Sauver EDF à travers la transition énergétique: une équation possible
Alors que la présentation de la Programmation pluriannuelle de l’énergie est prévue dans les prochaines semaines, la vraie question sous-jacente qui déterminera les choix du Président de la République et du gouvernement est l’avenir d’EDF.
Pour approfondir le sujet :
Objectif : Climat & ÉnergieIl est temps de mettre fin aux faux débats : la réduction de la part du nucléaire et le sauvetage d’EDF ne sont pas des enjeux opposés sur le plan économique et énergétique.
Dans ce contexte, le WWF France publie une étude inédite qui propose un scénario permettant à la fois à la France d’atteindre ses objectifs climatiques et énergétiques, en réduisant à 50% la part du nucléaire dans le mix électrique d’ici 2030, et à EDF d’assurer son avenir.
Premier producteur d’électricité en Europe, EDF est aujourd’hui lourdement endettée et sa situation financière ne cesse de se dégrader : sa dette nette a atteint 43 milliards d’euros et son free cash-flow est négatif depuis 11 ans. EDF ne génère pas suffisamment de ressources pour rembourser ses dettes et, sans évolution de son modèle, ses résultats ne s’amélioreront pas sur la prochaine décennie.
Si un changement du modèle économique d’EDF est désormais un impératif face à l’ampleur de la crise financière de cette entreprise systémique pour l’économie française, l’étude révèle que la transition énergétique n’est pas contraire aux intérêts économiques d’EDF mais représente une opportunité pour assurer l’avenir du groupe, prisonnier de son modèle historique.
La fermeture des 23 réacteurs et la cession des actifs permettraient une réduction des investissements d’environ 50 milliards d’euros.
L’étude propose ainsi des mesures et leviers pour permettre à EDF de sortir de l’impasse et de financer son engagement vers la transition, dont les principaux axes sont :
- la fermeture de 23 réacteurs d’ici 2030, qui permettrait de sortir de la situation actuelle de surproduction qui plombe les comptes d’EDF ;
- la cession d’actifs du groupe : il est envisageable de générer 15 milliards d’euros de ressources sans remettre en cause l’intégrité d’EDF ;
- la mise en place d’un prix plancher du CO2 à 30 €/t ;
- la hausse ou la suppression du mécanisme de l’ARENH (l’accès régulé à l'électricité nucléaire historique) ;
- une contribution de l’Etat conditionnée à l’engagement total du groupe dans la transition énergétique du pays, qui permettrait de combler l’écart qui restera à franchir afin d’assainir le modèle économique d’EDF.