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30. août 2021 — Communiqué de presse

Face à la perte alarmante de biodiversité, le WWF France désigne 10 urgences à prendre en compte en priorité

Le Congrès mondial de la nature de l’UICN (Union Internationale pour la conservation de la nature) se tiendra à Marseille du 3 au 11 septembre prochain. A quelques mois seulement de la COP26 puis de la COP15, le Congrès est un espace de dialogue essentiel entre les Etats, les villes, la finance et les entreprises, et doit influencer le cadre des décisions à venir pour la biodiversité. Le WWF France désigne 10 mesures urgentes pour avancer dans la conservation de la nature et propose des solutions à entreprendre pour y parvenir.

10 urgences concrètes pour protéger la biodiversité

Alors que la biodiversité s’effondre à toute vitesse, le WWF a listé 10 priorités pour que cet événement serve la séquence de diplomatie verte et que la France s’applique à domicile à vraiment protéger la biodiversité. Cet effondrement record est lié à une pression croissante des activités humaines sur la  nature par la destruction d’habitats naturels, la surexploitation des ressources naturelles et la pollution

 

« En sa qualité d’hôte du Congrès de l'UICN, la France a un rôle crucial à jouer pour tirer le niveau d’ambition vers le haut. Aujourd’hui, alors que la COVID continue de frapper et que les effets de la crise écologique se multiplient sous nos yeux, nous ne pouvons ignorer qu'enrayer la perte de biodiversité est une urgence absolue pour l’humanité. Pourtant les Etats continuent de soutenir un modèle de consommation et de production qui détruit la nature et aggrave la crise écologique et ses conséquences : surpêche, pratiques agricoles destructrices, pollution plastique record. Le WWF appelle les décideurs à l’occasion du Congrès non seulement à influencer les cadres d’un agenda international ambitieux mais aussi à prendre des mesures immédiates dans chaque pays. Nous appelons Emmanuel Macron à s’engager à sortir des subventions dommageables à la biodiversité avant la fin de sa présidence, à mobiliser des financements à la hauteur des enjeux pour la biodiversité, et à renforcer la protection de tous ses écosystèmes phares. L’heure d’un « reset » général a sonné : la Nature est notre assurance vie, notre filet de sécurité le plus précieux ! » Véronique Andrieux, Directrice générale du WWF France

1. Mettre fin aux subventions publiques dommageables à la nature

Les Etats, dont la France, subventionnent la destruction de la biodiversité, en consacrant des milliards d’aides publiques à des activités qui nuisent aux écosystèmes et aux espèces. Au moins 39 millions d’emplois pourraient être créés si les gouvernements du monde entier décidaient d’affecter à la nature, l’équivalent de ce qu’ils dépensent en un an dans ces subventions. Le WWF appelle le gouvernement à mettre en œuvre cette mesure dès le projet de loi de finances 2022. 

 

2. Accroître le financement de la biodiversité en France et à l'international

 Lors de la 4ème édition du One Planet Summit de janvier dernier, la France s’est engagée à consacrer, dès 2025, 30 % de sa finance climat à des projets qui contribuent dans le même temps à la protection de la biodiversité. Néanmoins, cet objectif n’a toujours pas été concrétisé par des engagements financiers : la France pourra utiliser le Congrès de l’UICN pour rendre public ces engagements.

 

3. Encourager les villes à déployer des solutions fondées sur la nature pour protéger la biodiversité 

Les villes hébergent plus de 55% de la population mondiale, émettent 70 % des émissions de CO2 et concentrent 75 % de la consommation des ressources naturelles. Au vu de leur responsabilité environnementale, elles doivent s’engager pour protéger la nature en ville et ainsi, déployer des solutions susceptibles de réduire leur empreinte écologique. L’UICN doit être l’occasion pour les collectivités locales de conforter les Etats dans leur décision d’adopter à la COP15 un accord mondial sur la biodiversité que tous les acteurs locaux pourront s’approprier.

 

4. Garantir la protection des écosystèmes marins et des espèces marines menacées

La France doit soutenir un accord ambitieux pour lutter contre la pollution plastique dans les océans, renforcer la coopération méditerranéenne pour la protection des herbiers de posidonies, et renoncer à l’exploitation des fonds marins. La France est aussi attendue dans son propre espace maritime pour garantir la protection réelle des espèces qu’elle s’est engagée à protéger, comme les dauphins dans le Golfe de Gascogne et la lutte contre leurs captures accidentelles.

5. Déployer des aires protégées sur l’ensemble du territoire français

 Inscrit dans la loi climat et résilience adoptée en juillet 2021 et contribuant à l’engagement français au sein de la coalition internationale visant la protection de 30 % des terres et 30 % des mers d’ici 2030, l’engagement de la France à placer sous protection forte 10 % du territoire national doit encore être décliné sur la façade méditerranéenne. A ce titre, le Congrès de Marseille constitue pour le gouvernement une échéance qui permettra de préciser la déclinaison opérationnelle, à la fois en Méditerranée et dans les eaux françaises, de cet engagement de protection au cœur des négociations diplomatiques internationales. 

 

6. Obtenir un engagement de la communauté internationale pour lutter contre la pollution plastique

La pollution plastique est un fléau pour la menace qu’elle fait peser sur la biodiversité (notamment marine). Son éradication passe par la refonte de nos modes de consommation et nos modèles de production, et surtout par une meilleure coopération internationale. A cet égard, le Congrès de l’UICN sera une étape clé vers la négociation d’un traité international pour lutter contre la pollution plastique et la France devra y soutenir un traité juridiquement contraignant.

 

7. Reconnaître les liens entre nature et santé pour prévenir de futures pandémies

 La pandémie de Covid-19 interroge depuis bientôt deux ans notre rapport à la nature. Le Congrès de l’UICN permettra de rappeler l’état des connaissances scientifiques sur les liens existants entre la destruction des écosystèmes et l’émergence des pandémies. Les Etats devront s’en emparer dans le cadre des négociations internationales attendues sur la biodiversité (COP15) comme sur la santé (négociation d’un traité sur les pandémies) pour les facteurs de risques de pandémies, tels que la conversion des terres ou le commerce d’espèces sauvages à haut risque.

 

8. Accélérer la lutte contre la déforestation liée à nos importations et au commerce mondial

 
Autre chantier phare pour protéger la nature : parvenir à freiner la destruction de nos écosystèmes (forêts, savanes, prairies, mangroves) qui régulent le climat et concentrent l’essentiel de la biodiversité terrestre. Actuellement, l’UE est le deuxième plus grand importateur mondial de matières premières liées à la déforestation (derrière la Chine) et à l’origine de 16% de la déforestation associée au commerce international. L’occasion pour les Etats européens présents à Marseille de réaffirmer leur ambition d’une législation ambitieuse pour lutter contre la déforestation importée. 

 

9. Accentuer la lutte contre l’orpaillage et la pêche illégales en Guyane

Les luttes contre l’orpaillage et la pêche illégales en Guyane sont deux combats primordiaux qui doivent être traités lors du Congrès. La venue à Marseille d’une délégation de représentants des communautés autochtones de Guyane sera l’occasion de sensibiliser le gouvernement français aux pressions qui pèsent sur la biodiversité terrestre et marine d’outre-mer, et de présenter les solutions éprouvées par le WWF pour y répondre, tels que les dispositifs de lutte contre les captures accidentelles de tortues marines.

 

10. Mobiliser les entreprises pour la biodiversité

 La protection de la biodiversité passe par la pleine participation des acteurs économiques, qui dépendent d’écosystèmes en bonne santé pour prospérer et pâtissent à l’inverse du déclin de la biodiversité. Pour accompagner les entreprises privées comme publiques dans cette voie, le WWF travaille notamment à la mise en place d’outils de mesure du capital naturel pour leur permettre de prendre en compte la contribution des écosystèmes naturels à la création de valeur économique (qui n’apparaît pas, à ce jour, dans la comptabilisation de la richesse). La participation de nombreuses entreprises au Congrès nous permettra de mesurer leur engagement pour la nature, et leur contribution à un cadre mondial ambitieux.