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05. septembre 2021 — Communiqué de presse

La protection des vieilles forêts et la lutte contre la déforestation au programme du WWF France au sein du congrès UICN

Classée parmi les 10 urgences prioritaires du WWF France pendant le congrès de l'UICN, la protection des forêts doit être au cœur des discussions des prochains jours. Elles abritent plus de 50 % de la biodiversité terrestre et permettent de subvenir aux besoins de 1,6 milliard de personnes. A Marseille, le WWF va suivre de près deux rendez-vous clés qui doivent permettre d’influencer les Etats à prendre des mesures concrètes sur ces sujets. 

Déforestation : plusieurs états européens appellent à une législation ambitieuse et contraignante

Ce matin, à l’occasion de la journée mondiale sur l’Amazonie, la ministre Bérangère Abba, qui assure la présidence du partenariat des déclarations d’Amsterdam, réunissait plusieurs de ses homologues européens pour évoquer le projet de législation contre la déforestation que la Commission européenne présentera en décembre. Tous les pays présents (Belgique, Danemark, Allemagne, Espagne, France) ont appelé à une législation ambitieuse, soulignant notamment la nécessité d’empêcher la déforestation illégale et légale, d’intégrer l’ensemble des écosystèmes naturels (dont les savanes et les prairies) ainsi que les violations contre les droits humains. C’est un excellent signal envoyé à la Commission. Il faut maintenant transformer les paroles en actes et la France aura la responsabilité de concrétiser ces engagements puisqu’elle assurera la présidence de l’Union Européenne au premier semestre 2022.

« Nous demandons la présentation d’une législation européenne ambitieuse d’ici la fin de l’année afin d’empêcher la mise sur le marché européen de produits issus de la déforestation. La balle sera ensuite dans le camp de la France qui présidera l’Union européenne au premier semestre 2022. Le gouvernement a l’occasion d’enfin agir concrètement contre la déforestation et il n’aura plus d’excuses pour ne pas le faire. »
Arnaud Gauffier, Directeur des Programmes du WWF France

forêt ancienne de la réserve naturelle de Yli-Vuoki (Finlande)

Les vieilles forêts jouent un rôle crucial dans le maintien de milliers d'espèces, souvent rares ou menacées.

Sanctuariser les vieilles forêts : une priorité absolue pour protéger la biodiversité

Hier soir des discussions ont eu lieu sur une motion (n°125) visant à renforcer la protection des vieilles forêts en Europe et leur restauration. En effet ces vieilles forêts, aussi appelées « forêts à pleine naturalité », jouent un rôle essentiel dans la conservation de la biodiversité partout dans le monde, en raison de leurs valeurs tant naturelles que culturelles pour l'humanité. Elles représentent à peine 1 à 3% de la surface forestière européenne (leur cartographie est encore un sujet de travaux en cours). Caractérisée par des arbres âgés, une structure de peuplement irrégulière (non monoculturale) et une grande quantité de bois mort, elles jouent un rôle crucial dans le maintien de milliers d'espèces, souvent rares ou menacées. 

A titre d’exemple, une vieille forêt de petite taille comme la Réserve Naturelle de la Massane dans les Pyrénées orientales est le lieu de vie de plus de 8300 espèces. Malgré leur importance, la dégradation de ces vieilles forêts se poursuit en Europe en raison d'activités nuisibles : exploitation illégale et non durable, biomasse énergie, artificialisation des terres, aménagement non durable, etc. Le WWF France appelle donc tous les membres de l’UICN à voter favorablement pour cette motion d’ici la fin du congrès pour enfin, protéger les vieilles forêts européennes haut lieu de biodiversité.
 
« Pour protéger nos forêts anciennes, véritables puits de biodiversité, nous demandons que ces écosystèmes soient  systématiquement cartographiés dans l’ensemble de l'Europe. Cela nous permettra de les identifier et de déployer un système d’alerte pour prévenir de nouvelles menaces. Après l’annonce du Président sur l’extension des aires marines protégées en Méditerranée, nous attendons que le gouvernement en fasse de même pour les aires forestières protégées dont le réseau est aussi lacunaire. Enfin, nous espérons également la mise en place d’outils d’incitation à la protection définitive comme les règles fiscales, le paiement des services écosystémiques ou encore l’achat de terre. »
Yann Laurans, directeur du programme Biodiversité Terrestre au WWF France