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17. novembre 2021

Droit au répit pour le dauphin de l’Irrawaddy

Grâce à un dispositif de dissuasion acoustique installé sur les filets de pêche, les captures accidentelles de dauphin ont chuté drastiquement en Indonésie ! Ce projet pilote, initié tout récemment, a d’ores et déjà dépassé les attentes...

Une pression accrue

C'est le nombre estimé de dauphins de rivière restants dans le fleuve du Makakam. 

Au cœur de la province indonésienne de Kalimantan, coule le fleuve Mahakam. Long de 980 km, dont 523 km sont navigables, il prend sa source dans le district de Long Apari, au cœur de la luxuriante et ancienne forêt vierge de Bornéo, où coexistent toujours orangs-outans, rhinocéros et éléphants. Puis il s’étire vers l’est, devant des plantations d’huile de palme, des mines à ciel ouvert et des scieries, avant de former un delta au niveau du détroit de Makassar sur la côte est de l’île. Autrefois, ses eaux regorgeaient de vie. Mais sur les 100 000 hectares de mangrove de ce delta, qui constituaient la plus grande forêt de nypa fruticans au monde, plus de la moitié a été déboisée au profit de l’aquaculture extensive, engendrant un déséquilibre important du milieu.

Depuis, de nombreuses espèces sont menacées. C’est le cas, notamment, de l’emblématique dauphin de l’Irrawaddy, ce drôle de mammifère à l’air rieur, dont la santé est directement liée à celle du fleuve qui l’abrite. Toutefois, son pire ennemi demeure le filet maillant qui pend, tel un rideau de mort, au beau milieu de ses zones de nourrissage, dans lequel il s’emmêle, puis se noie, en quelques minutes à peine. De récentes estimations de population suggèrent qu’il ne reste plus que 80 dauphins dans le Mahakam, cinq à six petits venant au monde chaque année.

Un dauphin d'Irrawaddy (Orcaella brevirostris) sort de l'eau.

Avec environ 80 spécimens, le Cambodge est le pays qui compte la plus grande population de dauphins de l'Irrawaddy dans ses mangroves.

Réduire les prises accessoires

Le WWF participe à des travaux d’amélioration de la sélectivité des engins de pêche et à la promotion de techniques de pêche moins destructrices des écosystèmes marins.

Le WWF participe à des travaux d’amélioration de la sélectivité des engins de pêche et à la promotion de techniques de pêche moins destructrices des écosystèmes marins. Avec nos partenaires (entreprises, institutions et ONGs), nous poussons les États à mettre en place des mesures efficaces pour limiter le “bycatch” (prises accessoires) et sensibilisons les consommateurs aux conséquences de pratiques de pêche non responsables.

Avec le Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins de Guyane, le WWF a, par exemple, travaillé sur la mise en place d’un filet TED (Turtle Excluder Device) sur les chalutiers de crevettes tropicales. Le dispositif TED est composé d’une grille installée dans la partie étroite d’un chalut qui permet de libérer les tortues marines, ainsi que d’autres grandes espèces marines et objets, par une trappe de sortie, tout en retenant les crevettes pêchées. Le WWF encourage les pêcheries de crevettes tropicales à mettre en place ce dispositif et les États à rendre son adoption obligatoire.

Les patrouilles de conservation du WWF sont à la recherche de matériels de pêche illégaux qui menacent les dauphins de l'Irrawaddy.

Un système gagnant-gagnant

Au cours des 25 dernières années, l'enchevêtrement accidentel dans les filets a causé deux tiers des décès de dauphins dans le fleuve du Mahakam. 

Depuis peu, en Indonésie, un projet pilote a été initié dans la rivière Mahakam. Son but : contribuer à la réduction des prises accessoires. Concrètement, en coopération avec les communautés locales, des pingers électroniques ont été attachés aux filets de pêche, soit des répulsifs acoustiques censés éloigner les mammifères. Au cours des 25 dernières années, l'enchevêtrement accidentel dans les filets a causé deux tiers des décès de dauphins dans le fleuve, ainsi que de nombreux autres dans les fleuves Indus, Gange, Irrawaddy et Mékong. Il y avait donc urgence à agir.

Cette technique n’est pas nouvelle, elle a déjà fait ses preuves dans d’autres régions du monde, démontrant son efficacité pour la protection de nombreuses espèces marines de dauphins, de marsouins et de baleines. Mais c’est la première fois que le dispositif est testé de manière approfondie auprès de dauphins de rivière. Et les résultats, dévoilés le 24 octobre dernier, à l’occasion de la Journée mondiale des dauphins de rivière, dépassent les attentes ! Non seulement les répulsifs acoustiques protègent les animaux qui ne se trouvent plus pris au piège dans les filets mais en plus, ils les dissuadent de venir récupérer les poissons capturés par les filets, ce qui, bien entendu, réjouit les pêcheurs. Une étude réalisée auprès de 40 pêcheurs sur une période de 6 mois a révélé que leurs prises avaient augmenté de 40% en moyenne tandis que des poissons plus gros ont été capturés les jours où les pingers étaient actifs. Les filets n’étant pas endommagés par les dauphins, des économies ont également pu être effectuées sur les équipements. Le projet pinger s’avère donc “gagnant-gagnant” puisqu’il profite à la fois aux dauphins de rivière et aux communautés riveraines, qui voient leurs moyens de subsistance s’améliorer.
 

Tous les Effet Panda

Dauphin de Guyane (Sotalia guianensis) observé par l'équipe du WWF Guyane (Guyane Française)

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