Cyber traque : la forêt contre-attaque
A Madagascar, les rangers sont maintenant équipés de Cyber Trackers pour pister les défricheurs illégaux. Quand la technologie vole au secours du vivant.
Une biodiversité à couper le souffle
C'est le pourcentage de surfaces boisées restantes par rapport à l'origine.
Ses baobabs amoureux avec leurs troncs qui s’entrelacent, ses adorables lémuriens, ses forêts humides aux senteurs d’épices ou encore ses épais fourrés d’épineux évoquant le bush australien... Mosaïque de paysages, l’île de Madagascar abrite une biodiversité exceptionnelle, reconnue mondialement. 80 % des espèces qui y vivent sont endémiques, ce qui signifie qu’elles n’existent nulle part ailleurs !
Malheureusement, il ne reste que 10 % des surfaces boisées originelles, la grande majorité des forêts tropicales riches en espèces, situées à l'Est et au Nord-Ouest de l'île, a disparu. En cause, les incendies allumés pour le défrichage et les pâturages qui s'étendent sur les zones sauvages adjacentes. Mais aussi l’exploitation du charbon et celle, illégale, des feuillus malgaches, l'ébène et le bois de rose, principalement. Ce dernier peut coûter jusqu’à 2 000 dollars la tonne sur les marchés internationaux.
Impliquer les communautés dans la protection de leur île
Depuis 1963, nous œuvrons à Madagascar, un lieu unique sur Terre, pour lutter contre la déforestation et préserver la faune et la flore sauvage de l'île.
Présent depuis plus d’un demi-siècle à Madagascar, le WWF s’efforce de préserver l’exceptionnelle biodiversité du pays, tout en gérant le capital naturel de manière durable au profit de l’environnement mais aussi des communautés locales qui en dépendent pour leur survie. Nous centrons nos efforts sur la lutte contre la déforestation, la préservation des espèces de faune et de flore et la sauvegarde des habitats marins et d’eau douce.
Notre objectif est de concilier conservation de l’environnement et maintien des bénéfices socio-économiques, via une gestion communautaire des ressources naturelles. Nous agissons pour cela en étroite collaboration avec les autorités du pays et les communautés locales. Afin de préserver les biens et les services qu’elles rendent, nous conduisons notamment un vaste projet de préservation et de restauration des mangroves dans la région du Manambolo. Au programme : repérage des zones prioritaires et mise en place d’un système de suivi environnemental participatif au sein duquel les communautés locales jouent un rôle central.
Les membres du WWF Madagascar sensibilisent la population sur la reforestation.
La technologie à la rescousse des forêts
Rien ne peut rivaliser avec le savoir traditionnel. A partir d’une marque à peine visible dans le sable, un pisteur aguerri saura immédiatement reconnaître l’espèce, son sexe, son âge ou encore sa vitesse de déplacement. Mais quand la technologie s’associe à cette connaissance ancestrale, c’est vrai un coup de pouce pour la protection de la nature.
D’où l’idée d’équiper les rangers communautaires d’Amoron’i Onilahy d’un Cyber Tracker. Cette application mobile permet de collecter des données sur le terrain. Elle aide ainsi à rendre compte des pressions exercées sur les forêts ou à partager des informations sur les animaux qui y vivent. L’atout principal de ce mini logiciel ? Il est très facile à utiliser, y compris par des personnes illettrées comme le sont souvent les membres des patrouilles de la région. Les informations sont transmises instantanément aux équipes du WWF et à l’administration forestière.
Depuis 8h du matin, Fahamaro sillonne la forêt épineuse afin de traquer les défricheurs illégaux. Comme 35 autres rangers communautaires du site ramsar d’Amoron’i Onilahy, il a été formé par le WWF pour se familiariser avec ce nouvel outil. Prochaine étape : des unités solaires portables pour assurer l’autonomie de son Cyber Tracker.
