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20. juin 2019

Coup de pouce pour le Dauphin Maui

La Nouvelle Zélande veut mettre un terme aux captures accidentelles de dauphins. Tous les bateaux de la côte ouest de l’île du Nord devront désormais s’équiper de caméras pour détecter la présence des cétacés.

Un demi-dieu sur la sellette

Le nombre de dauphins Māui a brutalement chuté de 90% depuis 1970.

Le dauphin Māui tient son nom d'un demi-dieu polynésien. Avec son aileron dorsal arrondi, sa silhouette est à la fois familière et atypique. C’est le plus petit dauphin au monde, il tient même dans une baignoire. Espèce endémique de Nouvelle Zélande, l’adorable cétacé sillonne les eaux de côte occidentale de l'île du Nord. Mais aujourd’hui, il est bien mal en point. En danger critique d’extinction selon l’UICN, l’espèce compterait à ce jour moins de 60 individus.

S’ils étaient encore près de 2000 à fendre les vagues de la mer de Tasman avant 1970, leur nombre a brutalement chuté de 90%. Pile au moment où les filets maillants et la pêche au chalut ont fait leur apparition. Ce n’est évidemment pas une coïncidence. Pour les scientifiques, 95% des décès non naturels du cétacé sont imputables à la pêche accidentelle. Les dauphins s’enchevêtrent dans les filets et ne parvenant à se libérer, ils se noient. Cela représente environ cinq dauphins tués par an, un taux plus de 75 fois supérieur à ce que leur population peut supporter. D’autant que leur reproduction est particulièrement lente. Une femelle donne naissance à un petit tous les deux à quatre ans…

Dauphin Maui de Nouvelle-Zélande (Cephalorhynchus hectori maui). Ils sont facilement reconnaissables par leur nageoire dorsale ronde.

Moins grand qu'un humain adulte, le dauphin Māui (Cephalorhynchus hectori maui) mesure entre 1,2 à 1,4 m de long et pèse environ 50 kg.

Sauvez Maui !

Via sa campagne The Last 55, le WWF appelle le gouvernement Néo-Zélandais à prendre des mesures pour sauver les derniers dauphins Māui de son territoire.

Dès 2014, le WWF tire le signal d’alarme sur l’extinction programmée du dauphin le plus rare du monde. Via sa campagne The Last 55, il exhorte le gouvernement Néo-Zélandais à prendre des mesures efficaces pour sauver les 55 derniers dauphins Māui de son territoire. Plus concrètement, nous appelons les décideurs à étendre l’interdiction de la pêche au filet et au chalut à l’intégralité du territoire Māui et à travailler avec les communautés locales de pêcheurs pour sauver l’espèce. Nous publions notamment un rapport intitulé « Combler les lacunes de la politique de protection du dauphin le plus rare au monde » à destination du Comité scientifique de la Commission baleinière internationale (CBI).

En réponse à ces actions de plaidoyer, le gouvernement lance en 2016 un plan de protection de l’espèce. Celui-ci intègre notamment l’interdiction du chalutage conventionnel au-delà de 100 mètres à partir de 2022. C’est un début mais cela reste insuffisant, hélas, pour garantir la survie de l’espèce !

Un pas supplémentaire

Désormais, les navires traversant les zones d'habitat du dauphin devront être équipés de caméras pour éviter les collisions et captures accidentelles.

La première Ministre, Jacinda Ardern, et le ministre des Pêches, Stuart Nash, viennent tout juste de l’annoncer : les navires traversant les zones d’habitat du dauphin Māui sur la côte ouest de l’île du Nord devront désormais être équipés de caméras. L’objectif ? Détecter les cétacés qui se trouvent sur leur voie afin d’éviter les collisions mais surtout les captures accidentelles. Moana New Zealand et Te Ohu Kaimoana (Le Maori Fisheries Trust) se réjouissent de cette décision. La première est la plus grande entreprise de pêche appartenant à des Maoris en Nouvelle-Zélande. La seconde est une organisation qui défend les intérêts des Maoris dans le milieu marin, y compris dans les domaines de la pêche commerciale coutumière et de l'aquaculture.

Ces deux structures travaillent constamment à la réduction des prises accessoires car chez les maoris, cela fait bien longtemps qu’on a compris que le dauphin Māui était précieux ! Aujourd’hui, ils ont décidé de miser sur l’innovation pour préserver l’écosystème qui les fait vivre ainsi que les nombreuses espèces qu’il abrite. Depuis 5 ans, ils testent des systèmes de caméra sur leurs chalutiers opérant dans les zones où évoluent les dauphins. Les essais ont pris fin en octobre dernier mais leurs pêcheurs ont souhaité les conserver sur leur bateau, convaincus de leur utilité.

Des caméras sous-marines encore plus perfectionnées sont en train d’être testées, de même qu’un système d’évacuation intuitif permettant aux mammifères marins pris accessoirement dans des filets de se libérer... Ces projets pilotes sont prometteurs mais il faut faire vite car l’espèce est déjà au bord de l’extinction. Au rythme où vont les choses, les générations futures ne verront jamais de dauphin Māui, si ce n’est dans un musée !
 

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