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06. novembre 2020

Caucase : le come-back de la panthère de perse

Après plus d’un demi-siècle d’absence, le félin est de retour dans les montagnes du Caucase. Le programme de réintroduction de l’espèce Panthera pardus saxicolor se poursuit. Il y a quelques semaines, c’est un jeune couple élevé dans une réserve qui a retrouvé la liberté!

Un millier d’individus à l’état sauvage

C'est le nombre de panthères de Perse subsistant dans le monde à l'état sauvage.

Aux confins de l’Europe et de l’Asie, abritant plus de 7 000 espèces animales et végétales, le Caucase est la région de tous les superlatifs écologiques. Mais en raison d’un développement économique non soutenable, la nature y est soumise à de nombreuses pressions. Aujourd’hui encore, dans les pays de la zone, il n’y a pas de système de gestion forestière durable et la plupart des centrales et des sites miniers ne satisfont pas aux exigences internationales en matière de protection sociale et environnementale. Les conséquences (déforestation, contamination et érosion des sols, raréfaction et pollution de l'eau) sont lourdes, non seulement pour les habitants pauvres des zones rurales, mais aussi pour la biodiversité de la région.

Jusqu’au milieu du 20eme siècle, avec sa belle couleur orangée tachée d’ocelles sur le dos, les flancs et les épaules, la panthère de Perse, également appelée léopard iranien, y était une espèce très répandue. Mais dans les années 50, la chasse, la destruction des habitats et le déclin de ses proies font baisser drastiquement ses effectifs. Dans le Caucase russe, l’espèce s’éteint totalement. Aujourd’hui, avec des populations de plus en plus fragmentées, la panthère de Perse figure sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN. On estime que moins de 1 000 individus subsistent aujourd’hui à l’état sauvage.

Panthère de perse (Panthera pardus saxicolor) allongée sous un arbre. Photo prise à Nordens Ark, un zoo doté d'un programme d'élevage et de réintroduction d'espèces indigènes et menacées.

Dans les années 50, la chasse, la destruction des habitats et le déclin de ses proies font baisser drastiquement le nombre de panthères de Perse.

Restaurer l’espèce dans son milieu d’origine

C'est le nombre de panthères que nous voulons réintroduire dans la région d'ici 2022.

En 2005, le WWF Russie initie un ambitieux programme de réintroduction de la panthère de Perse dans le Caucase. La première étape consiste à préparer le terrain avant le retour des animaux en rétablissant le nombre d’ongulés, proies principales du léopard, et en renforçant les mesures de protection contre le braconnage.

Deux mâles provenant du Turkmenistan et deux femelles originaires d’Iran sont ensuite transférés au sud-ouest de la Russie, dans le parc de Sotchi, lieu de transition entre leur vie en captivité et leur retour à l’état sauvage. Plus tard, un couple issu du zoo de Lisbonne les rejoint et met bas.

Et en juillet 2016, les premières panthères ayant atteint leur maturité sexuelle et désormais capables de survivre à l’état sauvage sont relâchées dans la nature. Équipés de colliers satellites, Victoria, Akhun et Killi, sont suivis pas à pas dans leur nouvelle vie dans le parc national d’Alanie, en Ossétie du Nord.

Réserve naturelle de Kavkazsky (zapovednik). Montagne Phisht.
Fleurs de rhododendron caucasien (Rhododendron caucasium) avec le mont Elbrouz au loin, Caucase, Russie, juin 2008
Panthère de Perse (Panthera pardus saxicolor)

La région du Caucase abrite plus de 7 000 espèces animales et végétales qu'il nous faut protéger.

Le goût de la liberté

Deux jeunes léopards persans viennent d’être relâchés dans la réserve naturelle du Caucase de l’Ouest, un mâle et une femelle. Kodor et Laba, tout juste âgés de deux ans, ont réussi, haut la main, leur examen de sortie, sésame incontournable pour accéder à la liberté… En effet, les jeunes félins ayant été élevés en captivité, il était indispensable de tester leur aptitude à vivre à l’état sauvage avant de leur laisser prendre la clé des champs. En l'occurrence, c’est leur capacité à chasser, à éviter les humains et le bétail domestique, leur condition physique et leurs compétences sociales qui ont été évaluées. Puis, les experts les ont équipés de colliers GPS afin de pouvoir, une fois les animaux remis en liberté, continuer à suivre leurs mouvements et étudier de manière approfondie leur processus d’adaptation. Les deux félins ont ensuite entamé leur périple vers leur nouveau lieu de vie. Après avoir voyagé en camion dans des caisses de bois, un hélicoptère les a déposés sur les pentes de la montagne Yiatygvarta, leur sweet home désormais.

Dans les prochains jours, deux autres léopards seront relâchés en Ossétie du Nord-Alanie. Le mâle Baksan et la femelle Agura rejoindront Volna qui y vit déjà depuis 2018. Les équipes espèrent qu’un couple pourra se former cette année afin de donner naissance à des petits. Pour gonfler les effectifs mais aussi pour conforter les experts dans leur démarche, la reproduction demeurant le signe le plus probant de l'adaptation de l’espèce à son environnement.

Panthère de Perse (Panthera pardus saxicolor) dans la neige

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