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27. février 2020

La loutre revient en Wallonie

Lutra lutra, qui ne s’était pas montrée depuis plus de deux ans sur le sol wallon, vient d’y être aperçue. Le territoire compterait entre cinq et vingt individus. C’est un début !

Symbole des rivières sauvages

En 100 ans, nous sommes passés de 50 000 loutres européennes à 1 500.

Son museau fin, sa tête plate et son corps fuselé lui assurent une excellente pénétration dans l'élément liquide. Les cinq doigts de ses larges pattes reliés par une palmure épaisse lui permettent d'évoluer dans l'eau avec une aussi grande facilité qu'un poisson. Excellente nageuse, la loutre est même le plus aquatique des carnivores sauvages d'Europe.

Au 20e siècle, elle disparaît de nombreuses régions européennes. En compétition avec les pêcheurs qui la trouvent trop gourmande en poissons, elle est intensément chassée et piégée. Son milieu naturel se fait de moins en moins accueillant. De nombreuses zones humides disparaissent, les berges sont de plus en plus bétonnées et les rivières de plus en plus polluées par le mercure et les PCB. La destruction et la pollution de son habitat précipitent également son déclin. Enfin, dans de nombreuses régions, la loutre ne trouve plus assez de nourriture car les poissons se font rares. Estimés à 50 000 il y a un siècle, ses effectifs sont tombés à moins de 1 500 dans les années 1980.

Depuis 1981 l’espèce est protégée en France. En Belgique il faut attendre 1983.

Loutre européenne (lutra lutra) nageant, la tête hors de l'eau.

Il est très important pour la loutre que l'eau ne soit pas polluée notamment car elle s'y reproduit.

Restaurer son habitat

Lorsque nous protégeons une zone naturelle, nous préservons en même temps les plantes et animaux qui y vivent afin qu'ils aient un habitat sûr.

Début 2018, le WWF Belgique lance le projet loutre. Il vise à favoriser l’installation durable de cette espèce dans le plat pays. Nous menons donc des actions pour améliorer son milieu naturel, actuellement très dégradé. En raison de l’urbanisation galopante, les habitats propices à la loutre sont, par ailleurs, de plus en plus isolés les uns des autres. En créant un réseau écologique, nous nous efforçons de reconnecter les îlots de nature pour permettre aux espèces de se déplacer d’une zone à l’autre et d’augmenter ainsi les chances de survie de leur population. Lorsque nous protégeons une zone naturelle, nous préservons en même temps les plantes et animaux qui y vivent et nous veillons à ce qu’ils disposent toujours d’un habitat sûr.

Nous focalisons notre travail sur trois régions : l’Escaut, où la loutre a été observée ces dernières années, la vallée de la Meuse dans le Limbourg qui est une zone clé pour reconnecter les habitats propices de la Wallonie avec ceux des Pays-Bas et de la Flandre et enfin la Semois, où l’habitat est moins dégradé, mais nécessite néanmoins des actions de protection et de restauration.

Loutre d'Europe (Lutra lutra), Parc national de Bialowieza, Pologne
Loutre européenne (lutra lutra) en dehors de l'eau reniflant la surface de l'eau.
Rivière Sumar, habitat des loutres européennes (lutra lutra) (Turkmenistan), végétation sauvage et collines.

Concernant son habitat, la loutre est très exigeante : sa présence est donc signe d'une nature qui a regénéré.

La loutre est revenue

L’animal a été immortalisé par un appareil photo automatique que nos équipes scientifiques avait installé au bord de l’Ourthe, affluent de la Meuse, dans la région de Saint-Ode (province de Luxembourg). Petites oreilles dissimulées dans une fourrure soyeuse, fin museau, queue large à la base et s’effilant à l’extremité, pas de doute, c’est bien une loutre dont l’image a été capturée mi février !

Le petit mammifère ne s’était pas montré depuis plus de deux ans. On estime que l’espèce, qui a déjà fait son retour en Flandre et aux Pays-Bas, compterait de cinq à vingt individus en Wallonie. Cette reconquête spontanée du territoire est encourageante car, en matière d’habitat, le mustélidé a la réputation d’être très exigeant. Sa présence prouve que la nature s’est régénérée, que la qualité de l’eau s’est améliorée, en bref, que la zone est suffisamment vaste et saine pour que l’animal puisse s’y établir. De fait, son retour annonce aussi celui d’autres espèces. En effet, la loutre est une espèce parapluie dont les besoins, appelés niches écologiques, incluent ceux de nombreuses autres espèces.

En la protégeant, on préserve toute la vie sauvage qui partage son habitat ou interagit avec elle. Grand prédateur, lutra lutra raffole des crevettes et des crabes de rivière et joue donc un rôle fondamental dans l’écosystème, par exemple en purgeant les rivières des crabes exotiques qui pullulent depuis des années dans nos régions. Aujourd’hui, la loutre est porteuse d’un message d’espoir pour la biodiversité. Il dit qu’une espèce condamnée peut revenir si on maîtrise les pollutions et si on la protège…

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