la planète prévoient encore de produire plus du double des énergies fossiles que le plafond qui nous permettrait de limiter le réchauffement climatique à 1,5°. Et malgré des débats nourris à la COP27 de Sharm El-Sheikh, le gaz et le pétrole sont en effet restés à ce jour un tabou des COP sur le climat.
Pour esquisser sérieusement la transition énergétique, il faudra parallèlement accélérer le développement des énergies renouvelables et investir dans les mesures d’efficacité comme de sobriété énergétique.
Un an après l’accord de Montréal, passer à l’action pour protéger la biodiversité
La nature est notre première alliée dans la lutte contre le réchauffement climatique : ces dix dernières années, les écosystèmes naturels, terrestres et océaniques, ont déjà absorbé 54 % des émissions de CO2 liées aux activités humaines.
Durant ces dix dernières années, les écosystèmes naturels, terrestres et océaniques, ont déjà absorbé 54 % des émissions de CO2 liées aux activités humaines.
Si la biodiversité s’est progressivement invitée au programme des COP, les Etats s’y contentent souvent de rappeler l’importance de protéger les écosystèmes naturels sans passer encore à l’action : à la COP27, ils n’avaient fait aucune référence à l’accord mondial sur la biodiversité qui devait être adopté quelques jours plus tard à Montréal.
Dans ce contexte, la COP28 peut marquer un tournant : l’accord mondial sur la biodiversité adopté à Montréal fin 2022 oblige maintenant les Etats. Et les tâches ne manquent pas, dès 2023, pour les engager à protéger et restaurer les écosystèmes ainsi qu’à transformer en profondeur leur économie. Avant la prochaine COP biodiversité programmée en 2024, l’année 2023 ne doit pas être une année à vide pour la nature. Afin de crédibiliser l’action climatique, le WWF appelle les gouvernements réunis à la COP28 à mettre en œuvre l’accord mondial sur la biodiversité adopté à Montréal en 2022, notamment en présentant leurs plans nationaux et en commençant à réduire les dépenses publiques qui continuent de subventionner la destruction de la nature à coups de milliards de dollars.
Protéger les grands bassins forestiers de la planète
Réapparue sur le devant des COP à la COP26, avec la signature d’une déclaration internationale contre la déforestation, les forêts ont été depuis lors propulsées au premier plan du calendrier diplomatique, avec la proposition de “contrats politiques et financiers” formulée par la France à la COP27 et précisée au gré des sommets internationaux dédiés aux forêts en 2023, de Libreville à Brazzaville en passant par Belem.
Après un an de tractations, le WWF attend de la COP28 qu’elle acte la création d’accords bilatéraux de financement pour la protection des forêts, afin d’apporter une contribution financière concrète aux pays déterminés à protéger leurs stocks de forêts, de la même manière que des financements sont apportés aux pays engagés dans la transition de leur secteur énergétique, de l’Afrique du Sud au Sénégal en passant par l’Indonésie. Le premier accord, annoncé cet été avec la Papouasie Nouvelle Guinée, devra quant à lui voir son enveloppe financière précisée et fléchée dans le cadre d’une stratégie définie de protection des forêts primaires du pays.
"Il faudra trouver à la COP28 la recette diplomatique pour poser les fondations d’un accord mondial pour la sortie des énergies fossiles."
Arnaud Gilles, chargé des plaidoyers climat énergie diplomatie au WWF France : « Cette COP28 a beaucoup pour déplaire sur le papier, et pourtant : elle pourrait bien mettre un terme à trente ans de négociations d’autruche sur la question de l’énergie, où les gouvernements ont parlé de tout sauf des premiers responsables du réchauffement climatique : le gaz, le pétrole, le charbon. De ce point de vue les négociations sont arrivées cette année à la maturité nécessaire pour obtenir un accord historique : la présidence de la COP s’est activée dans toutes les régions du monde, le dialogue entre pays producteurs et consommateurs d’énergie s’est renforcé, les renouvelables connaissent un boom d’investissement sans précédent. Les ingrédients sont là et il faudra trouver à la COP28 la recette diplomatique pour poser les fondations d’un accord mondial pour la sortie des énergies fossiles. Le WWF s’y attèlera sans relâche à Dubaï, où nous ne laisserons pas un centimètre de plus aux lobbys fossiles déjà surreprésentés ».
