Plans de transition climat des entreprises : le WWF France alerte sur le risque de « transition washing »
Dans son nouveau rapport « Plans de Transition Climat : une analyse des premières pratiques sous la CSRD », le WWF France dresse un premier bilan : bien que conformes aux exigences réglementaires, les plans de transition climat des entreprises n’ont encore ni la cohérence ni la crédibilité qui permettraient à l’Union Européenne de tenir ses objectifs de décarbonation. Ce décalage entre les ambitions et leur implémentation, visible dans certains plans de transition pourrait créer un effet de « transition-washing ». Si l’Union européenne ne maintient pas un haut degré d’ambition dans la CSRD les engagements climatiques risquent de demeurer des déclarations d’intention.
Transition climatique : un écart entre conformité et crédibilité
Le WWF montre que les plans de transition climat des dix entreprises du CAC40 évaluées sont conformes aux exigences réglementaires, mais loin d’être crédibles. Ainsi, si les entreprises publient des cibles claires et alignées sur l’Accord de Paris, les leviers de décarbonation identifiés pour atteindre ces objectifs reposent souvent sur des technologies immatures ou des ressources rares sans garantie d’accès ou de faisabilité. Ces conditions dépendent largement de facteurs externes – notamment des politiques publiques et des financements – que les plans n’anticipent pas suffisamment.
De même, si les entreprises ont établi des systèmes de gouvernance de l’action climatique robustes en s’appuyant sur des rôles clairement définis, elles fournissent très peu de données quantitatives sur les ressources dédiées à la transition, et les liens entre les éléments financiers et les leviers de décarbonation restent flous.
Le rapport détaille une série de recommandations à destination de différentes parties prenantes. En priorité, les entreprises doivent renforcer les données quantitatives liées aux financements des plans de transition et aux émissions verrouillées. De leur côté, décideurs publics, régulateurs et institutions financières doivent utiliser les données issues des plans de transition climat pour ajuster les cotations financières, les décisions et outils de financement, et élaborer les politiques publiques pertinentes pour faciliter la transition vers une économie bas carbone. Pour assurer que ces travaux soient menés sur la base de plans crédibles, les auditeurs devront mobiliser les cadres existants pour permettre d’identifier d’éventuelles incohérences et encourager l’amélioration continue des entreprises dans ce domaine.
“Dans ce moment où la Commission européenne promet de la dérégulation à tout crin, les entreprises ont fait le choix de l’attentisme. Résultat : leurs plans de transition cochent les cases mais manquent le coche. Cela revient à transformer la transparence environnementale des entreprises en un exercice encore trop formel, alors qu’elle devrait être pleinement mise au service de la stratégie de transition des entreprises et des politiques publiques qui l’accompagnent”.
À propos du rapport
Ce rapport s’appuie sur l’analyse de 10 plans de transition climat d’entreprises du CAC40, ainsi que sur une revue élargie des cadres réglementaires (ESRS, ATP-Col, ACT) et des benchmarks internationaux. Il propose une méthodologie qualitative pour évaluer la conformité, la cohérence et la crédibilité des plans, et formule des recommandations concrètes pour en améliorer l’impact.
