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29. janvier 2018 — Communiqué de presse

Le parc national de Pirin, haut lieu de la biodiversité en Europe, menacé par l’exploitation incontrôlée

Un nouveau rapport révèle le non-sens économique du plan proposé par le gouvernement bulgare.

Chaîne de montagne du parc national de Pirin

Une biodiversité menacée

Cette exploitation menacerait gravement la faune du parc en détruisant, réduisant et fragmentant les habitats naturels.

Le parc national de Pirin en Bulgarie est menacé par des projets d’exploitation forestière et d’expansion d’infrastructures de ski, alerte un rapport publié aujourd’hui par le WWF. Pirin est un haut lieu de la biodiversité en Europe, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, dont la valeur économique est estimée à 69 millions d’euros, soit l'équivalent du revenu annuel de près de 10 000 ménages bulgares.

Il abrite plus de 1300 espèces végétales, 45 mammifères et plus de 150 espèces d’oiseaux, parmi lesquels des espèces rares et emblématiques, telles que l’ours brun, le loup gris et l’aigle pomarin, ainsi que le pin Baikushev, le plus vieux de Bulgarie. Ce parc représente un important levier de développement socio-économique : ses services écosystémiques sont évalués à environ 25 millions d’euros, auxquels s’ajoutent les bénéfices du tourisme durable et des activités liées au parc, estimées à 44 millions d’euros.

Aujourd'hui, Pirin est à la croisée des chemins. En décembre 2017, quelques semaines avant de prendre la présidence du Conseil européen, le gouvernement bulgare a apporté des modifications au plan actuel de gestion du parc, qui autorise des constructions jusqu’à 48% de sa surface et l'exploitation forestière à l'intérieur du site du patrimoine mondial. Cette exploitation menacerait gravement la faune du parc en détruisant, réduisant et fragmentant les habitats naturels. L'expansion aurait lieu dans certaines zones parmi les plus intactes et les plus précieuses du parc, et comporterait la perte de plus de 3000 hectares de forêt, dont la coupe de vieux pins macédoniens et bosniaques.

Ours brun caché entre les arbres dans le Parc national de Pirin
Chamois caché entre les branches d'arbres dans le Parc national de Pirin

En effet, la station de ski existante Bansko, approuvée par le gouvernement bulgare en 2000, a déjà entraîné des dommages irréversibles pour les écosystèmes du parc.

Le rapport du WWF, «“Slippery Slopes: Protecting Pirin from Unsustainable Ski Expansion and Logging», révèle que l’expansion des infrastructures de ski n’est pas une solution viable, tant sur le plan environnemental que sur le plan économique.

Il propose une feuille de route pour un développement soutenable du parc national de Pirin, basée sur le développement du tourisme durable tout au long de l’année et sur une stratégie de diversification des revenus dans la région. Le rapport présente également des alternatives et des opportunités économiques pour le parc de Pirin en dehors de la saison de ski.

En conséquence, deux zones ont perdu leur statut de site du patrimoine mondial.

Des résultats économiques presque inexistants

De surcroît, alors que le principal argument en faveur de l’expansion des infrastructures de ski est celui du développement économique de la région, l’impact des infrastructures existantes sur l’économie locale est à ce jour très mitigé, comme en témoignent l'augmentation du chômage et la diminution drastique de la valeur des propriétés.

A cela s’ajoute le fait que la station de ski ne maximise pas aujourd’hui le potentiel de ses installations existantes : Bansko pourrait accueillir 3 fois plus de skieurs par rapport à sa capacité, et compte cinq fois plus de lits par skieur. 

"Le développement d’infrastructures de ski a déjà fait des ravages à Pirin. Le gouvernement bulgare ne peut pas l’ignorer et persévérer pour que le domaine skiable soit encore étendu. Il devrait plutôt écouter ses citoyens, qui demandent que le parc national de Pirin soit protégé." Veselina Kavrakova, WWF-Bulgaria Country Head

"Un développement soutenable du parc national de Pirin est possible et réalisable. Plutôt que de poursuivre avec un développement néfaste, le gouvernement bulgare devrait exploiter la valeur naturelle de Pirin pour développer l'économie locale d'une manière qui n'endommage pas irrémédiablement cet incroyable parc national. Nous appelons toutes les parties prenantes à se réunir et à adopter un avenir qui préserve Pirin pour les générations futures. " Marco Lambertini, Directeur général du WWF International

Investir dans des infrastructures de ski qui détruisent les écosystèmes, alors que l’on sait que le changement climatique affectera dans les années à venir les conditions d'enneigement est incompréhensible.

Pour parvenir à une gestion durable du parc national de Pirin, le WWF appelle notamment :

  • Le gouvernement bulgare à protéger le parc et à empêcher toute construction supplémentaire, ainsi qu’à retirer les modifications apportées au plan de gestion ;
  • Le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco à initier la procédure pour inscrire le parc de Pirin dans la liste des sites du patrimoine mondial en danger ;
  • La Commission européenne à renforcer la mise en œuvre de la directive habitat, et à ne pas contribuer au financement des activités qui pourraient endommager ultérieurement Pirin.