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02. décembre 2021

Décision salutaire pour le requin mako

C’est un immense soulagement. Après des années de négociations, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique vient enfin d’adopter un programme de rétablissement pour les requins taupes bleus menacés d’extinction.

Tous les voyants au rouge

C'est la part de requin taupe ayant chuté dans la mer Méditerranée 

On le surnomme le faucon pèlerin des mers, tant il est rapide. Le requin mako, également appelé requin taupe bleu, peut nager jusqu’à 70 km/heure. Mais ce précieux atout ne l'empêche pas de compter parmi les espèces les plus menacées au monde. Aujourd’hui classé “en danger d’extinction” au niveau mondial, et “en danger critique” en Méditerranée, ses populations ont chuté de 99% dans la grande bleue ! Il est en Annexe II de la CITES et en Annexe II de la convention de Barcelone qui stipule que les requins capturés en Méditerranée doivent être relâchés indemnes. 

La principale cause de son déclin est la pêche accidentelle, soit sa capture involontaire par des pêcheurs qui ciblaient pourtant d’autres espèces. Constituée d’une ligne où sont accrochés des centaines ou milliers d’hameçons, la palangre, très utilisée dans les pêcheries thonières, capture de nombreux requins qui, pour la plupart, sont ensuite « mis au rebut » en étant rejetés à la mer ou laissés sur le sol morts, mourants ou gravement blessés. Comme le requin taupe bleu ne se reproduit pas facilement -les femelles n’atteignent l’âge de la maturité qu’à partir de 21 ans, avant d’avoir une douzaine de petits tous les deux ou trois ans- la plupart des spécimens ne survivent pas assez longtemps pour pouvoir se reproduire et assurer la continuité de l’espèce.

Un requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus) ou requin mako à la surface au lever du soleil près des côtes d'Auckland, Nouvelle-Zélande.

La plupart des requins des océans sont obligés de nager continuellement afin de faire passer l’eau à travers leur gueule et leurs branchies pour pouvoir respirer - ils se noieraient sinon.

Promouvoir une pêche responsable

 Le WWF œuvre en faveur d’une pêche responsable qui limite les captures accidentelles et cherche à obtenir l’interdiction de certains types de filets de pêche et la régulation du commerce des ailerons de requin via le réseau TRAFFIC. 

Le déclin accéléré des requins est moins spectaculaire aux yeux du grand public que celui des éléphants d’Afrique ou des orangs-outangs des jungles d’Asie. Pourtant, ils constituent un élément essentiel des écosystèmes marins et font d’ailleurs l’objet de tractations diplomatiques à grande échelle… moins pour leur conservation que pour le maintien des revenus de la grande pêche. Ainsi, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT dans son acronyme anglophone ou CICTA pour la version française) se réunit régulièrement pour émettre des avis scientifiques en matière de gestion des stocks et fixer des quotas de pêche et autres mesures de régulation.

En octobre 2020, le WWF et 7 autres ONG lancent un appel au gouvernement français, l’exhortant à prendre une position forte, claire et officielle pour la protection des requins makos, espérant ainsi influencer les décisions de l’ICCAT. De manière plus générale, le WWF œuvre en faveur d’une pêche responsable qui limite les captures accidentelles. Nous cherchons à obtenir l’interdiction de certains types de filets de pêche et la régulation du commerce des ailerons de requin via le réseau TRAFFIC. En parallèle, avec les communautés locales, nous développons des projets écotouristiques qui mettent en vedette les requins pélagiques, notamment les requins-baleines, afin de contribuer  à la survie des requins dans leur environnement naturel.

Les requins ne se reproduisent pas aussi vite que les autres poissons : la surpêche et les captures accidentelles ont donc un impact bien plus conséquent sur leurs populations aujourd’hui disséminées.

Une décision historique

La mesure phare du programme : l’interdiction formelle, pendant les deux prochaines années, pour les pêcheries, de conserver à bord, transborder ou commercialiser des requins mako morts ou vivants capturés dans l'Atlantique Nord.

Après plusieurs années de négociations, 52 nations pratiquant la pêche au thon viennent de se mettre d’accord sur un programme complet de restauration du requin mako, offrant une chance à l’espèce de se rétablir.

La décision est intervenue à l'issue de la réunion annuelle de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA,) qui s’est tenue virtuellement, mesures sanitaires oblige, du 15 au 23 novembre dernier. Il s'agit du premier programme de reconstitution d'une espèce de requin jamais adopté par une organisation régionale de gestion des pêches pour le thon. L’une des mesures phares de ce plan de reconstruction est l’interdiction formelle, pendant les deux prochaines années, pour les pêcheries, de conserver à bord, transborder ou commercialiser des requins mako morts ou vivants capturés dans l'Atlantique Nord. En cas de prise de requins vivants, les pêcheurs devront s’appliquer à relâcher les animaux en toute sécurité. Une augmentation du nombre d'observateurs d’environ 10 % a également été décidée afin de vérifier la mise en œuvre de cette nouvelle réglementation.

Nous saluons ce premier pas et sommes convaincus que lorsqu’il sera pleinement mis en œuvre et appliqué, cet ensemble complet de mesures limitera considérablement les captures de mako et des autres espèces de requins. Nous pensons également que ce nouveau programme constitue une belle opportunité pour le secteur de la pêche de s’engager vers plus de transparence.

Tous les Effet Panda

Couple de requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini), Galapagos

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