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14. novembre 2018 — Communiqué de presse

Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée (SNDI) : une ambition exemplaire qu’il reste à décliner

Suite à la publication de la Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée (SNDI) aujourd’hui, le WWF France salue la volonté du gouvernement de se doter de cette feuille de route qui fait de la France le seul pays au monde à avoir une stratégie aussi complète sur le sujet.

Créer une dynamique positive nationale puis internationale sur les enjeux de la déforestation importée

La Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée est sans doute la plus complète au monde sur cet enjeu. Le WWF France attend maintenant que cette ambition soit concrétisée par un plan d’action et des moyens financiers à la hauteur.

Portrait de Pascal Canfin

Le WWF France salue notamment la volonté de la France de porter le sujet de la “déforestation importée” sur la scène européenne et internationale. Cette stratégie lui confère en effet la légitimité nécessaire pour mobiliser les autres pays. Le WWF France regrette que la stratégie ne soit pas accompagnée d’objectifs chiffrés, d’échéances et de moyens financiers spécifiques, et attend maintenant une traduction concrète de l’ambition affichée dans un plan d’actions qui permettra de rendre cette stratégie opérationnelle.

Alors que la France a une vraie responsabilité en matière de déforestation à travers l’importation de produits qui peuvent contribuer à la déforestation à l’autre bout du monde, cette stratégie représente un premier pas important. Le WWF a récemment révélé que la France a potentiellement contribué à déforester 5,1 millions d’hectares, soit environ deux fois la superficie de la Bretagne, au cours des 5 dernières années, à travers ses importations de 7 matières premières (soja, cacao, bœuf & cuir, huile de palme, caoutchouc naturel, bois et pâte à papier).

Le WWF France se réjouit notamment que la stratégie couvre la plupart des matières premières pouvant causer de la déforestation, qu’elle prenne en compte les différentes formes de déforestation et de dégradation des forêts, y compris la conversion d’écosystèmes naturels tels que le Cerrado et qu’elle s’adresse à l’ensemble des acteurs (Etats, entreprises, investisseurs, etc.). Il accueille positivement l’objectif de zéro déforestation importée en 2022 dans les achats de l’Etat ainsi que la volonté d’étudier la création un label “zéro-déforestation” mais demande à ce qu’une échéance soit fixée et que ce processus soit mené à terme dès 2020.

Le WWF France se félicite également que la France veuille porter ce sujet dans les enceintes européennes et internationales en plaidant pour l’adoption d’un plan d’action européen contre la déforestation importée avant la fin de la mandature de la Commission européenne - plan que les ONG demandent depuis longtemps puisque la consommation en Europe est la première cause de déforestation importée dans le monde - et en inscrivant le sujet à l’agenda du G7 Environnement que la France présidera en 2019. 

Ces étapes sont essentielles pour créer une dynamique internationale positive sur les enjeux de la déforestation importée, et donc plus largement sur la biodiversité, en vue de l’accord mondial sur la nature qui doit être adopté en 2020, lors de la conférence mondiale sur la biodiversité à Pékin.

Consulter notre rapport

Vue aérienne des cultures de soja dans le Cerrado

Certains choix de la stratégie devraient être améliorés

La SNDI ne concerne pas, par exemple, les matières premières incorporées dans des produits importés déjà transformés.

Le WWF France regrette certains choix présidant à la stratégie et demande que des améliorations soient apportées dans sa mise en œuvre, notamment :

  • l’objectif fixé par la SNDI de mettre fin à la déforestation importée en 2030, n’est pas cohérente avec les engagements internationaux que la France a signés, notamment les Déclarations d’Amsterdam, qui fixent un objectif de non déforestation en 2020, et non en 2030. Le gouvernement doit donc accélérer dans la mise en œuvre.
  • la SNDI ne concerne pas les matières premières incorporées dans des produits importés déjà transformés (soja issu de la déforestation ayant nourri du poulet lui-même importé en France) alors que le rapport du WWF a montré que ces produits représentaient une part non négligeable de l’empreinte déforestation de la France (ex. l’huile de palme sous forme d’ingrédient dans les produits importés représente près de 30% des importations d’huile de palme de la France).
  • la SNDI ne prévoit pas de campagne de sensibilisation sur la déforestation cachée dans la viande à travers l’alimentation du bétail par du soja importé, alors qu’il est souhaitable, aussi bien en termes nutritionnel pour le consommateur qu’économique pour le producteur, de prôner de consommer “moins mais mieux” de viande.
  • la SNDI ne prévoit pas une réduction suffisante de la demande en matières premières responsables de déforestation, en particulier les agrocarburants de première génération à fort impacts environnementaux. Si une limitation de l’avantage fiscal dont bénéficie les agrocarburants à travers l’exonération de TGAP est bien envisagée dans la stratégie pour cette catégorie d’agrocarburants, cette limitation doit être effectivement mise en œuvre et ce dès le projet de loi de finances 2019 qui arrive au Sénat la semaine prochaine.