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14. avril 2021 — Communiqué de presse

L’Union européenne, deuxième importateur mondial de déforestation tropicale derrière la Chine et devant les Etats-Unis, selon la dernière étude du WWF

Huile de palme, soja, viande de bœuf… Les importations de l’Union européenne représentent 16% de la déforestation liée au commerce mondial, ce qui en fait le deuxième destructeur mondial de forêts tropicales derrière la Chine et devant les Etats-Unis. C’est le résultat de la nouvelle étude du WWF, qui vient démontrer le rôle joué par l’Union européenne dans la destruction des forêts et des écosystèmes, alors que la Commission européenne s'apprête à présenter une proposition de législation pour lutter contre la déforestation. 

Entre 2005 et 2017, 80% de la déforestation importée associée au commerce international est le fruit des huit plus grandes économies européennes.

En 2017, l’Union européenne est le deuxième plus grand importateur de matières premières liées à la déforestation et à l’origine de 16 % de la déforestation associée au commerce international. Elle se place ainsi après la Chine (24 %) mais devant l'Inde (9 %), les États-Unis (7 %) et le Japon (5 %). Au total, entre 2005 et 2017, les importations de l'Union européenne ont provoqué la déforestation de 3,5 millions d'hectares, soit la superficie de 5 millions de terrains de football. Ces importations ont représenté 1807 millions de tonnes de CO2, ce qui équivaut à 40 % des émissions annuelles globales de l'Union européenne.

Les huits plus grandes économies européennes à cette date sont responsables de 80 % de cette déforestation importée (dans l’ordre de leur contribution : l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la France, la Belgique et la Pologne). La France se classe 6ème dans ce classement. Entre 2005 et 2017, le soja (31% de la déforestation importée de l’UE), l'huile de palme (24%) et la viande de bœuf (10%) étaient les matières premières impliquant la plus grande déforestation tropicale importée par l’Union européenne, suivies des produits dérivés du bois, du cacao et du café. La majeure partie de notre déforestation importée provenait du Brésil (30%), d’Indonésie (22%), d’Argentine (10%) et du Paraguay (8%).

L’Union européenne encourage la conversion dans les fronts de déforestation

Ce nouveau rapport établit des liens clairs entre la consommation de l'Union européenne et plusieurs des fronts de déforestation déjà mis en avant dans un récent rapport du WWF, notamment au Brésil et en Indonésie. Il révèle également que certains des impacts les plus significatifs de la consommation de l'Union européenne concernent des habitats qui n’appartiennent pas à la catégorie des forêts, comme dans certaines parties du Cerrado et du Chaco. Ce constat justifie le besoin que les réglementations ne se concentrent pas uniquement sur la protection des forêts mais prennent en compte l’ensemble des écosystèmes naturels présentant le risque d’être convertis pour produire des matières premières.

Les décideurs publics doivent agir pour mettre un terme à cette situation.

Véronique Andrieux, Directrice Générale du WWF France

« Nous sommes confrontés à des images terribles de l’Amazonie qui perd des milliers d’hectares de forêts ou d'orang outans menacés par la destruction de leurs habitats naturels en Indonésie. Ce nouveau rapport nous met face à notre responsabilité : quand les européens consomment, les forêts se consument. En effet, l’Union européenne détient le triste record de deuxième importateur après la Chine de produits associés à la déforestation tropicale et est responsable de la perte de 3,5 millions d’hectares de forêts entre 2005 et 2017, l’équivalent de la ville de Lyon rasée chaque semaine. Les décideurs publics doivent agir pour mettre un terme à cette situation : la Commission européenne s’apprête à proposer une législation pour lutter contre la déforestation. Pour être efficace, cette loi devra intégrer des mesures contraignantes pour les entreprises visant à garantir que les produits qu’elles mettent sur le marché n’ont pas participé à la destruction des forêts ou à la conversion d’écosystèmes naturels. » Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France

Les engagements volontaires ne suffisent pas, une législation contraignante et ambitieuse doit être adoptée

Les Etats européens s’étaient engagés dans le cadre des objectifs de développement durable à mettre un terme à la déforestation d’ici 2020 : force est de constater que l’objectif n’est toujours pas atteint. De même, de nombreuses initiatives du secteur privé s’étaient fixées cet objectif “zéro déforestation”. Si certaines comme le moratoire sur le soja en Amazonie ont eu d’excellents résultats (baisse spectaculaire de la déforestation liée au soja), grâce notamment à l’engagement de l’ensemble des acteurs de la chaîne d’approvisionnement (traders, industrie, distributeurs), d’autres n’ont pas permis d’atteindre l’effet attendu (dans le Cerrado notamment). Au niveau global, l’étude met en évidence que les engagements sont variables et inégaux selon les matières premières et les régions et ne couvrent pas l’ensemble du marché donc n’ont pas permis d’atteindre les objectifs visés. Pour atteindre nos objectifs, il nous faut donc aller au-delà des engagements volontaires. Seule une législation ambitieuse et contraignante permettra de réellement mettre un terme à la déforestation. 

Déforestation illégale en Amazonie proche du territoire des indigènes Uru-Eu-Wau-Wau

En 2017, l’Union européenne se classe au second rang des plus grands importateurs de matières premières liées à la déforestation.

La France doit agir et porter cette avancée au niveau européen

La France, importateur de soja et d'huile de palme, fait partie des principaux pays de l'UE responsables de l’importation de matières premières liées à la déforestation.

La France est l’un des principaux pays européens responsables de l’importation de matières premières associées à la déforestation, en particulier par ses importations de soja pour l’alimentation animale (plus de 3 millions de tonnes par an) et d’huile de palme pour le diesel. Or, elle s’est engagée, dans sa Stratégie Nationale de Lutte contre la Déforestation Importée (SNDI), à soutenir une politique européenne ambitieuse pour lutter contre la déforestation. Alors qu’elle assurera la Présidence de l’Union européenne au premier semestre 2022, le WWF France appelle le président de la République à faire de l’adoption de cette législation une priorité de son agenda.

Le WWF France, engagé dans la campagne #Together4Forests aux côtés de plus de 160 autres organisations, a identifié huit priorités pour garantir que la législation soit efficace, parmi lesquelles :

  • Les matières premières et produits placés sur le marché de l’UE respectent les critères de durabilité environnementale prévus par la législation de l’Union en plus des lois des pays d’origine
  • La législation ne se limite pas à la déforestation et à la dégradation des forêts naturelles mais intègre la conversion et la dégradation de tous les écosystèmes naturels
  • La législation couvre l’ensemble des matières premières susceptibles d’être liés à la conversion d’écosystèmes et intègre les violations des droits humains
  • La législation introduit un devoir de vigilance pour les entreprises, c'est-à-dire l’obligation de fournir toutes les informations nécessaires pour assurer la traçabilité des matières premières et la transparence des chaînes d'approvisionnement (par exemple, pour la viande : des informations sur l'emplacement des pâturages où le bétail a brouté ou l'origine des aliments utilisés, ou encore des informations sur l'état écologique des zones de production)
Déforestation illégale en Amazonie proche du territoire des indigènes Uru-Eu-Wau-Wau

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