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03. mars 2021 — Communiqué de presse

Un nouveau rapport TRAFFIC/WWF révèle le rôle de la France dans le commerce légal et illégal d’espèces sauvages menacées

Dans un nouveau rapport paru à l’occasion de la journée mondiale des espèces sauvages, le WWF et TRAFFIC mettent en lumière le rôle de la France métropolitaine et d’outre-mer dans le commerce d’espèces sauvages inscrites à la CITES. Avec des millions d’espèces transitant chaque année vers et depuis la France, elle est en effet un acteur majeur de l’Union européenne. La France a ainsi une responsabilité pour empêcher la surexploitation des espèces sauvages, notamment en continuant à assurer une mise en œuvre efficace de la CITES et en luttant contre le trafic d’espèces sauvages.

Un acteur clé européen du commerce légal d’espèces sauvages

La France se classe parmi les trois premiers pays importateurs d'espèces sauvages en Europe. Entre 2008 et 2017, plus de 28 millions d'espèces ont été importées.

Au sein de l’Union européenne, la France joue un rôle majeur dans le commerce légal d’espèces sauvages, tant comme marché final que comme zone de transit. Avec plus de 28 millions de spécimens importés entre 2008 et 2017 (principalement des reptiles, coraux, plantes et sangsues), elle est en effet l’un des trois premiers pays importateurs d’espèces sauvages en Europe. 

En tant que premier (ré)exportateur d’espèces CITES de l’Union européenne, la France est un hub du commerce d’espèces sauvages. Elle joue un rôle commercial clé, notamment du fait de l’importance de certaines grandes industries utilisant des espèces sauvages sur son territoire, et par sa position géographique centrale, avec l’un des plus grands aéroports d'Europe, Paris-Charles De Gaulle. 

La France se positionne également comme pays d’origine dans le commerce d’espèces CITES Avec ses 12 territoires d’outre-mer dispersés du subarctique à l’Antarctique, en passant par les zones tropicales des trois grands océans, elle abrite une diversité biologique, une richesse spécifique et un endémisme remarquables. Entre 2008 et 2017, 45 millions de spécimens ont été directement exportés depuis la France ou avaient la France pour pays d’origine. Partie à la CITES depuis 1978, la France, à travers ses multiples rôles de pays importateur, ré(exportateur) et pays d’origine, a donc la responsabilité de veiller à ce que le commerce d’espèces sauvages soit durable, légal et traçable.

Un rôle central dans le commerce illégal et une responsabilité majeure pour le combattre

Malgré son rôle dans le commerce légal, la France est impliquée dans le commerce illégal d’espèces sauvages, avec près de 4000 saisies rapportées entre 2008 et 2017. Durant cette période, plus de 2 millions de spécimens ont été saisis, notamment  des mammifères (vivants et leur corps, parties ou produits), des oiseaux (vivants ainsi que leur corps, parties ou produits), et des reptiles vivants. 
D’après les données disponibles,  le trafic repose en partie sur le transport aérien, puisqu’un quart des saisies réalisées en France métropolitaine ont eu lieu dans les aéroports, et notamment à Paris-Charles de Gaulle.

Un perroquet vert est perché sur une branche.
Un serpent de boue découvert dans la rivière Salween au Myanmar en 2017.

Lors des saisies faites en France entre 2008 et 2017, près de 5000 reptiles et plus de 1000 oiseaux vivants ont été retrouvés.

"Alors que 2021 s’annonce comme une année cruciale pour la biodiversité, le commerce illégal continue de menacer les espèces sauvages. Ce nouveau rapport réalisé par TRAFFIC et le WWF montre qu’en dépit des efforts déjà mis en place, la France joue encore un rôle central dans ce trafic. Ce constat rappelle la responsabilité de la France en matière de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Elle doit être moteur pour obtenir un renouvellement des engagements des Etats membres de l’UE à coopérer et à rehausser leurs ambitions sur ce sujet." Stéphane Ringuet, Responsable du programme Commerce des espèces sauvages au WWF France

"Le commerce illégal et non durable de plantes et d'animaux sauvages contribue à la perte de biodiversité. La France doit faire des efforts supplémentaires pour mettre fin à ce commerce à travers ses frontières : elle peut notamment renforcer la coordination entre les autorités compétentes et l’application des lois sur son territoire. Les citoyens ont également le pouvoir d'agir en orientant leurs choix vers les espèces sauvages/produits d'origine légale et durable." Katalin Kecse-Nagy, Directrice du Programme Europe à TRAFFIC 

Un groupe d'éléphants d'Afrique s’abreuvent dans la réserve de Selous (Tanzanie)

La France est utilisée comme intermédiaire entre l’Afrique et l’Asie dans le commerce illégal d'ivoire. 3847 kg d’ivoire brut ont été saisis en France entre 2009 et 2017.

Des recommandations clés adressées aux autorités françaises et aux acteurs économiques

Afin de garantir la mise en oeuvre de la CITES et de mettre un terme au commerce illégal d’espèces sauvages, le WWF et TRAFFIC préconisent de : 

  • Renforcer la coopération, la coordination et la communication entre tous les organismes en charge de l’application de la CITES en France, mais aussi avec les principaux pays d’exportation et de destination de spécimens d’espèces sauvages issus du commerce illégal ;
  • Garantir l’application de la loi au sein des aéroports français, et en particulier à Paris-Charles de Gaulle, comme le soulignait déjà le rapport Break the chain, publié par le WWF France en avril 2020 ;
  • Former régulièrement le personnel des autorités de gestion, scientifiques et d’application de la loi;
  • Communiquer sur les données relatives au commerce illégal d'espèces sauvages impliquant la France et les actions mises en oeuvre par l’Etat français pour y faire obstacle ;
  • Poursuivre les recherches sur le commerce d’espèces sauvages menacées impliquant la France pour mieux comprendre son ampleur et ses caractéristiques.