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28. juillet 2022 — Communiqué de presse

Jour du dépassement de la Terre : l’humanité entre dans le rouge.

Cette année, le jour du dépassement de la Terre intervient le 28 juillet 2022, dans un contexte marqué par des phénomènes climatiques extrêmes (sécheresses, canicules, feux de forêts). Si le système agricole et alimentaire subit de plein fouet les conséquences du changement climatique et l'effondrement de la biodiversité, le modèle actuel est également l'un des principaux responsables de la surexploitation des ressources et contribue fortement à ce dépassement. La preuve cette année en chiffres et en images.

Le jour du dépassement, kézako ?

Actuellement, il nous faut 1,75 Terre pour regénérer ce que l'humanité consomme.

Calculée par le Global Footprint Network, la date du 28 juillet correspond à la date à partir de laquelle l’humanité a consommé (empreinte écologique) l’ensemble des ressources que la Terre peut reconstituer en une année (biocapacité). Autrement dit : pour régénérer ce que l’humanité consomme aujourd’hui, il nous faudrait l’équivalent de “1,75 Terre” en termes de surface. A partir d’aujourd’hui, nous vivrons 5 mois dans le rouge en entamant le capital naturel nécessaire au maintien de la vie sur Terre.

En 20 ans, le Jour du dépassement de la Terre a avancé de 2 mois

« La sécurité des ressources écologiques est en train de devenir un paramètre essentiel de la puissance économique. Il est dans l'intérêt de chaque ville, entreprise ou pays de protéger sa propre capacité à fonctionner dans un monde rendu de plus en plus prévisible par le changement climatique et les limites intrinsèques de ces ressources. » 

Mathis Wackernagel, fondateur de Global Footprint Network

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Actuellement, il nous faut 1,75 Terre pour regénérer ce que l'humanité consomme.

Cause majeure du dépassement : un système agricole et alimentaire non soutenable

Au total, la moitié de la biocapacité de la planète est aujourd'hui utilisée pour nourrir l’humanité

L'analyse des causes du dépassement fait apparaître le rôle du système agricole et alimentaire. En effet, nos régimes alimentaires nécessitent aujourd’hui en termes de nourriture de grandes surfaces de cultures et rejettent d'importantes émissions de GES. Au total, la moitié de la biocapacité de la planète (55 %) est aujourd'hui utilisée pour nourrir l’humanité - avec des modèles très différents les uns des autres.

Notre modèle en Europe est particulièrement responsable de cette surconsommation, où la viande tient une place disproportionnée dans notre alimentation et où l'essentiel de la production est liée à une agriculture intensive.

Transformer notre système agricole et alimentaire pour faire reculer le Jour du dépassement

Passer à un régime alimentaire durable en réduisant la consommation de produits animaux pourrait réduire d’au moins 30 % les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’alimentation.

Pour réduire l’empreinte écologique de notre système agricole et alimentaire, préserver la biocapacité de la Terre et faire reculer le Jour du dépassement, trois transformations urgentes doivent être enclenchées :

  • Réduire la consommation de protéines animales

Au niveau mondial, passer à un régime alimentaire durable en réduisant la consommation de produits animaux pourrait réduire d’au moins 30 % les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’alimentation, de 46 % la disparition de la faune sauvage et de 20 % les décès prématurés. Les régimes alimentaires durables sont donc une solution gagnante avec de nombreux bénéfices pour la santé, le bien-être des animaux d’élevage et la planète. 

Jeune fille mangeant un hamburger appétissant, défi au mythe des protéines animales

La campagne Eat4Change

A travers le projet Eat4Change, le WWF œuvre en Europe pour sensibiliser et engager 52 millions de citoyens à faire évoluer leur comportement alimentaire. En ce sens, le WWF France a lancé le 21 juin dernier sa campagne StopAuxMeathos pour dire stop aux mythes et préjugés qui poussent à la surconsommation de produits animaux

  • Stopper la conversion des écosystèmes naturels 

Réduire la pression sur les écosystèmes naturels (prairies, forêts, zones humides, etc.) qui sont détruits ou convertis en cultures et zones d’élevage passe par la réduction de la consommation de produits transformés et animaux. L’UE, deuxième plus grand importateur de produits liés à la déforestation tropicale, s’apprête à conclure cette année ses négociations sur le règlement déforestation qui interdira la mise sur le marché européen de produits liés à la destruction des espaces naturels. 

Au sein du mouvement Together4Forests, le WWF appelle les citoyens européens à agir pour une législation à la hauteur des enjeux, en participant à une action d’interpellation des députés avant le vote du Parlement européen prévu en septembre. 

  • Transformer nos modes de production vers l’agroécologie 

L’agriculture intensive, telle qu’elle est pratiquée actuellement dans l’UE et dans certaines autres parties du monde, repose sur un modèle extractif qui érode la base de ressources naturelles dont elle dépend. Il nous faut sortir du modèle des monocultures dopées aux engrais et pesticides et soutenir les pratiques agroécologiques : subventionner l’agroforesterie, réduire l’usage des intrants chimiques, sortir de l’élevage industriel… En développant les pratiques agroécologiques, nous pourrions diviser par deux les émissions du secteur agricole français d’ici 2050. 

"Il est grand temps de se réveiller et de déployer les solutions, chacun à son échelle. A nous d’agir au quotidien ! Aux décideurs de changer de modèle !"

Pierre Cannet, Directeur du plaidoyer au WWF France

A tous ces niveaux, les citoyens peuvent déjà agir au quotidien et il revient aux décideurs de changer de braquet pour engager ces trois transformations.

A partir d’aujourd’hui, Jour du dépassement, l’humanité entre dans le rouge et creuse sa dette écologique. Nous connaissons les causes de ce dépassement, avec une économie dopée aux énergies fossiles et un système agricole et alimentaire industriel polluant. Nous en vivons les conséquences avec des feux de forêts dramatiques, des vagues de chaleur invivables ou des inondations hors norme. Et nous avons des solutions pour faire reculer la date par des régimes alimentaires moins carnés, des modes de productions agro-écologiques et la protection des écosystèmes naturels. Alors si cette journée marque une fois de plus nos esprits, en arrivant si tôt dans l’année, elle doit maintenant engager un passage massif à l’action. Il est grand temps de se réveiller et de déployer les solutions, chacun à son échelle. A nous d’agir au quotidien ! Aux décideurs de changer de modèle !

Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes au WWF France

La forêt amazonienne déforestée en Colombie.

Luttons contre la déforestation

Mobilisons-nous et demandons une loi européenne qui interdise l’importation de produits liés à la déforestation.

Le jour du dépassement depuis 2014

Chaque année, la date du jour du dépassement avance inexorablement.
Agissons pour inverser la tendance !